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Et si Paul Watson avait organisé une opération kamikaze pour mieux faire entendre son combat afin de sauver les baleines ?

Et si Paul Watson avait organisé une opération kamikaze

pour mieux faire entendre son combat afin d sauver les baleines ?

 

En tant qu’écrivain, je m’efforce de ne jamais subir l’information de façon frontale. Je me pose toujours de multiples questions pour mieux la comprendre et l’analyser. Je la regarde aussi sous plusieurs angles, et souvent sous l’angle du : « Et si… ? » 

 

Donc, aujourd’hui, je me pose la question à savoir : et si Paul Watson, incarcéré au Groenland depuis le 21 juillet 2024, avait organisé une opération extrêmement risquée, en mettant sa vie et sa liberté en danger, pour arriver enfin à sensibiliser le monde entier au drame que représente le massacre des baleines par le Japon, la Norvège et l’Islande, trois pays hors-la-loi qui refusent d’accepter le moratoire international promulgué en 1986 par la Commission Baleinière qui interdit la chasse à la baleine ? 

 

Depuis plus de quarante ans, Paul Watson se bat contre ces massacres sans qu’aucune ligne de force n’ait vraiment bougé. Certes, il a réussi à sauver 5000 baleines, mais combien d’entre elles continuent de mourir tous les ans sous les harpons électroniques des baleiniers ? Leur nombre aurait chuté de 5 à 6 millions répertoriés dans les années 50, à seulement 1,5 million aujourd’hui.

 

J’ai du mal à imaginer que Paul se soit fait prendre et arrêter comme un bleu. Trop d’éléments me portent à croire qu’il s’est mis exprès en situation de danger afin que sa parole et son combat touchent enfin le monde entier. Et c’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé. Si tel était son but, il a gagné. Paul a gagné. En effet, le nom de Paul Watson, jusque là connu uniquement des quelques amoureux et défenseurs de la mer, résonne dorénavant dans tous les pays, des photos de baleines et des slogans #freepaulwatson inondent les réseaux sociaux, des chanteurs composent des hymnes en son honneur, des pétitions demandant sa libération sont signées. Bref, Paul Watson que j’ai connu lorsqu’il était mon voisin en 2016 avec son épouse Yana dans le Golfe de Saint-Tropez, est en passe de devenir un héros, une légende. Son combat pour sauver les baleines est enfin entendu. Bravo Paul ! Bravo et merci ! Bravo à ton courage. Bravo à ton opiniâtreté ! Mille bravos  !!!

 

Pour en revenir à mon questionnement, plusieurs éléments me font me penser que Paul a pris exprès le risque de se jeter dans la gueule du loup pour se faire entendre, pour organiser la plus grande opération de communication qui soit. Déjà, il faut savoir que Paul Watson est intelligent, très intelligent. Il est également un excellent communicant. Étudiant, il a suivi des cours de communication au cours desquels il a appris que pour sensibiliser les gens, il fallait produire de l’information chaude, à savoir montrer des images. À contrario, l’information froide est celle fournie par la presse écrite, les gens lisent, mais ne s’identifient pas. Paul s’est donc fait filmer dans tous ses combats. Pour montrer des images qui sensibilisent, mais aussi pour se protéger en apportant des preuves comme quoi, il n’a jamais blessé personne.

 

Depuis que Paul est incarcéré au Groenland, dans les rares interviews et interventions qu’il a pu accorder, il répète régulièrement qu’il est en opération pour sauver les baleines. En expert de la communication, si Paul répète ce mot opération, ce n’est pas anodin, c’est qu’il y a une raison. Il utilise ce mot lorsqu’il prépare et organise une opération en mer avec sa flotte et son équipe. S’il est en opération, comme il aime à le dire, c’est qu’il y a eu, au préalable, une préparation et une organisation.

 

Paul a toujours dit qu’il était capable de donner sa vie pour sauver une baleine. C’est peut-être ce qu’il fait aujourd’hui ? À 73 ans, il a peut-être décidé de jouer le tout pour le tout ?

 

Fin septembre, à ma grande stupéfaction, j’ai appris que Paul Watson avait demandé à l’un de ses mécènes de racheter, il y a un an, un baleinier japonais qui allait être remplacé. Ce sont d’excellents navires capables d’aller sur toutes les mers, que les Japonais changent environ tous les 20 ans. Le mécène a donc fait acheter ce baleinier par un ami afin que le nom de Paul Watson n’interfère pas. Jusque-là, tout va bien. Mais lorsqu’il y a eu la passation de propriétaire, ce qui est un moment extrêmement protocolaire, et ce dans les marines du monde entier, avec tout l’équipage en uniforme, avec l’ancien capitaine qui donne le Handover, c’est à dire la passation des documents techniques et des codes des coffres-forts, au nouveau capitaine, avec la musique de l’hymne national du Japon qui se joue pendant la descente du drapeau, suivi de l’hymne national des États-Unis pendant la levée du nouveau drapeau. Sauf que, hic, ce n’est pas le drapeau américain qui aurait été levé, mais le drapeau de la Foundation Captain Paul Watson (que Paul a créée il y a deux ans lorsqu’il s’est fait évincer de Sea Shepherd Global, l’ONG qu’il a fondée, il y a quarante ans). Par ce pied de nez humiliant, Paul a donc ouvertement fait une déclaration de guerre au Japon. D’ailleurs, le Japon n’a pas tardé à riposter, depuis quelques mois, un nouveau mandat Interpol était lancé contre Watson qui était au courant.

 

C’est ainsi qu’à l’instar du toréador qui agite sa cape rouge pour exciter le taureau et susciter les applaudissements du public, Paul a excité le Japon. Tel un guerrier qui part sabre au clair, il est ensuite allé affronter son pire ennemi sur le champ de bataille. À savoir les mers du Nord et l’Océan Arctique où le baleinier avait prévu de se rendre pour tuer 200 baleines. Sachant qu’il y avait, depuis peu, un mandat international contre lui qui avait refait surface, Paul n’était pas obligé de s’embarquer sur son nouveau navire, l’ancien baleinier japonais, baptisé John Paul DeJoria, du nom de l’un de ses fidèles donateurs. Il pouvait, ainsi qu’il l’a fait plusieurs fois, laisser son équipage et gérer le combat depuis Paris devant son ordinateur et ses appareils de navigation à distance. 

 

Une fois en mer, lorsqu’il a fallu faire le plein en fuel à Nuuk, Paul, connaissant le danger d’aller à terre, pouvait rester loin sur une annexe, hors des eaux territoriales du Danemark, avec quelques membres d’équipage, et attendre en sécurité que le ravitaillement soit effectué. Non, il y est allé. Il s’est rendu à Nuuk, certainement le ventre noué, mais il s’y est rendu en héros, en héros qui n’a pas peur, en héros qui risque sa vie pour sauver les baleines. 

 

Aujourd’hui, grâce au courage et à la témérité de Paul Watson, de nombreuses personnes connaissent enfin l’importance du rôle essentiel que joue la baleine pour notre survie. En effet, ce magnifique et émouvant mammifère marin capte énormément de carbone qu’il accumule. Quand la baleine meurt de mort naturelle, elle entraîne au fond des océans tout ce CO2 qui participe aux écosystèmes des grands fonds marins. D’autre part, ses excréments, remplis d’azote, de fer, de phosphore, nourrissent le phytoplancton qui, à son tour, nourrit le zooplancton qui produit 40% de l’oxygène de notre atmosphère tout en absorbant environ 40% de la production totale de CO2, encore plus que 1700 milliards d’arbres.

 

Pour que Paul Watson n’ait pas fait tout son combat pour rien, il est important de savoir que les baleines sont, certes, victimes de ces baleiniers hors la loi qui les tuent, mais qu’elles meurent aussi, et en très grande quantité, environ 20000 par an, à cause des collisions qu’elles subissent contre les navires marchands, de transports, militaires, les cargos, les bateaux-citernes, les paquebots de croisières, dont le nombre s’est multiplié de façon alarmante. À tel point que certains pays demandent à réguler la vitesse de ces navires. Une autre solution serait d’armer les bateaux de répulsifs à ondes qui préviendraient les baleines de leur arrivée afin de les faire fuir. La future course de voiliers Le Vendée Globes demande d’ailleurs cette année à ses participants d’utiliser ces radars.

 

Un autre problème concernant ces pauvres baleines dont nous avons grandement besoin est que les fonds marins sont devenus extrêmement bruyants d’autant que les bruits sous l’eau se déplacent cinq fois plus rapidement que dans l’air et sur des distances de plusieurs milliers de kilomètres. Entre les forages pour l’industrie pétrolière, le bruit des bateaux, les expériences acoustiques militaires, les cétacés qui communiquent entre eux par des sons très précis, sont désorientés. Affolés, perdus, ainsi que l’explique Greenpeace qui milite pour la création de sanctuaires afin de protéger les baleines, il arrive que ces grands cétacés remontent tellement vite à la surface pour fuir ces bruits qui les effrayent, les stressent et les déboussolent, que cela fait éclater leurs vaisseaux sanguins, ou qu’ils meurent d’une intoxication à l’azote comme le plongeur qui n’aurait pas effectué ses paliers. 

 

Mon cher Paul Watson, encore une fois, bravo et merci pour toutes tes actions héroïques. Je te souhaite de pouvoir retrouver très bientôt ton épouse Yana qui t’attend à Paris auprès de vos deux jeunes garçons. 

 

Sylvie Bourgeois Harel

Interview BFM TV lors de la mobilisation à Paris pour Paul Watson organisée par la Fondation Brigitte Bardot

Interview BFM TV lors de la mobilisation à Paris pour Paul Watson organisée par la Fondation Brigitte Bardot

Sylvie Bourgeois Harel Interview BFM TV Paris

Sylvie Bourgeois Harel Interview BFM TV Paris

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Paul Watson, Patrice de Colmont, Sylvie Bourgeois Harel au Club 55 à Ramatuelle, dans le Golfe de SAint-Tropez

Paul Watson, Patrice de Colmont, Sylvie Bourgeois Harel au Club 55 à Ramatuelle, dans le Golfe de SAint-Tropez

Je suis bouleversée d’apprendre que mon ami, le capitaine Paul Watson, le seul défenseur des baleines, a été arrêté ce dimanche 21 juillet 2024, au Groenland par les autorités danoises sur la base de la notice rouge d’Interpol, mise en place en 2013, suite au mandat d’arrêt du Japon, a annoncé Sea Shepherd France, alors qu’avec son bateau, le John Paul de Joria, et son équipe, ils faisaient escale à la capitale Nuuk afin de se ravitailler en carburant.

 

La mission de l’expédition de Paul Watson était d’intercepter le nouveau et immense baleinier japonais, le Kangei Maru, de cent mètres de long, qui avait quitté le Japon en mai 2024, dans le but de tuer 200 baleines par an en Antarctique.

 

J’ai connu Paul Watson et son épouse Yana, maman de leurs deux jeunes garçons, dont l’aîné est déjà un talentueux joueur d’échecs, en 2016, lorsque j’ai commencé à travailler à mi-temps au château de La Mole, dans le Var, pour mon vieux copain Patrice de Colmont, propriétaire avec sa soeur Véronique du Club 55, un restaurant sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle, qui a hébergé Paul et sa femme dans la maison à côté du château où j’habitais lorsque je venais dans la Sud. 

 

Paul est un homme que je trouve formidable, intègre, courageux, qui ne fait aucun compromis. Son combat me paraît exemplaire et essentiel. En effet, outre le côté triste, dramatique, émotionnel, à pleurer, que les baleines soient tuées avec des harpons explosifs, ne leur laissant aucune chance de s’échapper, Paul m’a appris que la baleine contribue à notre survie pour deux raisons. Leurs matières fécales, qu’elles déversent en grand nombre, vu leur taille, contiennent de l’azote, du fer et du phosphore, nécessaires au développement du phytoplancton. Ces créatures microscopiques produisent au moins 50% de l’oxygène de notre atmosphère tout en absorbant environ 40% de la production totale de CO2, soit l’équivalent de 1700 milliards d’arbres (4 forêts amazoniennes… ). Plus il y a de phytoplancton, plus il y a de captage de CO2. Plus il y a de baleines, plus il y a de phytoplancton qu’elles nourrissent et aident à se reproduire sur les mers et océans du monde entier lors de leurs migrations. 

 

Mais ce n’est pas tout. Grâce à sa taille énorme, la baleine capte énormément de carbone dans l’atmosphère et le stocke. Plus elle vit longtemps, plus elle en accumule. Et quand elle meurt de mort naturelle, elle entraîne dans sa carcasse tout le carbone qu’elle a capté, au fond des océans où celui-ci s’intègre aux sédiments marins et participe aux écosystèmes des grands fonds. Et c’est toujours ça de moins dans l’atmosphère.

 

Paul m’a expliqué que son combat gênait évidement le Japon où il était accusé d’éco-terrorisme, le royaume du Danemark où il se battait contre le massacre annuel de 500 dauphins aux îles Féroé, les baleiniers, mais aussi les industries mondiales liées à la pêche intensive qu’il combat également. Car Paul est un vrai combattant, un pirate comme il aime à se définir, qui s’interpose vraiment physiquement, avec ses équipes, entre les baleines et les harpons des  baleiniers, au risque de leur vie. Ce qui suscite mon admiration et mon respect.

 

Paul, après avoir été contraint de démissionner de Sea Shepherd Global, l’ONG qu’il avait créée il ya plus de quarante ans, qui s’était fait noyauter par des financiers contre lesquels il se battait, a créé, il y a deux ans, la Fondation Paul Watson afin de pouvoir poursuivre son combat sur la mer pour sauver les baleines dont le nombre a diminué de façon alarmante et dramatique, de pratiquement 3/4, passant de 4 à 5 millions auparavant à 1,3 million aujourd’hui. 

 

Si comme moi, vous aimez la mer, les baleines, les dauphins, les poissons, et que vous désirez soutenir le combat essentiel de Paul Watson et l’aider à payer les frais de justice, vous pouvez envoyer vos dons à : paulwatsonfoundation.org/donate

 

Sylvie Bourgeois Harel

 

Voici le lien pour regarder la vidéo de ma petite Marcelline l’aubergine qui interviewe Lamya Essemlali, alors présidente de Sea Shepherd France :

https://youtu.be/f2CczMVmjuo?feature=shared

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Pierre Rabhi rencontre l'écrivain

Sylvie Bourgeois Harel

au Club 55 à Ramatuelle

 

En septembre 2015, je suis invitée pour être coéquipière sur un bateau exclusivement féminin afin de participer aux Voiles de Saint-Tropez. Une semaine avant, j’annule ma présence à bord, ça m’ennuie de ne régater qu’avec des femmes, je préfère la mixité d’autant que lorsque je me trouve au sein d’un groupe d’hommes et de femmes, je sais que je rencontrerai toujours un homme que je vais faire rire, j’adore faire rire, et qui sera ravi, le temps de la rencontre, d’être mon chevalier servant. En tout bien tout honneur !

Bien m’en a pris car cette invitation m’a motivée à retourner à Saint-Tropez où je ne venais plus depuis des années, j’ai passé une semaine formidable au cours de laquelle j’ai rencontré un homme passionnant, Pierre Rabhi, devenu mon ami.

L’histoire est suffisamment mignonne pour que j’aie envie de la raconter. Nous sommes le 1er octobre. Je suis sur la plage de Pampelonne à regarder les vagues. Mon frère aîné m’attend pour déjeuner au Club 55. Il y a du vent. Je ne suis pas pressée. Le mistral apporte un bleu fascinant. Je suis subjuguée par toute cette beauté de la lumière du Sud dont je ne me lasse pas.

Un peu plus loin, à une cinquantaine de mètres, une dizaine de personnes, en chemise et pantalon, se rassemblent devant des photographes. Soudain, un petit bonhomme, en manteau bleu marine avec une sacoche, quitte le groupe et s’avance vers moi. Je le reconnais, il s’agit de Pierre Rabhi, un paysan devenu écrivain et conférencier qui raconte avec sagesse et philosophie comment, depuis 50 ans, il cultive son potager sans pesticides, ni produits chimiques.

Mon vieil ami restaurateur ramatuellois, Patrice de Colmont, lui a organisé ainsi qu’à Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd, un grand déjeuner en leur honneur. La veille, il m’avait dit qu’il était embêté car il ne savait pas à côté de qui asseoir Pierre Rabhi.

— Tu vois, m’avait-il confié, il faut que je lui trouve la bonne personne qui sera importante pour lui avec qui il pourra bien échanger d’autant que son entourage n’aime pas quand je lui fais faire des mondanités.

L’année précédente, il lui avait présenté Leonardo DiCaprio qui avait invité Pierre sur son yacht au large de Ramatuelle pour un entretien d’une heure avec la promesse qu’il fera tout pour que ses livres soient publiés et médiatisés aux Etats-Unis.

— Tu n’as qu’à me le présenter ton Pierre Rabhi, je lui réponds, je m’occuperai de lui, au moins, avec moi, il rira.
— Non, non, me dit mon vieux pote, c’est trop compliqué.

Je lève les yeux au ciel, j’adore Patrice, mais je déteste que l’on me dise non. C’est pour cela d’ailleurs que je ne demande jamais rien ou alors que très rarement afin de ne pas souffrir du non. Quoique, avec le recul, je me dis que je devrais peut-être demander plus souvent, ainsi, je pourrais toujours avoir la bonne surprise du oui et le non me motive à gagner.

En effet, je ne sais pas ce qu’il s’est passé alors à cet instant précis dans ma tête, mais je décide que le lendemain, Pierre Rabhi ne soit s’occuper que de moi, qu’il doit être mon chevalier servant.

Et hop, ça a marché, merci l’univers de me protéger et d’être aussi gentil avec moi. Arrivé à ma hauteur, Pierre me prend la main qu’il embrasse délicatement et me demande qui je suis. Je lui réponds que je m’appelle Sylvie et que je me suis habillée en vert prairie pour lui rendre hommage. Nous discutons pendant quelques minutes au bord de l’eau, j’ai lu ses livres, je connais son implication pour le respect de la terre. Au bout d’un moment, voyant son groupe lui faire des grands signes, je lui dis au-revoir.

— Ne pars pas Sylvie, viens faire la photo avec nous.
— Non, parfois, je suis sur la photo, mais là, il n’y aucune raison.
— Alors, viens déjeuner avec moi.
— J’ai déjà un déjeuner, Pierre, mais promis, je fais vite et je te rejoins.

Trois quarts d’heure plus tard, je le rejoins à sa grande table d’honneur où il m’a gardé la place à ses côtés, personne n’a le droit de s’y asseoir. Nous avons parlé toute l’après-midi jusqu’à son départ. Nous sommes devenus amis à nous téléphoner régulièrement, à nous voir au moins deux fois par an. Hélas, Pierre est décédé le 4 décembre 2021.

C’est ce 1er octobre 2015 qu’il m’a appris que 75% des semences reproductibles avaient disparu du patrimoine mondial.

Cette phrase m’a choquée au point que deux ans plus tard, j’ai créé ma chaîne YouTube Marcelline l’aubergine. C'est comme pour mes romans, avant d'aborder un sujet, il faut que celui-ci m'ait choquée, qu'il m'ait fait rire ou mal, attristée ou fascinée, mais qu'il ait, d'une manière ou d'une autre, flirté avec moi, je ne peux pas écrire sur ce que je ne connais pas.

Puis Marcelline est devenue la présidente de mon association Avec Sylvie on sème pour la vie, destinée à préserver les semences reproductibles.

 

Sylvie Bourgeois Harel

Sylvie Bourgeois Harel - Pierre Rabhi - Photo de Geneviève Frachon

Sylvie Bourgeois Harel - Pierre Rabhi - Photo de Geneviève Frachon

Pierre Rabhi - Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Lablachère

Pierre Rabhi - Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Lablachère

Pierre Rabhi - Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine

Pierre Rabhi - Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine

Château de La Mole - Fonds de Dotation Pierre Rabhi

Château de La Mole - Fonds de Dotation Pierre Rabhi

Château de La Mole - Fonds de Dotation Pierre Rabhi

Château de La Mole - Fonds de Dotation Pierre Rabhi

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Patrice de Colmont - Sylvie bourgeois Harel - Le Club 55 - Ramatuelle - Plage de Pampelonne

Patrice de Colmont - Sylvie bourgeois Harel - Le Club 55 - Ramatuelle - Plage de Pampelonne

Mon ami Patrice de Colmont

Saint-Tropez

En septembre 2015, je décide de revenir plus souvent seule à Saint-Tropez dont je suis tombée amoureuse à 20 ans lorsque j'ai travaillé durant le mois d'août au Planteur, une plage de Pampelonne à Ramatuelle. Je prends une chambre pour une semaine à l'hôtel du Colombier, je ne loue pas de voiture, j'ai envie de vivre le village de l'intérieur, de tout faire à pied, je vais d'ailleurs me baigner pieds nus à la Ponche, c'est un véritable bonheur, la lumière, les odeurs, les couleurs, tout me ravit et me séduit.

Patrice de Colmont

Au moment de rentrer à Paris, mon vieil ami Patrice de Colmont que j'ai connu en 1984, ravi de m'avoir retrouvée, il était très fier que je sois devenue écrivain et affichait tous les ans au Club 55 les affiches de mes romans, personne n'a le droit d'y toucher, m'avait dit un jour sa soeur, me propose de rester une semaine dans le château qu'il vient d'acheter à La Mole. J'accepte. Je passe des jours délicieux où je ris beaucoup de voir comment mon ancien amoureux passionné et romantique est devenu un homme d'affaires qui ne fait que travailler au lieu de profiter de la nature qu'il dit aimer. Il m'avoue qu'il est prisonnier, pieds et mains liés, de son activité professionnelle et qu'il en souffre. Je ne pensais pas que tu étais devenu aussi riche, je lui dis en éclatant de rire devant sa mine déconfite d'homme puissant dans la région que tout le monde craint, pour moi, tu resteras toujours mon beau et tendre Patrice qui m'embrassait pendant des heures lorsque nous nous sommes rencontrés.

Ma liberté l'épate et l'amuse, le distrait certainement aussi. Alors je lui raconte mille projets que nous pourrions réaliser ensemble, aller nourrir les enfants qui meurent de faim, créer un sanctuaire pour protéger les loups, planter un potager médicinal... des projets qui le séduisent autant qu'ils l'effraient...

La lumière du Sud

De son côté, Saint-Tropez n'arrête de me solliciter afin que je revienne régulièrement, comme un appel de la lumière du Sud qui veut m'attirer à elle, la chaîne de web télé locale, Global TV, me demande de leur faire des interviews, l'hôtel de Paris m'offre une suite afin que je fasse une lecture d'extraits de mes romans en plein mois de novembre alors que le village est vide, n'empêche, la salle est remplie, le Café des Arts m'organise également une soirée littéraire, idem avec plein de monde, tout cela est très joyeux.

Le château de La Mole

Patrice qui désire me garder vers lui propose de m'embaucher dans sa propriété agroécologique dans laquelle il me met à disposition dans son charmant château provençal une jolie chambre ainsi qu'une voiture électrique. J'accepte à condition que ce soit à mi-temps, je n'ai aucune envie de quitter Paris où je vis avec mon mari, entourée de tous mes amis.

Mes amis les animaux

Immédiatement, je deviens copine avec tous les vers de terre, oiseaux, renards, chevaux, abeilles qui vivent sur le terrain, j'ai même une couleuvre Lily qui aime se dorer au soleil sous ma fenêtre et un lièvre Lolo qui me fait coucou tous les matins avec ses grandes oreilles qui dépassent dans les herbes. J'ai toujours aimé la nature et là, je me régale. Mes nouveaux amis, que des animaux, me le rendent bien. C'est ainsi que le jour anniversaire de la mort de ma maman alors que je suis en train de pleurer sur mon lit, un couple de rolliers, de magnifiques oiseaux bleus migrateurs, est entré dans ma chambre et a fait deux tours au-dessus de mes yeux en larmes avant de m'observer depuis le platane centenaire. Je ne saurai jamais s'ils voulaient me consoler ou si c'était un message de ma mère qui me disait de retrouver ma gaieté, quoiqu'il en soit, j'ai pris ma petite voiture bleue et je suis allée nager avec mes amis poissons dans la mer en pensant avec joie et gratitude à ma mère, l'amour de ma vie. Puis un petit chat m'a adopté qui est tombé du ciel un matin sur mes pieds qu'il a immédiatement léchés. Je l'ai appelé Lumière du Sud, du nom de cette belle lumière du Sud qui m'a attirée à Saint-Tropez comme tous les grands peintres et artistes qui ont vécu ici. À moi maintenant de prendre le relais.

Avec Sylvie on sème pour la vie

Pour remercier Patrice de tout son amour et de ses bontés qu'il déposait à mes pieds, je décide alors de créer une chaîne YouTube Avec Sylvie on sème pour la vie que j'ai très rapidement rebaptisée Marcelline l'aubergine, afin de le mettre en valeur. 

Le Club 55 partenaire de Marcelline l'aubergine

En finançant mes premiers épisodes, Patrice devient mon partenaire historique. Dans nos contrats, je dois parler et filmer son restaurant du Club 55 situé à Ramatuelle sur la plage de Pampelonne, de sa ferme des Bouis où il produit du vin, du maraîchage et de l'huile d'olive, et bien sûr du château de La Mole et des légumes du potager cultivés en agriculture biologique. Je lui réalise donc plein d'interviews, il adore, il adore Marcelline, il adore que je le filme, il me cherche des sujets, il veut que je crée la chaîne de télé du Club 55 et une autre au château de La mole, comme ça, on aura deux plateaux de tournage, me dit-il exalté par le projet, nous cherchons le logo, il me donne une vieille mappemonde et un drapeau abimé et me demande de les mettre dans l'eau sur la plage afin que Daniel, le photographe, les prenne en photo pour notre visuel, il est excité et regorge d'idées, son père faisait des films, s'il en faisait aussi avec moi, ce serait formidable, la boucle serait bouclée, il rajeunit, tous ses clients le lui disent, il sait que je soigne mes vidéos, dans celle où il raconte les débuts de la Nioulargue, les régates de voiliers qu'il a créées avec sa bande de copains de l'époque, pour 23 minutes de vidéo, j'ai une semaine de montage rien que sur lui et 400 points de coupe afin de retirer ses scories, ses répétitions, ses hésitations, pour qu'il soit fluide à regarder, je suis contente, lui aussi, le résultat est très réussi avec les nombreuses images d'archives que j'ai mises dedans.

Patatras

Notre complicité crée beaucoup de jalousie, je me fais agresser, insulter. Je décide alors de m'éloigner du château de La Mole et m'installe dans une petite maison que Patrice me prête au coeur du village de Ramatuelle. La méchanceté continue, on me vole mon chat Lumière du Sud, je le cherche partout, je continue d'être violentée, insultée, je résiste par des sourires et des mots gentils à la façon de Martin Luther King, sûre que ma gentillesse finira par gagner .

Badaboum

En décembre 2020, Patrice me téléphone pour m'annoncer qu'il n'a plus les moyens financiers  de me garder (oh le gros mensonge... ! ) et qu'il doit me licencier. Je le remercie. Il est étonné. Il est toujours étonné de mes réactions bienveillantes. C'est mon état d'esprit, je cherche toujours le positif même lorsque l'on me fait du mal. En mars 2021, je signe donc tout un tas de papiers administratifs sans rien regarder. Lui-même est perturbé, il sait que tout un merveilleux pan de sa vie vient de tomber.

Sur le lien ci-dessous, vous pouvez lire en version numérique mon roman Tous les prénoms ont été changés que j'ai écrit au château de La Mole. Sa version papier sort en avril 2024.

Sylvie Bourgeois Harel Patrice de Colmont par Gilles Bensimon

Sylvie Bourgeois Harel Patrice de Colmont par Gilles Bensimon

Capitaine Paul Watson de Sea Shepherd Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel 2017 Club 55

Capitaine Paul Watson de Sea Shepherd Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel 2017 Club 55

Pierre Rabhi Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Lablachère Ardéche

Pierre Rabhi Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Lablachère Ardéche

Ferme des Bouis Ramatuelle Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel les border collie Pastis et Mistral

Ferme des Bouis Ramatuelle Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel les border collie Pastis et Mistral

Château de la Mole Fonds de Dotation Pierre Rabhi Vallée de la Mole 83 Var

Château de la Mole Fonds de Dotation Pierre Rabhi Vallée de la Mole 83 Var

Les voyageurs sans trace Geneviève et Bernard de Colmont Colorado et Green River

Les voyageurs sans trace Geneviève et Bernard de Colmont Colorado et Green River

Paul et Yana Watson Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Le Club 55 Ramatuelle Saint-Tropez

Paul et Yana Watson Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Le Club 55 Ramatuelle Saint-Tropez

Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Club 55 plage de Pampelonne Ramatuelle Golfe de Saint-Tropez

Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Club 55 plage de Pampelonne Ramatuelle Golfe de Saint-Tropez

Quand Patrice de Colmont affiche au Club 55 J'aime ton mari, un roman de Sylvie Bourgeois

Quand Patrice de Colmont affiche au Club 55 J'aime ton mari, un roman de Sylvie Bourgeois

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Les samedi 17 et dimanche 18 septembre, de 10h à 19h, aura lieu la 6ème opération Dessine-moi une tomate, à la Chapelle de la Queste, à Grimaud, dans le Golfe de Saint-Tropez, organisée par l'association Je fais ma part 83, la même association qui a créé le potager participatif Oasis Esperanza, avec des stands, des animations, pour les adultes et les enfants, des conférences, des tables rondes, des rencontres, des ventes de miel, des échanges de semences, des papoti-papota, des rires, des bisous bisous et des bonnes choses à grignoter et à boire.

Tout cela me fait remonter à six ans en arrière. Nous sommes en septembre 2015. Je n'habite pas encore dans le Sud. Je vis à Paris, à Saint-Germain-des-Prés, mon quartier préféré et je viens de décider de vivre dix jours par mois à Saint-Tropez, seule, sans copine, sans mari. Juste moi et la mer. Je ne savais pas encore que la forêt et La Garde-Freinet allaient avoir raison de mon cœur au point de me faire déménager en avril 2022.

Avant ce fameux mois de septembre 2015 qui a fait basculer beaucoup de choses dans mon existence, lorsque je rentrais de Ramatuelle où je n'allais plus très souvent depuis le tournage du film Les randonneurs à Saint-Tropez que j'avais coécrit avec feu le scénariste Éric Assous et mon mari, Philippe Harel, qui l'a réalisé, je racontais à mes amis de Paris la douceur de l’eau, le sable de l’Escalet aussi blanc que celui des Maldives, le vert de toutes les vignes qui se marie si bien avec celui des pins, les sangliers qui détruisent les jardins, les amusants petits-déjeuners chez Sénéquier où l'on commence à deux et où l'on termine à quinze avec tous les copains des copains, les virées en voilier, les piques-niques en hélico, les soirées à danser, les délicieuses tartes tropéziennes de la boulangerie des Deux Frères, les restos dégueulasses où je vomis à chaque fois en sortant, le village de Saint-Tropez tellement ravissant qu'il devrait être classé patrimoine mondial par l'Unesco afin de mettre fin à toutes ces constructions d'immeubles horribles qui le défigurent, mais depuis mon dernier séjour où je suis venue passer une semaine seule début septembre à l'hôtel du Colombier et où je me suis régalée d'aller pieds-nus me baigner à la Ponche, je ne parle plus que d'agroécologie, de permaculture, de vers de terre, de pollinisation, de biodiversité, de semences reproductibles, de vision holistique, de cultures sur buttes, de composts ou de résilience écologique.

En effet, la veille de rentrer chez moi, je dîne avec un vieux pote à La Forge, un restaurant italien et ramatuellois (où je ne vomis pas... ) qui  me convainc de ne pas repartir tout de suite à Paris et m'invite à passer une semaine dans la propriété qu'il vient d'acheter. Il me dit que ça va m'amuser. J'accepte. Je change mes billets de TGV. Et hop ! Je me retrouve à dîner avec Paul Watson, pirate-fondateur de Sea-Shepherd, qui a dédié sa vie pour sauver des milliers de baleines, requins, tortues, phoques, dauphins, et dénoncer les dégâts de la pêche intensive. D'ailleurs, c'est simple, pour être embauché chez Sea-Shepherd, Paul demande au futur candidat s'il serait prêt à donner sa vie pour sauver une baleine. Si la réponse est non, exit. En revanche, si c'est oui, bienvenue dans ce monde de justiciers des mers !

Le lendemain matin, je suis réveillée par une centaine de bénévoles, au look gentiment baba-cool,  rien à voir avec ma bande bien coiffée de chez Sénéquier ou du Club 55, qui commencent à installer des stands, des toilettes et une cantine dans le jardin. En effet, tout cela est très amusant. Une Marie vient à ma rencontre et se présente, elle est présidente de l'association Colibris Golfe de Saint-Tropez qui fête ses 1 an et organise l'opération Dessine-moi une tomate, nom inspiré du Petit-Prince de Saint-Exupéry qui a grandi jusqu'à 5 ans dans ce domaine, peut-être même a-t-il dormi ou joué dans ma chambre ? La seule chose que je sais, c'est juste après le détour qu'il a fait en avion pour aller, comme à son habitude, faire trois ronds dans le ciel histoire de saluer sa maman, une autre Marie, revenue habiter dans cette maison, qu'il a été descendu quelques minutes plus tard au large des côtes marseillaises.

Durant deux jours, j'ai écouté, au milieu de plus de 2500 visiteurs, une dizaine de conférences au cours desquelles les intervenants tous aussi passionnants les uns que les autres ont raconté leurs expériences et leur combat pour un plus grand respect de la nature et de la terre. Émue et séduite, j'ai même failli acheter un poussin extraordinairement mignon issu d’une race de poule ancienne très jolie avec des grosses pattes exagérément fournies en plumes, mais malgré tout l'amour que j'aurais pu lui apporter, je n'ai pas sauté le pas, petit-poussin-devenu-grand aurait été malheureux sur mon balcon parisien.

Même si je suis très vigilante sur la provenance et la qualité de mon alimentation (je n’avale jamais de nourriture transformée et issue de l'industrie) et que dans mes romans, mes héroïnes militent toujours, à leur façon et avec leur dialectique, contre les dérives et les dangers des pesticides et les dramatiques techniques d'agriculture qui à force de rechercher une rentabilité uniquement financière ont épuisé nos sols et asséché nos nappes phréatiques, et ce au niveau mondial, durant ce week-end varois, j’ai beaucoup appris. J’ai appris, entre autres, que l’homme a besoin du ver de terre pour vivre mais que le ver de terre (mon nouveau héros) n’a pas besoin de l’homme, que les semences OGM sont un crime contre l'humanité, que le requin avec sa moyenne de dix morts par an est l’animal le moins meurtrier, en comparaison, le moustique en tue 830000, qu’un végétalien qui roule en voiture pollue moins qu’un carnivore qui circule à vélo, que 40% des poissons pêchés servent à nourrir d’autres animaux, que les cochons mangent plus de poissons que les requins, que 80 millions de requins sont tués chaque année, qu’une baleine défèque 3 tonnes de déchets par jour qui servent à nourrir le plancton, que 300000 baleines ont été décimées au XXème siècle, ce qui a entraîné une réduction de 50% du plancton.

Le soir de l'inauguration de ce premier Dessine-moi une tomate,  je suis littéralement séduite par la bienveillance et la volonté de tous ceux que je rencontre de préserver les ressources naturelles de notre planète. Conquise et émue, j'embrasse un tilleul bicentenaire pour le remercier d'être là, quand un monsieur que je connais vaguement, certainement attiré par le député et le nombre de maires de la région présents à cette manifestation, me demande en ricanant, un verre de vin rouge à la main, si je cautionne ce genre d’alimentation.

— C’est-à-dire ? je lui réponds.

— Allons, Sylvie, vous m’avez compris.

— Ben… non.

— Avouez quand même qu’ils sont très naïfs.

Préférant rester polie, réalisant que la conversation risque de devenir pénible et n'ayant aucune envie de perdre mon énergie et ma bonne humeur à essayer de le convaincre (pour certains, c'est peine perdue) en lui expliquant mon attirance pour ce nouveau monde de demain qui s'ouvre à moi avec ses connaissances et ses espoirs, je lui raconte l'histoire que Pierre Rabhi, inspirateur de cet événement, adore narrer : " Il était une fois un immense feu de forêt. Un tatou se moque d’un colibri qui porte de l’eau dans son  bec et s'évertue à la verser sur les flammes. Quand on connait la taille minuscule du colibri, on peut imaginer celle de son bec et celle de la goutte d'eau qu'il transporte. Pfut ! Ne te fatigue pas l’ami, dit le tatou. Ça ne sert à rien. Tu crois peut-être qu’avec tes quelques gouttes, tu vas arrêter l’incendie ? Je ne sais pas,  répond le colibri, mais je fais ma part !

Et comme je ne veux pas gâcher mon plaisir d’être là, j’adresse au monsieur ricaneur et pas gentil un joyeux sourire et je pars caresser un bébé oie qui ressemble étrangement à un canard.

Six ans plus tard, aujourd'hui, 1er septembre 2015, je téléphone à Marie, pas la maman d'Antoine de Saint-Exupéry, l'autre, celle de Dessine-moi une tomate..., je lui demande des informations avant de faire ma vidéo avec ma petite Marcelline, histoire d'annoncer cet événement annuel qui continue d'exister grâce aux bonnes volontés de tous ceux qui essayent de créer le monde demain, un monde de solidarité, d'échanges, de bon sens, de bienveillance, de légumes sans pesticides, de belles tomates, de soleil, de nature, d'amitiés, un monde qui est un peu loin de mes mondanités parisiennes que j'aime aussi et que je ne renie pas, un monde nouveau pour moi et qui prend de plus en plus de place dans mon cœur.

Sylvie Bourgeois Harel

Oasis Esperanza Jardin participatif et partagé de Je fais ma part à Grimaud - Sylvie Bourgeois Harel

Oasis Esperanza Jardin participatif et partagé de Je fais ma part à Grimaud - Sylvie Bourgeois Harel

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Ma nouvelle Paul, écrite sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle, fait partie de mon prochain recueil à paraître début avril 2024.

 

 

 
Sylvie Bourgeois Harel. Avec Pompon et Hussard. Château de La Mole. VAr

Sylvie Bourgeois Harel. Avec Pompon et Hussard. Château de La Mole. VAr

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Mon tonton Guillaume, il est fou, c’est mon papa qui me l’a dit, alors que Guillaume, c’est le meilleur en animal et en poissons, c’est bien simple, il passe ses journées sous l’eau à inspecter les poulpes et les murènes, et même que j’adorerais l’accompagner, mais ma maman, elle ne veut pas car elle trouve que Guillaume, il n’a pas les capacités pour être responsable d’un enfant de 8 ans sous la mer. La mer, j’ai le droit d’y aller, mais seulement avec ma mamy qui est un dauphin, elle adore nager, surtout s’il y a des grosses vagues, c’est pour noyer, je crois, son chagrin d’avoir un mari paralysé qui ne peut plus parler depuis un an. Il a eu un accident de sang dans les veines de son cerveau et depuis il est sur une chaise roulante à faire hanhan chaque fois qu’il veut l’appeler. Ma mamy, ça lui fait de la peine à en fait pleurer, elle est persuadée qu’il la prend pour sa maman, alors qu’il n’y a pas si longtemps, il l’embrassait encore sur la bouche.
 
Mon papy, tout le monde l’appelle Pillon car quand j’étais petit et qu’il était encore droit comme un I, il m’a appris les mots papy et papillon le même jour, et du coup, j’ai fait la contraction ou la confusion, je ne sais plus, mais je me souviens que quand il n’était pas détruit par sa maladie, mon papy, il était libre à toujours vouloir s’envoler de sa maison, même que ma mamy, elle n’arrêtait pas de lui demander où il allait encore. Maintenant, il ne va plus nulle part, et ses anciens amis, ils ne viennent plus jamais le voir. Ils doivent se dire que ce n’est pas facile de bavarder avec un handicapé qui ne peut plus parler, alors que quand il me caresse la joue, je comprends très bien qu’il pense à moi et ça me suffit pour l’aimer.
 
La vie de ma mamy, elle est très compliquée car elle doit aussi s’occuper de Guillaume qui a la maladie de dire ses quatre vérités à tous les gens qu’il croise et après tout le monde a peur de lui ou le déteste, et ma mamy, elle est encore plus seule. Elle a bien Bobby, c’est un labrador qu’elle a acheté pour aider son mari, mais la seule chose qu’il sait faire ce couillon, c’est poser ses deux pattes sur les genoux de mon papy et le pousser très vite sur sa chaise roulante dans le couloir de la maison. Bobby, ça le fait marrer, mais mon papy, ça lui fait peur, surtout qu’il ne peut pas l’arrêter, et ma mamy, après, elle met sa tête dans ses mains en disant qu’elle n’en peut plus. Je suis encore trop petit, mais dès que je serai grand, je promènerai mon papy partout en ville, et le Bobby, je lui apprendrai à obéir et j’achèterai aussi une femme de ménage à ma mamy pour qu’elle profite un peu de son grand âge à faire autre chose que de frotter sa maison ou de nettoyer les fesses de son Pillon.
 
Mais ce n’est pas demain la veille, car hier, pendant le déjeuner, Guillaume, il a dit à mon papa qu’il était con et qu’il n’arriverait jamais à la cheville du talent de leur père, et que c’était à cause de ça qu’il n’arrêtait pas d’embêter sa femme. Mon papa, ça l’a rendu fou d’entendre ces mots surtout que la veille, il s’était encore disputé avec ma maman. Du coup il a donné un coup de poing dans l’épaule de Guillaume qui lui a jeté son verre d’eau à la figure. Ç'a dégénéré très vite pire qu’à la récré, mon papa, il s’est levé et a cassé sa chaise sur Guillaume qui s’est écroulé par terre. Ma mamy a alors hurlé que ça ne servait à rien de le taper, vu que ce n’était pas les coups qui allaient remettre ses idées à la bonne place dans son cerveau cassé. Quand Guillaume s’est relevé, il a traité mon papa de pauvre naze et il est sorti dans le jardin. Je l’ai suivi et il m’a montré sa poule qu’il vient d’acheter car il a peur que mon papa lui cache ses médicaments qu’il ne veut plus prendre dans ses aliments, alors il ne mange plus que des œufs qu’il gobe. Sauf que sa poule, je ne sais pas où il l’a trouvée, mais elle est complètement folle car tous les matins, elle fait exprès de monter sur un arbre pour pondre, du coup, ses œufs, ils se cassent avant même que Guillaume puisse les avaler. Je lui ai dit qu’il n’avait qu’à pêcher des poissons, mais il m’a répondu qu’il en était hors de question, jamais il ne mangerait ses meilleurs amis, je lui ai alors proposé d'essayer les surgelés, mais il a préféré qu’on arrête cette conversation et il m’a appris tous les noms des oiseaux que l’on a croisés, ils les aiment tous, mais son préféré, ça reste la mésange bleue, peut-être parce qu’elle a les plumes de la couleur de ses yeux.
 
Quand on est rentré à la maison, tout le monde faisait la sieste. Guillaume m’a alors fait voir les certificats médicaux que mon papa avait cachés dans un dossier, et aussi une lettre dans laquelle il avait demandé à une ambulance de venir chercher Guillaume dès le lendemain matin pour l’emmener à Saint-Julien. Guillaume m’a expliqué que c’était un asile où l’on mettait les fous, puis il a ajouté que l’hôpital psychiatrique, plus jamais, il ne voulait y retourner car après, il devait attendre des mois avant de pouvoir en ressortir, et que sa seule liberté, là-bas, c’était d’avoir le droit de fumer ses cigarettes que lui achetait sa maman, et qu’il méritait quand même d’avoir une vie meilleure que de passer ses journées à attendre la visite de sa mère dans un couloir fermé à clef et gardé par un infirmier costaud. Et qu'il ne voulait plus de tous ses médicaments et piqûres qui l'empêchaient de penser et le faisaient grossir.
 
Puis il s’est énervé que mon papa, c’était un salaud qui avait toujours été méchant avec lui. Soudain, il m’a embrassé et m’a dit au revoir mon petit, je m’en vais, je suis très triste de quitter mon papa et ma maman qui sont les deux seules personnes qui m’aiment sur cette putain de terre, mais je dois partir, je ne peux pas rester dans une maison où mon frère veut m’interner. Je lui ai demandé où il comptait aller, vu qu’il n’avait pas de métier, ni d’argent. Il m’a répondu aux États-Unis et qu’il gagnerait des sous en faisant un dessin animé sur un poisson rouge amoureux d’une mésange bleue. Et il est sorti en n'emmenant avec lui que sa combinaison de plongée.
 
Un mois plus tard, mon papy est mort. J’ai beaucoup pleuré et ma mamy aussi. Elle m’a dit que pour se consoler, on irait planter un petit sapin sur sa tombe, comme ça les racines, elles se nourriront du corps de Pillon qui est dans la même terre en dessous, et puis quand l’arbre, il aura grandi, et bien, on en coupera une branche que l’on ramènera à la maison pour avoir toujours un peu de mon papy avec nous. Mais on n’a pas eu le temps d’y aller, car ma mamy, elle est morte peu de temps après, je crois, du cancer du chagrin, elle a été mise au cimetière dans le même trou que Pillon.
 
J’ai alors écrit à Guillaume pour lui dire qu’il devait revenir à la maison pour s’occuper de Bobby, et qu’il ne devait pas le gronder qu’il lui ait tué sa poule. Puis j’ai donné l’enveloppe à ma maman pour qu’elle la poste dans la boîte des États-Unis. Elle m’a caressé la tête et m’a dit que j’étais un bon petit garçon de penser ainsi à mon oncle qui n’avait pas eu la permission du docteur de sortir de l’hôpital psychiatrique pour assister aux enterrements de son papa et de sa maman.
 
GUILLAUME fait partie des 34 nouvelles de mon recueil BRÈVES ENFANCES paru aux éditions Au Diable Vauvert .
 
 
GUILLAUME, une nouvelle de Sylvie Bourgeois. BRÈVES ENFANCES
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Ma nouvelle Prologue fait partie des 16 nouvelles de mon prochain recueil à paraître début avril 2024.

Sylvie Bourgeois Harel - Château de La Mole - Var - 83 - Massif des Maures

Sylvie Bourgeois Harel - Château de La Mole - Var - 83 - Massif des Maures

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Mon papa est curé. Tout le monde le sait, mais personne ne le dit. Je suis dans une école privée que le diocèse a payé. Je le sais. C’est comme ça que sont élevés les enfants des curés. Il paraît qu’on est nombreux à attendre que notre père change de métier. Moi je voudrais qu’il soit pompier. C’est peut-être dangereux comme métier, mais au moins j’aurais un papa. Quand mes copains me demandent comment s’appelle mon père, je dois répondre que je n’en ai pas. C’est dur de dire que je n’ai pas de papa alors que quand même tous les soirs, j’embrasse le curé de la paroisse.
Quand je vais à confesse, j’ai peur de faire une gaffe du genre de demander à mes amis si mon père, il a été gentil avec eux. Je n’ai pas de frère, ni de sœur, mais mon curé de père, il dit qu’on est tous frères sur la terre. Alors moi ça me fout la confusion surtout quand mes potes l’appellent mon père. Dans ces cas-là, je préfère encore me taire. Notre père qui êtes aux cieux, notre père qui êtes dans le pieu de ma mère, faites en sorte que Marie m’aime. Marie, c’est ma copine d’école. C’est une sainte-nitouche que j’ai seul le droit d’embrasser. Elle n’a pas de papa non plus. Quand j’ai demandé à mon père, Père Jean-Pierre, si je pouvais me marier avec Marie, il est devenu blême. Marie comment ? Il m’a demandé. Marie comme sa maman, je lui ai répondu, elle n’a pas de papa. Ma maman a alors demandé à son curé d’amant pourquoi il s’intéressait à cette Marie. Sainte-Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs. Que son nom soit sanctifié et pourquoi elle ne viendrait pas jouer avec le petit ? A demandé ma maman. Mon père a fait les gros yeux. Marie, il a répété, Marie ! Ben oui, qu’elle vienne goûter à la maison, a insisté ma mère. Soudain elle a crié Marie ! Cette Marie ? Puis elle s’est tue et m’a demandé d’aller ranger ma chambre en priant le petit Jésus que tout cela rentre dans l’ordre. Je ne veux pas rentrer dans les ordres, moi, je veux être coureur cycliste. Même que hier soir à la télé, j’ai vu un film dans lequel un curé faisait du vélo et que ça m’a bien fait marrer. Mon père, il n’a pas de vélo, il marche à pied. C’est plus facile je crois pour porter sa croix.
Quelle drôle d’idée il a eu mon très saint-père d’avoir fait vœu de chasteté. Du coup, ma mère vit dans le péché. Je crois que j’aurais préféré encore qu’elle couche avec le Père Noël qui n’existe pas. Cela m’aurait posé moins de problèmes existentiels. Parce que la chrétienté de mon Père éternel, faut pas croire mais elle m’est difficile à gérer. Je dois prier à genoux, adorer le miserere, réciter le bénédicité. Confiteor Pater Ave Maria et tout ça ! Je n’ai pas encore dix ans et Amen pour moi c’est vraiment de l’hébreu.
Dans la boutique où mon copain David achète de la viande casher, il y a écrit boucher de père en fils. J’espère qu’au-dessus de ma tête, il n’y a pas écrit curé de père en fils, sinon je serai mal barré pour épouser Marie. Je ne veux pas lui faire de bébé dans l’illégalité de la religiosité. Mais plutôt dans la position du missionnaire, n’arrête pas de me répéter pour m’embêter David depuis que je lui ai confié mon hérédité.
Ce matin, mon père m’a emmené loin au fond du jardin pour m’expliquer que je ne devais pas aimer Marie car elle était ma sœur. Enfin à moitié ma sœur si je voyais ce qu’il voulait me dire. Je ne comprends rien mon père, vous m’avez toujours dit qu’on devait tous s’aimer les uns les autres puisque nous étions tous frères et sœurs sur la terre. Alors là, mon saint père s’est énervé comme je ne l’avais jamais vu encore s’énerver. Je ne devais pas jouer au plus futé avec lui qu’il me répétait, la situation était déjà suffisamment compliquée entre les deux mamans. Il était un Père, mais aussi un homme et du coup, enfin façon de parler, le père de deux enfants.
Alors pour ne pas pleurer d’avoir été des enfants du péché, j’ai décidé d’emmener Marie jouer à Adam et Eve avec moi au Paradis. Au milieu des pommiers et des serpents, nous fonderons une Sainte Famille. Viens Marie, je lui ai dit en ouvrant la fenêtre de mon appartement. Nous sommes Vendredi saint et nous allons voler vers le Paradis. N’aie pas peur Marie, je t’aime ma Sainte Vierge, nous sommes deux anges innocents et arrière grand-père, père de Dieu, père de papa nous attend au royaume des Saints. Si notre vie à cause de notre amour ne peut se faire ici-bas, alors là-haut nous réussirons, toi dans la chanson et moi dans le vélo.
Viens ma bien aimée, nous allons nous envoler dans la félicité vénérée de la divinité sacrée. Viens nous allons rejoindre les bienheureux dans les cieux. Mais c’est haut, m’a dit Marie. Oui, mais rien n’est trop haut ni trop beau pour te conquérir, je lui ai répondu en lui prenant la main et en l’entraînant dans le vide. Nous nous sommes écrasés dans la cour de la récré aux pieds de mon père et de David qui, bouches bées, nous ont regardé tomber. Mon père a fait le signe de croix. Adieu mon papa que, pour la première fois, j’ai le droit d’appeler papa.
Sylvie Bourgeois Harel - Chateau de la Mole - 2019

Sylvie Bourgeois Harel - Chateau de la Mole - 2019

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