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Et si Paul Watson avait organisé une opération kamikaze pour mieux faire entendre son combat afin de sauver les baleines ?

Et si Paul Watson avait organisé une opération kamikaze

pour mieux faire entendre son combat afin d sauver les baleines ?

 

En tant qu’écrivain, je m’efforce de ne jamais subir l’information de façon frontale. Je me pose toujours de multiples questions pour mieux la comprendre et l’analyser. Je la regarde aussi sous plusieurs angles, et souvent sous l’angle du : « Et si… ? » 

 

Donc, aujourd’hui, je me pose la question à savoir : et si Paul Watson, incarcéré au Groenland depuis le 21 juillet 2024, avait organisé une opération extrêmement risquée, en mettant sa vie et sa liberté en danger, pour arriver enfin à sensibiliser le monde entier au drame que représente le massacre des baleines par le Japon, la Norvège et l’Islande, trois pays hors-la-loi qui refusent d’accepter le moratoire international promulgué en 1986 par la Commission Baleinière qui interdit la chasse à la baleine ? 

 

Depuis plus de quarante ans, Paul Watson se bat contre ces massacres sans qu’aucune ligne de force n’ait vraiment bougé. Certes, il a réussi à sauver 5000 baleines, mais combien d’entre elles continuent de mourir tous les ans sous les harpons électroniques des baleiniers ? Leur nombre aurait chuté de 5 à 6 millions répertoriés dans les années 50, à seulement 1,5 million aujourd’hui.

 

J’ai du mal à imaginer que Paul se soit fait prendre et arrêter comme un bleu. Trop d’éléments me portent à croire qu’il s’est mis exprès en situation de danger afin que sa parole et son combat touchent enfin le monde entier. Et c’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé. Si tel était son but, il a gagné. Paul a gagné. En effet, le nom de Paul Watson, jusque là connu uniquement des quelques amoureux et défenseurs de la mer, résonne dorénavant dans tous les pays, des photos de baleines et des slogans #freepaulwatson inondent les réseaux sociaux, des chanteurs composent des hymnes en son honneur, des pétitions demandant sa libération sont signées. Bref, Paul Watson que j’ai connu lorsqu’il était mon voisin en 2016 avec son épouse Yana dans le Golfe de Saint-Tropez, est en passe de devenir un héros, une légende. Son combat pour sauver les baleines est enfin entendu. Bravo Paul ! Bravo et merci ! Bravo à ton courage. Bravo à ton opiniâtreté ! Mille bravos  !!!

 

Pour en revenir à mon questionnement, plusieurs éléments me font me penser que Paul a pris exprès le risque de se jeter dans la gueule du loup pour se faire entendre, pour organiser la plus grande opération de communication qui soit. Déjà, il faut savoir que Paul Watson est intelligent, très intelligent. Il est également un excellent communicant. Étudiant, il a suivi des cours de communication au cours desquels il a appris que pour sensibiliser les gens, il fallait produire de l’information chaude, à savoir montrer des images. À contrario, l’information froide est celle fournie par la presse écrite, les gens lisent, mais ne s’identifient pas. Paul s’est donc fait filmer dans tous ses combats. Pour montrer des images qui sensibilisent, mais aussi pour se protéger en apportant des preuves comme quoi, il n’a jamais blessé personne.

 

Depuis que Paul est incarcéré au Groenland, dans les rares interviews et interventions qu’il a pu accorder, il répète régulièrement qu’il est en opération pour sauver les baleines. En expert de la communication, si Paul répète ce mot opération, ce n’est pas anodin, c’est qu’il y a une raison. Il utilise ce mot lorsqu’il prépare et organise une opération en mer avec sa flotte et son équipe. S’il est en opération, comme il aime à le dire, c’est qu’il y a eu, au préalable, une préparation et une organisation.

 

Paul a toujours dit qu’il était capable de donner sa vie pour sauver une baleine. C’est peut-être ce qu’il fait aujourd’hui ? À 73 ans, il a peut-être décidé de jouer le tout pour le tout ?

 

Fin septembre, à ma grande stupéfaction, j’ai appris que Paul Watson avait demandé à l’un de ses mécènes de racheter, il y a un an, un baleinier japonais qui allait être remplacé. Ce sont d’excellents navires capables d’aller sur toutes les mers, que les Japonais changent environ tous les 20 ans. Le mécène a donc fait acheter ce baleinier par un ami afin que le nom de Paul Watson n’interfère pas. Jusque-là, tout va bien. Mais lorsqu’il y a eu la passation de propriétaire, ce qui est un moment extrêmement protocolaire, et ce dans les marines du monde entier, avec tout l’équipage en uniforme, avec l’ancien capitaine qui donne le Handover, c’est à dire la passation des documents techniques et des codes des coffres-forts, au nouveau capitaine, avec la musique de l’hymne national du Japon qui se joue pendant la descente du drapeau, suivi de l’hymne national des États-Unis pendant la levée du nouveau drapeau. Sauf que, hic, ce n’est pas le drapeau américain qui aurait été levé, mais le drapeau de la Foundation Captain Paul Watson (que Paul a créée il y a deux ans lorsqu’il s’est fait évincer de Sea Shepherd Global, l’ONG qu’il a fondée, il y a quarante ans). Par ce pied de nez humiliant, Paul a donc ouvertement fait une déclaration de guerre au Japon. D’ailleurs, le Japon n’a pas tardé à riposter, depuis quelques mois, un nouveau mandat Interpol était lancé contre Watson qui était au courant.

 

C’est ainsi qu’à l’instar du toréador qui agite sa cape rouge pour exciter le taureau et susciter les applaudissements du public, Paul a excité le Japon. Tel un guerrier qui part sabre au clair, il est ensuite allé affronter son pire ennemi sur le champ de bataille. À savoir les mers du Nord et l’Océan Arctique où le baleinier avait prévu de se rendre pour tuer 200 baleines. Sachant qu’il y avait, depuis peu, un mandat international contre lui qui avait refait surface, Paul n’était pas obligé de s’embarquer sur son nouveau navire, l’ancien baleinier japonais, baptisé John Paul DeJoria, du nom de l’un de ses fidèles donateurs. Il pouvait, ainsi qu’il l’a fait plusieurs fois, laisser son équipage et gérer le combat depuis Paris devant son ordinateur et ses appareils de navigation à distance. 

 

Une fois en mer, lorsqu’il a fallu faire le plein en fuel à Nuuk, Paul, connaissant le danger d’aller à terre, pouvait rester loin sur une annexe, hors des eaux territoriales du Danemark, avec quelques membres d’équipage, et attendre en sécurité que le ravitaillement soit effectué. Non, il y est allé. Il s’est rendu à Nuuk, certainement le ventre noué, mais il s’y est rendu en héros, en héros qui n’a pas peur, en héros qui risque sa vie pour sauver les baleines. 

 

Aujourd’hui, grâce au courage et à la témérité de Paul Watson, de nombreuses personnes connaissent enfin l’importance du rôle essentiel que joue la baleine pour notre survie. En effet, ce magnifique et émouvant mammifère marin capte énormément de carbone qu’il accumule. Quand la baleine meurt de mort naturelle, elle entraîne au fond des océans tout ce CO2 qui participe aux écosystèmes des grands fonds marins. D’autre part, ses excréments, remplis d’azote, de fer, de phosphore, nourrissent le phytoplancton qui, à son tour, nourrit le zooplancton qui produit 40% de l’oxygène de notre atmosphère tout en absorbant environ 40% de la production totale de CO2, encore plus que 1700 milliards d’arbres.

 

Pour que Paul Watson n’ait pas fait tout son combat pour rien, il est important de savoir que les baleines sont, certes, victimes de ces baleiniers hors la loi qui les tuent, mais qu’elles meurent aussi, et en très grande quantité, environ 20000 par an, à cause des collisions qu’elles subissent contre les navires marchands, de transports, militaires, les cargos, les bateaux-citernes, les paquebots de croisières, dont le nombre s’est multiplié de façon alarmante. À tel point que certains pays demandent à réguler la vitesse de ces navires. Une autre solution serait d’armer les bateaux de répulsifs à ondes qui préviendraient les baleines de leur arrivée afin de les faire fuir. La future course de voiliers Le Vendée Globes demande d’ailleurs cette année à ses participants d’utiliser ces radars.

 

Un autre problème concernant ces pauvres baleines dont nous avons grandement besoin est que les fonds marins sont devenus extrêmement bruyants d’autant que les bruits sous l’eau se déplacent cinq fois plus rapidement que dans l’air et sur des distances de plusieurs milliers de kilomètres. Entre les forages pour l’industrie pétrolière, le bruit des bateaux, les expériences acoustiques militaires, les cétacés qui communiquent entre eux par des sons très précis, sont désorientés. Affolés, perdus, ainsi que l’explique Greenpeace qui milite pour la création de sanctuaires afin de protéger les baleines, il arrive que ces grands cétacés remontent tellement vite à la surface pour fuir ces bruits qui les effrayent, les stressent et les déboussolent, que cela fait éclater leurs vaisseaux sanguins, ou qu’ils meurent d’une intoxication à l’azote comme le plongeur qui n’aurait pas effectué ses paliers. 

 

Mon cher Paul Watson, encore une fois, bravo et merci pour toutes tes actions héroïques. Je te souhaite de pouvoir retrouver très bientôt ton épouse Yana qui t’attend à Paris auprès de vos deux jeunes garçons. 

 

Sylvie Bourgeois Harel

Interview BFM TV lors de la mobilisation à Paris pour Paul Watson organisée par la Fondation Brigitte Bardot

Interview BFM TV lors de la mobilisation à Paris pour Paul Watson organisée par la Fondation Brigitte Bardot

Sylvie Bourgeois Harel Interview BFM TV Paris

Sylvie Bourgeois Harel Interview BFM TV Paris

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Yana et Paul Watson à la signature de mon roman Sophie à Saint-Tropez en juillet 2026

Yana et Paul Watson à la signature de mon roman Sophie à Saint-Tropez en juillet 2026

Paul Watson est un héros. Il n’y a pas d’autre mot pour le définir. Un héros comme il n’y en a plus. Depuis 50 ans, il se bat pour protéger les baleines. Au péril de sa vie. Et sa vie, aujourd’hui, est en danger. Il a 73 ans, deux jeunes enfants, des garçons de 3 et 8 ans, une femme sublime, Yana. Et il dort en prison. Au Groenland qui est un pays constitutif du Royaume du Danemark. Comme disait déjà Shakespeare dans Hamlet : ” Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark.”

 

Un mandat international court depuis 2012 venant du Japon contre Paul Watson comme quoi il aurait blessé un homme travaillant sur un baleinier. Sauf que Paul n’aurait jamais blessé personne. Ayant fait des études de journalisme au Canada, il a compris que pour émouvoir, il fallait faire de l’information chaude, c’est à dire montrer des images, contrairement à la presse papier que l’on qualifie d’information froide car les personnes lisent mais ne s’identifient pas. Tandis qu’avec la télévision, tout de suite, on entre dans le coeur des gens. Alors Paul a pris l’habitude de tout filmer. Et sur les films qui montrent, soi-disant, une blessure, il n’y en aurait aucune.

 

Pour ma part, je me suis posée la question différemment. J’ai laissé de côté le Japon et je me suis demandé pourquoi le Danemark avait soudain arrêté Paul alors que depuis des années, Paul voyage dans le monde entier, excepté bien sûr le Japon, sans être inquiété ?

 

Et si Paul avait été arrêté uniquement pour des raisons politiques ? Et si le Danemark l’avait arrêté, non pas pour parfaire leurs relations avec le Japon, mais pour faire plaisir aux habitants des Iles Féroé qui sont, comme le Groenland, un pays constitutif du Royaume du Danemark. Les Féroéens vivent principalement de la pêche. Et massacrent également chaque année lors d’un rite traditionnel entre 500 à 800 dauphins et globicéphales en une journée. Un massacre contre lequel Paul Watson s’est opposé plusieurs fois. Un jour, en 2016, alors que je déjeunais au Club 55 sur la plage de Pampelonne, à Ramatuelle, avec Paul et Yana, j’avais même vu Paul aller demander au prince héritier du Danemark qui déjeunait également là de stopper ce massacre. Demande, hélas, qui n’a pas été suivie d’effets.

 

Les Iles Féroé sont autonomes, mais elles désirent devenir indépendantes. En avril 2004, un référendum en faveur de leur indépendance avait remporté 50,72% de voix, sauf que le gouvernement danois avait refusé leur indépendance. Un nouveau référendum était prévu pour le 25 avril 2018, mais le gouvernement danois l’a repoussé aux calanques grecques. 

 

Malgré l’embargo dû à la guerre en Ukraine, les Féroïens continuent de faire du commerce avec la Russie. Un commerce florissant. Une famille spécialisée dans le saumon est même devenue milliardaire en une semaine. Et si les Iles Féroé désiraient se rapprocher encore plus des Russes avec lesquels elles semblent entretenir d’excellentes relations commerciales ? Et si pour convaincre les Iles Féroé de rester Danoises, le Danemark avait arrêté Paul pour leur montrer à quel point, le gouvernement les protégeait en mettant en prison l’homme qui les combat depuis des années en essayant d’arrêter leur massacre annuel de dauphins, et en se battant également contre les dégâts de la pêche intensive qu’ils pratiquent ?

 

Depuis que Paul a été arrêté, je me démène pour trouver la personne idéale qui pourrait parler au roi du Danemark. Qui pourrait faire de la diplomatie. Qui pourrait lui dire qu’il deviendrait lui aussi, à son tour, un héros, en le libérant. Je suis certainement très naïve, mais je suis ainsi. Je n’ai, hélas, pas trouvé beaucoup d’écho. Pourtant j’ai contacté des dizaines de personnes influentes et avec un pouvoir conséquent. Je le vois bien, je l’ai constaté, nombreux sont ceux qui utilisent le drame de Paul pour satisfaire leur égo et faire de l’image en se servant de son arrestation, sans lever le petit doigt pour l’aider. Alors qu’agir, ce n’est pas se montrer idiotement avec une banderole, c’est agir ! 

 

J’ai rencontré à Saint-Tropez John Paul DeJoria et son épouse Eloïse. John Paul est le mécène de Paul Watson. Lorsque Paul a créé La Captain Paul Watson Foundation, après avoir été évincé, il y a un peu plus de deux ans, de Sea Shepherd Global, l’ONG qu’il avait créée il y a 40 ans, John Paul lui a acheté deux bateaux, le Bandero et le John Paul DeJoria. Nous avons longuement discuté. Nous nous sommes revus. Ce matin, après un petit-déjeuner d'au-revoir chez Sénéquier, ils partaient le lendemain, je les ai emmenés prier à la chapelle Sainte-Anne de Saint-Tropez, qu'ils ne connaissaient pas, afin que le Danemark n’extrade pas Paul Watson au Japon. Qu’il le libère ou qu’il le garde encore un peu. Le temps que l’on trouve la bonne personne qui saura convaincre le roi du Danemark d’influer sur son gouvernement que le seul acte digne à accomplir est de libérer Paul Watson. Dans l'après-midi, nous avons appris que cette décision de l'extrader ou non avait été repoussée le matin-même au 2 octobre.

 

Ce week-end, je suis invitée en tant qu’écrivain à présenter mes romans au Salon du Livre de Monaco, Monaco où suis née. Je devrais rencontrer le président de la Fondation Albert II de Monaco. J’ai également demandé par l’intermédiaire de l’un de ses plus proches amis de rencontrer le Prince Albert II. M’entendra-t-il ? Je l’espère. Je voudrais lui souffler, non pas de faire une déclaration officielle, ce genre de déclaration est peut-être compliquée vis-vis du Japon qu’il ne veut pas froisser, non, je voudrais parler à son coeur. Le Prince Albert II a un grand coeur. Je voudrais parler à son coeur avec mes mots remplis d’émotion. Je voudrais lui souffler de s’entretenir avec le roi du Danemark. Entre têtes couronnées, ils peuvent communiquer aisément. Seul l’amour peut sauver Paul aujourd’hui. J’ai trop peur qu’il meure dans les prisons danoises. Mon héros ne mérite pas ça. Les baleines ne méritent pas ça. Les océans ne méritent pas ça. Ses enfants, son épouse, ne méritent pas ça. 

 

Le cinéma et la littérature sont remplis de héros. Paul Watson est un héros vivant. N’attendons pas qu’il soit mort pour lui rendre hommage et lui reconnaître toutes ses vertus. Comme a dit Berlioz quelques jours avant de partir au paradis : ” Ah, quel talent je vais avoir demain, on va enfin maintenant  jouer ma musique ! ” 

 

Sylvie Bourgeois Harel

Le 4 septembre 2024

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Le rôle essentiel des baleines dans l'écosystème

Le rôle essentiel des baleines dans l'écosystème

 

Mon premier contact avec les grands mammifères marins remonte à mes 9 ans. Le parc aquatique de Marineland vient d’ouvrir à Antibes. Ma maman m’y emmène. Je suis très fière car, durant le spectacle, l’instructeur me choisit parmi les centaines d’enfants assis sur les gradins qui levaient la main. Quelques minutes plus tard, je suis sur la margelle, au bord du bassin, quand, soudain, un mâle orque, de 7 à 8 mètres de long, dépose une bise affectueuse sur ma joue aussi délicatement qu’un amoureux.

 

De retour à la maison, ma mère est sceptique. Oui, elle est contente que je sois ravie de ce baiser marin, oui, elle me félicite du dessin que j’ai fait de mon nouvel amoureux orque avec son dos noir, son ventre blanc et sa tâche blanche derrière l’œil, ce qui lui confère un air coquin et rieur, mais elle finit par me confier que c’est épouvantable que ces animaux soient privés de leur liberté. 

 

— Imagine Sylvie, c’est aussi méchant que si quelqu’un m’enlevait et m’enfermait à vie dans une pièce proportionnellement pas plus grande que la chambre du haut. Je n’aurais plus la possibilité de te voir. Et toi non plus. Tu me chercherais. Mais tu ne saurais pas où je suis. Je deviendrai folle. Ton copain orque va certainement devenir fou. Je ne vois pas d’autre issue. Nous ne retournerons plus jamais à Marineland, c’est trop triste.

 

L’année d’après, mes parents achetèrent un voilier. Durant une traversée pour aller en Corse, nous avons croisé un banc d’orques, les mêmes que mon amoureux avec le dos noir, le ventre blanc et cette rigolote tâche blanche derrière l’œil.

 

— Je les préfère ainsi, m’a dit ma mère. Regarde comme ils sont heureux à sauter dans l’eau. Non, vraiment, nous n’irons plus jamais à Marineland

 

Ma plus belle vision en voilier fût de voir une maman dauphin avec son petit collé sur son flanc. C’était hyper émouvant. J’étais en larmes. Puis ma mère mourut. Un mois plus tard, je suis en bateau devant le port de Monaco pour contempler le feu d’artifice. Soudain, un cachalot sort de l’eau, à la verticale, comme un dernier salut de ma maman-sirène-dauphin qui adorait les baleines.

 

Alors j’ai lu. J’ai appris. J’ai regardé des films. J’ai vu un documentaire déchirant dans lequel une maman baleine essaye de protéger son jeune bébé de la férocité des orques qui en raffolent. Elle nage, elle nage, elle nage de plus en plus vite, entraînant avec elle son petit qui, essoufflé, finit par être dévoré par les orques qui les suivaient patiemment, sachant qu’à un moment donné le bébé n’arriverait plus à tenir ce rythme effréné. C’était déchirant. Extrêmement désolant. Mais c’est la loi de la nature. La loi de la chaîne alimentaire naturelle. J’ai aussi vu des gravures et des peintures de baleiniers qui chassaient les baleines au Moyen-Âge. Ils en ont tellement chassé qu’ils ont pratiquement décimé le Golfe de Gascogne. Ils se sont alors déplacés vers les mers du Nord. J’ai lu aussi Moby Dick de Herman Melville qui raconte l’histoire de cette baleine harponnée qui, en 1820, folle de douleur, a éperonné le navire Essex jusqu’à le faire couler, et comment quelques marins réussirent à survivre en se livrant à des actes de cannibalisme.

 

La chasse à la baleine est ensuite devenue de plus en plus violente. De plus en plus perfectionnée. De plus en plus sophistiquée. Ne laissant aucune chance de survie aux baleines. Mettant en danger de nombreuses espèces qui tendent à disparaître. C’est bien simple, dans les années 50, 5 à 6 millions de baleines avaient été répertoriés contre 1,5 million aujourd’hui. Si bien qu’en 1986, un moratoire a été promulgué par la Commission Baleinière Internationale. Moratoire que ne respectent pas le Japon, ni la Norvège, ni l’Islande, qui continuent, chaque année, de tuer encore et toujours plus de baleines. 

 

Outre le côté dramatique, sanglant, inhumain, violent, dégueulasse, de la chasse à la baleine, que je déplore et qui me révolte, d’autant que la baleine a une conscience, une intelligence, des émotions, de la mémoire, il est essentiel de savoir que la baleine contribue à notre survie. En effet, la baleine capte énormément de carbone dans l’atmosphère. Non seulement, elle le capte, mais elle le stocke. Donc, plus elle vit longtemps, plus elle en accumule. Et quand elle meurt de mort naturelle, elle entraîne avec elle au fond des océans tout ce CO2 qui, en s’intégrant aux sédiments marins, participe aux écosystèmes des grands fonds. Et c’est toujours ça de moins dans l’atmosphère.

 

Ensuite, la baleine fait des gros popos. Vu sa taille, des popos énormes. Elle remonte à la surface de l’eau pour déposer ses popos qui contiennent de l’azote, du fer et du phosphore, qui nourrissent le phytoplancton qui, à son tour, nourrit le zooplancton. Ces créatures microscopiques produiraient 40% de l’oxygène de notre atmosphère tout en absorbant environ 40% de la production totale de CO2, encore plus que 4 forêts amazoniennes réunies que l’on pourrait aussi compter en 1700 milliards d’arbres. C’est dire l’importance de la baleine pour la survie des êtres humains. 

 

C’est fou de constater qu’il suffit d’une poignée de prédateurs organisés pour détruire la vie dans nos océans. Pour détruire également une partie de la vie sur terre. Face à ces prédateurs en bandes organisées, pour ma part, c’est un sentiment d’impuissance et de colère qui m’envahit. Que faire pour lutter ? Le seul qui se battait contre ces monstruosités est en prison. Dieu seul sait quand Paul Watson retrouvera sa liberté, s’il la retrouve. 

 

Le constat est que nos mers deviennent de plus en plus polluées. Qu’elles ont de moins en moins de poissons qui sont décimés par la pêche intensive et industrielle qui, avec ses gigantesques filets dérivants, longs de dizaines de kilomètres, détruit autant les récifs de corail que les habitats sous-marins que des milliers d’espèces vivantes qui ne seront même pas mangées. Qu’il y a une raréfaction des grands mammifères marins. Parfois j’entends dire que c’est bien que les requins commencent à s’approcher des plages de Méditerranée. Non. Ce n’est pas bien. Ils se rapprochent car ils n’ont plus assez de nourriture au large. Ils cherchent d’autres terrains de chasse. 

 

Pour que Paul Watson n’ait pas fait tout son combat pour rien, il est important de savoir que les baleines sont, certes, victimes de ces baleiniers hors la loi qui les tuent, mais qu’elles meurent aussi, et en très grande quantité, environ 20000 par an, à cause des collisions qu’elles subissent contre les navires marchands, de transports, militaires, les cargos, les bateaux-citernes, les paquebots de croisières, dont le nombre s’est multiplié de façon alarmante. À tel point que certains pays demandent à réguler la vitesse de ces navires. Une autre solution serait d’armer les bateaux de répulsifs à ondes qui préviendraient les baleines de leur arrivée afin de les faire fuir. La future course de voiliers Le Vendée Globes demande d’ailleurs cette année à ses participants d’utiliser ces radars. 

 

Un autre problème concernant ces pauvres baleines dont nous avons grandement besoin, est que les fonds marins sont devenus extrêmement bruyants d’autant que les bruits sous l’eau se déplacent cinq fois plus rapidement que dans l’air et sur des distances de plusieurs milliers de kilomètres. Entre les forages pour l’industrie pétrolière, le bruit des bateaux, les expériences acoustiques militaires, les cétacés qui communiquent entre eux par des sons très précis, sont désorientés. Affolés, perdus, ainsi que l’explique Greenpeace qui milite pour la création de sanctuaires afin de protéger les baleines, il arrive que ces grands cétacés remontent tellement vite à la surface pour fuir ces bruits qui les effrayent, les stressent et les déboussolent, que cela fait éclater leurs vaisseaux sanguins, ou qu’ils meurent d’une intoxication à l’azote comme le plongeur qui n’aurait pas effectué ses paliers. 

 

Et puis toute cette souffrance animale, que ce soit les baleines ou les abattoirs industriels de bœuf, veaux, cochons, toute cette industrialisation de la mort des animaux, participe à la souffrance humaine. Beaucoup de personnes se plaignent de déprime, de mal-être, de manque de sens à leur existence, mais c’est normal, ils ne peuvent pas vivre impunément entourées de tous ces massacres.

 

Sylvie Bourgeois Harel

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