La Bravade de Saint-Tropez par Orson Welles
La Bravade de Saint-Tropez et les bravadeurs fêtent le chevalier Torpès et la fidélité des Tropéziens au Saint-Patron de leur ville et Saint-Protecteur de tous les marins de la région, les 16...
La Bravade de Saint-Tropez par Orson Welles
La Bravade de Saint-Tropez et les bravadeurs fêtent le chevalier Torpès et la fidélité des Tropéziens au Saint-Patron de leur ville et Saint-Protecteur de tous les marins de la région, les 16...
La Bravade de Saint-Tropez par Orson Welles
La Bravade de Saint-Tropez et les bravadeurs fêtent le chevalier Torpès et la fidélité des Tropéziens au Saint-Patron de leur ville et Saint-Protecteur de tous les marins de la région, les 16...
La Bravade de Saint-Tropez par Orson Welles
La Bravade de Saint-Tropez et les bravadeurs fêtent le chevalier Torpès et la fidélité des Tropéziens au Saint-Patron de leur ville et Saint-Protecteur de tous les marins de la région, les 16...
La Bravade de Saint-Tropez racontée par Marcelline l'aubergine et Sylvie Bourgeois Harel
La Voix
Je suis bien chez toi
Je suis bien chez toi. Tu ne le sais peut-être pas mais je suis là pour toi. Je te vois. Je te sens. C’est toi qui vas me réparer. C’est toi qui vas le dire. C’est toi qui vas l’écrire. Je l’aimais. Je n’ai fait que l’aimer. Toute ma vie. Et encore aujourd’hui. Mais il est parti. Il est parti dans les ténèbres.
Et depuis je le cherche. Je ne fais que le chercher. On nous dit que l’on se retrouve toujours mais ce n’est pas vrai. Ça fait des années que je le cherche et je ne sais toujours pas où il est. J’ai beau l’appeler, lui parler, crier son nom, c’est le néant qui m’apparaît comme s’il n’avait existé. Pourtant, je l’ai vu. Je l’ai eu dans mes bras. Je l’ai embrassé. Je l’ai laissé entrer. Je l’ai aimé. Puis il a disparu.
Mais je ne l’ai jamais oublié. Je ne me suis jamais mariée. Je l’ai attendu toute ma vie. Et encore aujourd’hui. Je l’attends. En le cherchant. Dans le néant. C’est grand le néant, Sylvie. J’ai souvent eu peur de tout cet infini. Je n’ai pas d’enfant. Pas de parents. Pas de grands-parents. Je suis comme une mauvaise herbe qui aurait poussé là où elle n’aurait pas dû. Je l’ai attendu. Et je l’attends encore.
Mais aujourd’hui je suis revenue. Je suis revenue pour que tu dises au monde entier que ce n’est pas vrai, on ne se retrouve pas toujours. Que l’on peut se rater. Ici et là-bas. Et que c’est un drame qui fait très mal de se rater.
Alors ma petite Sylvie aujourd’hui, je suis revenue et je suis là pour toi. Je vais te raconter les histoires de l’au-delà. Les histoires de là-haut et toi tu m’écriras une nouvelle vie. Une vie dans laquelle je serais heureuse. Une vie dans laquelle il m’aimera. Une vie dans laquelle il m’embrassera et me prendra la main.
Je ne te quitterai pas. Je veillerai sur toi comme j’aurais aimé veiller sur lui. Tu nous écriras des enfants, un jardin, des rires, des baisers et pourquoi pas un voyage en Inde. Sur un tapis volant. Un tapis volant pour nous préparer à l’éternité. On ne s’y prépare pas assez à l’éternité. On est trop pressés. Toujours trop pressés. Alors que c’est ça la vie, c’est l’éternité, c’est la lumière et les ténèbres. C’est terrifiant et léger. Beau et alarmant. Angoissant et reposant. Tout dépend de comment tu t’es préparé.
À force de le chercher, j’ai tout raté. Mais je vais t’aider. Je vais tout te raconter. Le diable et les anges. Les démons et les dieux. Le mal et le bien. Je vais tout te dire et, toi, chaque matin, tu m’écriras mon amoureux qui me tient par la main.
Sylvie Bourgeois Harel
Sylvie Bourgeois, En attendant que les beaux jours reviennent - Écrivain
Manoëlle Gaillard lit un extrait d'En attendant que les beaux jours reviennent, un roman de Sylvie Bourgeois, qu'elle a signé Cécile Harel, paru aux Editions Les Escales, groupe Éditis, sous la...
lecture d'un extrait du roman "En attendant que les beaux jours reviennent" de Sylvie Bourgeois Harel
Sylvie Bourgeois ou Cécile Harel ?
L'écrivain Sylvie Bourgeois a décidé de prendre un pseudo, Cécile Harel, lors de la publication de son roman " En attendant que les beaux jours reviennent ", ayant été prolifique cette année...
Pourquoi j'ai signé Cécile Harel mon roman "En attendant que les beaux jours reviennent "
Sylvie Bourgeois, Brèves enfances, Henri, nouvelle - Écrivain
Le comédien Alain Guillo lit Henri, une nouvelle de la romancière Sylvie Bourgeois, parue dans son recueil BRÈVES ENFANCES publié au Diable Vauvert, maison d'édition créée par Marion Mazauri...
Lecture de ma nouvelle "Henri" parue dans mon recueil "Brèves enfances" aux éditions Au Diable Vauvert
Brèves Enfances, un recueil de nouvelles de Sylvie Bourgeois paru aux éditions Au diable vauvert
Brèves enfances, un recueil de nouvelles de l'écrivain Sylvie Bourgeois Harel paru aux éditions Au diable vauvert, 34 textes courts dans lesquels la romancière et noveliste a décidé de se met...
Pourquoi et comment j'ai écrit mon recueil de nouvelles "Brèves enfances" paru aux éditions Au Diable Vauvert
Sylvie Bourgeois, Brèves enfances, La dame bleue, nouvelle - Écrivain
Marcelline lit La dame bleue, une nouvelle de la romancière Sylvie Bourgeois, parue dans son recueil BRÈVES ENFANCES publié au Diable Vauvert, maison d'édition créée par Marion Mazauric. Écr...
Lecture de ma nouvelle "La dame bleue" parue dans mon recueil "Brèves enfances" aux éditions Au Diable Vauvert
Sylvie Bourgeois, Brèves enfances, Mon papa est curé, nouvelle - Écrivain
Le comédien François Berland lit Mon papa est curé, une nouvelle de l'écrivain Sylvie Bourgeois, parue dans son recueil Brèves enfances, publié par la maison d'édition au Diable-Vauvert cré...
Lecture de ma nouvelle "Mon papa est curé" parue dans mon recueil "Brèves enfances" aux éditions Au Diable Vauvert
Pourtant, j’ai été une vraie parisienne à avoir une vie très festive, assez mondaine, à sortir tout le temps, à adorer les restaurants, les avant-premières de cinéma, les générales de théâtre, les dîners jusqu’au bout de la nuit. Ce que je ne retrouve pas ici, mais ce n’est pas ce que je recherche non plus. J’ai aimé Paris. J’aime toujours Paris d’ailleurs. Je suis contente d’aller y passer une ou deux semaines, comme je l’ai fait en octobre pour la sortie de mon livre, mais je suis contente de ne plus y habiter. J’ai quitté Paris sans frustration, ni ras-le-bol, juste avec l’envie de me créer une nouvelle vie. Une nouvelle vie à Saint-Tropez dont j’ai toujours été amoureuse. Je ne l’ai pas fait avant car ce n’était pas le bon moment. L’énergie de Paris me retenait encore un peu.
C’était peut-être un leurre car ici, proche de la nature et de la mer, j’ai découvert une autre énergie. Plus profonde. Moins superficielle. Plus spirituelle. Vous allez rire en me lisant, une énergie spirituelle à Saint-Tropez ? Oui, il y a plusieurs Saint-Tropez. Chacun peut trouver le sien qui lui convient. Le mien de Saint-Tropez est spirituel. La nature qui m’entoure et que je fréquente chaque jour m’apprend beaucoup sur le sens que je donne à ma vie. Des lieux comme la Chapelle Sainte-Anne, le Monastère de la Verne, les Roches Blanches au-dessus de La Garde-Freinet où je passe tous mes week-ends dans ma maison provençale au coeur du village, sont très telluriques et chargés de magnétisme.
Alors lorsque j’entends des gens râler que Saint-Tropez est mort en hiver, je les plains de ne pas savoir apprécier toute cette richesse naturelle et cette beauté qu’ils ont autour d’eux. Ce sont d’ailleurs souvent les mêmes qui râlent en été que Saint-Tropez est trop bondé. Saint-Tropez n’est pas mort en hiver. Ainsi que je le disais à une touriste qui, l’autre jour, me posait la question sur le parking du port, vous savez madame, moi, je suis très vivante, je lui ai répondu en riant. C’est vrai quoi, la joie se trouve dans notre coeur, dans notre capacité à sourire, à rire, à s’intéresser, à apprendre, à transmettre, à contempler, à s’émerveiller, à décider de couper la télé, à fermer les journaux, à éteindre la radio. Elle ne se trouve pas dans le divertissement à outrance.
Mon divertissement à moi, c’est de me réjouir de mon ciel marine, de la mer transparente, de mon poulpe qui m’accompagne à chacun de mes bains, s’enlaçant tel un amoureux autour de ma cheville pour nager avec moi. Ce sont aussi les oiseaux, les fleurs, les arbres, les renards que je rencontre dans la forêt et qui sont pleins de curiosité à m’observer, prêts à vouloir jouer. Quand je croise un animal, je me mets en mode alpha, je respire calmement pour espacer les battements de mon coeur afin de lui transmettre des ondes de douceur, d’amour, de compréhension. Je rêve de rencontrer un loup avec sa famille. Mon autre rêve serait de leur offrir un sanctuaire pour les protéger.
Saint-Tropez n’est pas mort en hiver. Saint-Tropez se repose. Le village se repose des excès de l’été. Il reprend des forces nécessaires tellement il y a eu de monde durant la saison. Il se répare aussi. De nombreux travaux de voirie ou de rénovation sont organisés à cette période. Saint-Tropez a évolué. Saint-Tropez est une vieille dame devenue un sorte de musée à ciel ouvert, connu du monde entier pour son authenticité. Il faut donc le ménager. Et ces trois mois d’hiver contribuent à lui refaire une beauté. À saint-Tropez, on réapprend également à vivre suivant le rythme des saisons. En hiver, on hiberne, on calme le jeu, on se retrouve le soir autour des feux de cheminée, on fait des gâteaux, on reste au chaud. C’est une période d’introspection, de réflexion, de projets.
Certes, de nombreux restaurants et de boutiques sont fermés, mais la mer reste ouverte, la plage aussi, le littoral également. Il est impossible de s’ennuyer. Et puis, pour ceux qui veulent sortir, les propositions sont suffisantes. Le cinéma Star programme trois films différents par semaine. La mairie organise régulièrement des conférences, des concerts, des spectacles. Le Café de Paris, le Clémenceau, le Sporting, le Sube, et d‘autres établissements, restent ouverts. Des orchestres sont invités les soirs de week-end. C’est très joyeux. Mon cher Sénéquier est là également. J’y vais régulièrement écrire en fin de journée avec mon ordinateur autour d’un délicieux chocolat chaud accompagné de deux madeleines. Et puis, cette année, le Tigrr Ermitage a eu la bonne idée d’ouvrir toute l’année. On peut y prendre un thé ou un champagne sur la terrasse, dès 17 heures, afin d’admirer le soleil se coucher sur la mer, puis dîner au chaud à l’intérieur, et bien sûr danser. Car Saint-Tropez est festif, quoi qu’il se passe, quelle que soit la saison, on trouve toujours une occasion de danser !
Sans oublier les vacances de Noël qui sont féériques à Saint-Tropez avec le village totalement illuminé et le Père Noël qui arrive par la mer. Sur le port, des centaines de personnes l’attendent, les yeux remplis de joie enfantine et de leurs souvenirs familiaux. Les enfants sont sur les épaules des parents à appeler le Père Noël. Chacun achète des gaufres, des crêpes, des hot-dogs aux petits chalets en bois le long des quais. Et quand la barque du Père Noël s’amarre devant la statue du Bailli de Suffren, et que le père Noël descend tout doucement de son mat, tous en choeur, nous chantons Petit Papa Noël sur les airs de Tino Rossi. C’est alors une véritable communion d’émotion qui se produit.
Ne me demandez pas où je serai cet hiver, je serai à Saint-Tropez » !
Sylvie Bourgeois Harel
Saint-Tropez mon amour, La Ponche
Saint-Tropez mon amour, La Ponche, vieux quartier de pêcheurs à deux pas du fameux et mythique Hôtel de la Ponche, du cimetière marin et de la plage des Graniers, où l'écrivain Sylvie Bourgeo...
Saint-Tropez mon amour par Sylvie Bourgeois Harel
— De… de rien, bégaye Rémy qui ne veut pas perdre la face.
— Je suis allergique, continue Sophie, les bleus fabriqués en Chine m’ont provoquée une dermite séborrhéique avec des plaques rouges prurigineuses qui me démangeaient jour et nuit, une horreur, ma dermato a eu un mal fou à me soigner, depuis j’ai un certificat médical pour ne porter que ceux-ci.
Sophie sort de son sac un masque transparent en plastique et l’essaye devant Rémy.
— Tu vois, ça se pose sur le menton, du coup, ça ne touche pas le visage, en plus comme je suis une femme joyeuse, on voit mon sourire, pas mal, non ? Et c’est français, ajoute-t-elle en pointant son index droit, c’est primordial d’acheter français, ils sont dans les Landes, à Sanguinet, près d’Arcachon.
— Mais ça ne protège pas.
— Bien sûr que si, mon chaton. J’imagine que tu fumes toujours ?
— Tu veux une clope, propose Rémy en sortant un paquet de cigarettes de sa poche.
— Non, allume ton briquet.
Pendant que Rémy s’exécute, Sophie prend une longue inspiration, s’approche à quelques millimètres de la flamme et souffle dessus de toutes ses forces sans que celle-ci ne bouge pas d’un iota.
— C’est ça, balance-moi tes microbes, râle Rémy en faisant un bond en arrière.
Sophie éclate de rire.
— Tu es vraiment rigolo, il faut que l’on se voie plus souvent, si ta flamme ne s’est pas éteinte, mes microbes ou virus ou tout ce que tu veux, ne peuvent pas t’atteindre, ils ne vont pas escalader la paroi, tels des vaillants alpinistes, et ensuite aller se nicher exactement là où il faut pour te tuer, c’est logique, non ? Je le nettoie sous l’eau avec du savon chaque fois que je sors ou que je rentre chez moi, c’est mille fois plus hygiénique que la couche-culotte que tu as sur le nez, c’est ta femme qui te l’a choisie ?
— Je veux bien qu’on se voit plus souvent, Sophie, tu as gardé le même numéro de téléphone ?
Sophie soupire en levant les yeux au ciel. Certes Rémy est très mignon, très beau garçon même, mais non, sa vie est déjà suffisamment compliquée comme ça aujourd’hui, il est hors de question qu’elle flirte, ne serait-ce qu’un instant, avec son ancien copain de lycée. Et puis les hommes mariés, ça va, elle a donné.
— Mais comme à la droguerie où je dois acheter un cubitainer de vinaigre blanc, continue-t-elle en se concentrant sur son masque afin de ne pas avoir à répondre aux avances de Rémy, ils ne m’acceptent pas avec mon Stop Spit, c’est le nom de la marque qui les fabrique, je suis obligée de mettre celui en tissu que m’a donné ma voisine. Je file, à bientôt, c’était chouette de te voir.
Sophie s’avance vers Rémy pour lui faire une bise au moment où celui-ci tend de nouveau son poing en guise d’au revoir avec un sourire en coin.
— Ah oui, tu es vraiment rigolo, tu veux bien me sauter mais pas m’embrasser ! Si je te disais, oui mon chéri, allons à l’hôtel, là, tout de suite, enfin si on en trouve un d’ouvert et qu’on arrive à faire la bonne attestation pour justifier de prendre une chambre dans la ville où l’on habite, tu ferais comment ?
— Tu veux aller à l’hôtel ? s’empresse-t-il de répondre en effectuant une mimique plutôt craquante, tu sais que je suis dans l’immobilier, j’ai les clefs d’une dizaine d’appartements dont certains sont meublés avec jacuzzi et tutti quanti.
— Réponds-moi plutôt, tu ferais comment pour m’embrasser avec ton masque que si tu pouvais le monter jusqu’à ton front tu le ferais ?
— Ma femme m’engueule si je le porte sous le nez.
— Je te l’ai dit tout à l’heure, change de femme, rit Sophie.
— Je dois aussi le porter à la maison.
— Je me souviens que tu étais déjà un fayot au lycée, c’est pour ça d’ailleurs que je n’ai jamais voulu coucher avec toi.
— Tu m’avais dit que tu attendais d’avoir 18 ans.
— Ben, je t’ai menti, la preuve, quand je t’ai quitté, j’ai couché pour la première fois quelques semaines plus tard avec Pierre-Henri dont je n’étais pas vraiment amoureuse, j’avais 17 ans et demi, c’était plus pour faire comme Géraldine, tu te souviens de ma copine Géraldine Chambon.
— Je me souviens surtout de m’être battu avec Pierre-Henri, il n’habite pas loin de chez moi, on se voyait au golf quand on avait encore le droit d’y jouer, il est devenu pharmacien.
— Au secours ! se met à hurler Sophie. Au secours !
— Qu’est-ce qu’il t’arrive, s’inquiète Rémy.
— Au secours ! continue-t-elle de crier. Ne me dis pas que tu n’embrasses plus tes gosses.
— Ben si, avoue Rémy en regardant ses pieds.
— Les pauvres chéris. Tu n’as pas honte ?
— Ma femme…
— Ça suffit avec ta femme, le coupe-t-elle, tu es prêt à la tromper avec moi, mais tu ne sais pas lui dire non, maintenant fini tes conneries ? Et avant de te coucher, tu te frottes la bite avec ton gel hydroalcoolique que tu tiens à la main comme si c’était une bouée de secours ? Non mais, je rêve !
— Tu vas me dire que le gel ne sert à rien ? s’énerve-t-il.
— Je vais surtout te dire que j’y suis allergique aussi, il y a trop de produits chimique dedans. Le plus efficace est de se laver les mains avec de l’eau et du savon. Et si tu ne peux pas te les nettoyer, tu gardes sur toi une solution que tu te prépares avec de l’eau et de l’alcool à 70°, c’est le plus sûr moyen pour stériliser.
— Tu ne serais pas un peu complotiste ?
— C’est quoi cet amalgame ?
Sophie regarde Rémy, effarée, oui, il est mignon mais qu’est-ce qu’il est con, il pourrait passer à la télévision, se dit-elle en hésitant entre partir et le laisser en plan ou essayer de ranger le taudis qu’il a dans la tête.
— Je peux t’assurer que je ne fais aucun complot, sourit Sophie, je ne vole pas le courrier de mes voisins, je ne détourne pas non plus les mails de mes clients, tu veux que je te raconte le premier complot, c’est quand les Néandertaliens ont voulu tuer un mammouth, je te promets, ils ont sacrément comploté, ils l’ont l’observé pendant des semaines pour connaître ses habitudes, savoir où il dormait, échafauder un plan pour le coincer, mais moi, non, je n’ai jamais chassé de mammouth, je suis pour la paix, je serai même plutôt anti-complotiste.
— N’empêche, tu ne me convaincs pas avec ton masque en plastique.
— Je ne cherche pas à te convaincre, mon chaton, ce serait une trop grande perte de temps et d’énergie.
— Si tout le monde est irresponsable comme toi, on ne s’en sortira jamais.
— Je ne suis pas irresponsable, je suis allergique.
— Hum !
— Comment ça, hum, tu veux que je te montre les photos de mes plaques rouges ? Et si tu veux t’aventurer sur le chemin de l’irresponsabilité, je te signale que nous sommes à cent mètres de chez moi, que je travaille à la maison, mon jules aussi, et que je ne sors pour ainsi jamais, tandis que toi avec ta boîte dans l’immobilier, j’imagine que tu te balades toute la journée avec tes autorisations de boulot, j’ai faux ?
— Non, mais…
— Et puis merde, le coupe Sophie qui s’échauffe, ce n’est pas un virus, tu descends dans la rue, tu tombes, tu meurs.
— Tu es belle quand tu t’énerves.
— Et je suis encore plus belle sans masque si tu veux savoir !
— Je suis sûr que tu es pour Raoult.
— Tu es mignon, mais tu es trop couillon, je me souviens, en quatrième, ta mère qui, à l’époque, était copine avec la mienne qui disait couillon à tout bout de champ, couillon et fada, c’était ses termes préférés quand elle parlait des hommes, te traitait souvent de couillon, crois-moi, elle est mieux dans son Ehpad que de t’entendre déblatérer des idioties aussi grosses que ta voiture, tu as toujours ton énorme 4X4 qui pollue à cent kilomètres à la ronde ? C’est idiot d’être pour ou contre le professeur Raout, c’est aussi bête que d’être pour ou contre la Tour Eiffel, elle est là, un point c’est tout, on ne peut que le constater, comme Didier Raoult, on ne peut que constater que c’est une sommité mondiale, et depuis au moins une douzaine d’années.
— Non mais son traitement…
Sophie ne laisse pas Rémy terminer sa phrase tellement elle a l’impression de l’avoir déjà entendue mille fois.
— Il peut marcher sur toi et pas sur moi, regarde, je suis allergique à deux antibiotiques, décidément, réfléchit Sophie, je suis beaucoup allergique, je ne dis pas pour autant que les antibiotiques, c’est nul, non, les antibios ont sauvé des millions de vie, simplement, certains ne sont pas pour moi, le soin médical, c’est un contrat de confiance entre toi et ton docteur, même ton conjoint, il n’a pas à s’en mêler, le problème n’est pas que ça marche ou que ça ne marche pas, comme je viens de te le dire, ça peut marcher sur toi et pas sur moi ou inversement, le problème est que ce vieux médicament qui a été en vente libre pendant plus de 70 ans, ait été classé substances vénéneuses le 15 janvier, juste avant l’épidémie, et que le 27 mars, par un décret officiel, les médecins de ville n’ont plus eu le droit de le prescrire et les pharmaciens de le vendre, excepté à leurs patients qui l’ont en traitement pour le lupus, les polyarthrites ou une lucite, alors qu’en 2019, trente-six millions de comprimés ont été distribués en France. Et puis qu’est-ce qui te prend, pourquoi tu m’agresses ?
— Je ne t’agresse pas, c’est que j’ai toujours aimé en toi, tu es passionnée, tu t’enflammes vite, je n’ai jamais ce genre de discussion à la maison.
— C’est d’accord.
— C’est d’accord, quoi ?
— Prends les clés de l’un de tes penthouse avec jacuzzi, et allons faire l’amour.
Rémy reste interdit.
— Mais non, je plaisantais, ajoute Sophie hilare en lui donnant une grande claque dans le dos, quoique je coucherais bien avec toi rien que pour faire chier ta femme, je crois que je suis allergique aussi à ses idées convenues, pas embrasser ses gosses, je te jure, ajoute Sophie qui s’éloigne en agitant sa main pour dire au-revoir à Rémy.
— J’aime bien quand tu m’appelles mon chaton ! lui crie-t-il, ébahi, à ne plus savoir s’il doit suivre Sophie ou continuer son chemin.