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ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE - Sylvie Bourgeois Harel

ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE - Sylvie Bourgeois Harel

« Lorsque j’écris une nouvelle, un style littéraire qui me convient parfaitement, je suis aussi concentrée que si je tirais à l’arc afin que ma flèche atteigne avec une rapidité fulgurante mon but : le cœur.C’est d’ailleurs de là d’où je pars. Le cœur. Je suis au cœur du cyclone, de la tempête que traversent mes personnages. Je suis au cœur de l’intime. Plus rien d’autre ne compte. Que l’intime et l’émotion. Je retire les descriptions et les mots inutiles. Je vais à l’essentiel. Je suis dans une urgence absolue. Je prends alors une longue et profonde inspiration, comme lorsque je plonge en apnée dans la mer. Et je remonte à la surface écrire, guidée uniquement par l’émotion et la musique de mes mots. Voilà, c’est exactement cela. Je travaille mon style tel une partition de musique. »

Après En attendant que les beaux jours reviennent, publié aux éditions les Escales, en poche chez Pocket, chez Piper en Allemagne, ou ma série des Sophie, Sophie à Cannes, Sophie au Flore…, commencée chez Flammarion, ou encore Brèves enfances aux éditions Au diable vauvert, j’ai choisi, pour mon dixième livre, de revenir avec un nouveau recueil de nouvelles, le deuxième que j’écris, un genre que j’adore.

Et qu’adore aussi ma meilleure amie d’enfance, Nathalie, que j’aime et qui m’aime depuis que nos deux mamans se sont rencontrées lorsque nous avions un an. Nous habitions la même maison à Besançon, sa famille au premier étage, la mienne au rez-de-chaussée. Nous ne nous sommes jamais quittées et encore moins fâchées. Jamais. C’est un amour pur. Inconditionnel. La plus belle déclaration d’amour que Nathalie m’ait faite, c’était il y a deux ans, un matin, elle m’a téléphoné en larmes me disant qu’elle avait fait un cauchemar, je ne respirais plus.

Tout ça pour vous dire que je dédie mon recueil à Nathalie qui n’arrive pas à lire des livres car elle s’endort toujours à la dixième page. Ouf, mes nouvelles ne dépassent jamais les huit à neuf pages ! D’ailleurs beaucoup de mes lecteurs sont comme ma Nathalie chérie qui aime lire une de mes courtes mais intenses histoires avant de partir dans les bras de Morphée.

Mon recueil On oublie toujours quelque chose comporte 19 nouvelles. De Schizofamily à L’Architecte en passant par Je suis bien chez toi ou John et Johnny, je les ai toutes écrites au “je’. En effet, la première question que je me pose dès que je commence un texte est de décider si j’emploie le “je”, ou la 3ème personne du singulier. Le “je” me permet d’être au coeur de mon sujet. Ce “je” est parfois la voix d’un homme perdu, d’un petit garçon malheureux, d’un architecte qui souffre d’un optimisme obsessionnel, d’un fantôme, d’une femme exaltée…

Tous mes personnages sont drôles, émouvants, étonnants et ont, en commun, un besoin effréné d’amour, et aussi beaucoup d’amour à offrir, d’amour à partager ainsi qu'une tonne d’incompréhension et de questionnements…

L’amour est mon terreau d’inspiration. L’amour, la beauté, la nature, la pensée, le rire, l’humour… Ça occupe mes journées. Voilà mon rythme, j’écris, je dessine, je lis puis je vais marcher une heure et nager dans la mer méditerranée qui m’a vue naître et que j’adore !

Sylvie Bourgeois Harel

VOUS POUVEZ AUSSI LE COMMANDER EN M'ENVOYANT UN MESSAGE SUR MON ADRESSE MAIL : slvbourgeois@wanadoo.fr

ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE, recueil de nouvelle de Sylvie Bourgeois Harel
ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE, recueil de nouvelle de Sylvie Bourgeois Harel
ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE, recueil de nouvelle de Sylvie Bourgeois Harel

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L'écrivain Sylvie Bourgeois Harel devant Alcyon durant les Voiles de Saint-Tropez - 2021

L'écrivain Sylvie Bourgeois Harel devant Alcyon durant les Voiles de Saint-Tropez - 2021

La Nioulargue de mon papa

En croquant dans une madeleine qui vient des Deux frères, ma boulangerie préférée de Saint-Tropez, assise devant Alcyon, un vieux gréement qui fête cette année ses 100 ans, je me souviens avec émotion d’une Nioulargue de mon père. Mon père était beau, drôle et généreux. Quand mon frère aîné, Gustave, à 14 ans, a voulu un voilier, il lui en a acheté un, un Shérif rouge de 6 mètres de long, comme ça, sans réfléchir, juste pour faire plaisir à son fils, au grand dam de ma mère qui aurait préféré qu’avec cet argent, mon père fasse repeindre la cuisine de notre maison. C’est ainsi que la passion de mon père pour la voile est née. Il faut dire qu’il a appris à nager à seulement 25 ans, le jour où ma mère l’a amené à Cap-d’Ail, près de Monaco, et qu’il voyait, pour la première fois de sa vie, la mer. 


Mon père est né pauvre, très pauvre, enfant, il ne se lavait qu’une fois par semaine dans la cuvette d’eau chaude familiale, et faisait 8 kilomètres à pied, chaque matin, pour se rendre à l’école. Dès qu’il a commencé à gagner de l’argent, il l’a dépensé allégrement et en a fait profiter ses amis. Tous les ans, il louait une goélette ancienne très élégante pour participer à la Nioulargue, une semaine de régates à Saint-Tropez qui conjuguait parfaitement son amour de la mer et de la fête. Son plus grand plaisir était de pouvoir s’amarrer devant chez Sénéquier. « Si, je vous assure, j’amarrais mon voilier juste devant les fauteuils rouges », il disait, en riant, à ses copains quand il rentrait à Besançon. C’était son bonheur que Gustave, qui travaillait pour cette course, contribuait à lui organiser.


Nous sommes en octobre 1986. Il est minuit quand, soudain un garde-côte entre affolé dans le restaurant où nous finissons de dîner.


— Le bateau de votre père a disparu, nous lance-t-il, affolé, il n’est toujours pas rentré au port, on a regardé partout dans la baie, mais rien, il ne répond pas non plus à sa radio, peut-être avez-vous eu de ses nouvelles ? 


Je ne suis pas inquiète. Je me dis que mon père a dû profiter de la pleine lune pour passer la soirée en mer. De son côté, Gustave fulmine. Il déteste la tendance de mes parents, et la mienne aussi, à l’excentricité, la liberté, l’amusement. Mon père a bien fait de lui acheter un Shérif à 14 ans, il en a fait son métier, il est devenu skipper sur des Maxis, des voiliers de course parmi les beaux du monde. Gustave aurait pu aussi faire un excellent militaire. Il adore donner des ordres ou obéir aux ordres d’un chef, si une hiérarchie a été établie.


— Nous allons reprendre les recherches, continue le garde-côte, voulez-vous venir avec nous ?
— Bien chef ! répond Gustave en enfilant son ciré jaune. 


Pendant la Nioulargue, le ciré jaune était l’uniforme dans le village, aussi pour ceux qui ne naviguaient pas et qui avaient envie de ressembler à ces beaux marins aux cheveux blonds décolorés par le soleil et à la barbe envahie de sel de mer, les filles d’ailleurs en étaient folles, sauf moi, j’avais mon amoureux-chef de La Nioulargue en cachette. 


— Je pars avec vous, dis-je en croquant dans la tarte tropézienne que me tend mon amoureux.
— Non, c’est trop dangereux, me dit Gustave.
— Taratata, c’est mon papa aussi, j’y vais.

Une heure plus tard, nous arrivons au large de la plage de Pampelonne quand, soudain, nous entendons la Walkyrie de Wagner retentir dans la nuit. Nous nous dirigeons au son quand, eurêka, le bateau de mon papa est là, au mouillage, au milieu de la baie. Hop, nous montons à l’abordage. Et, là, mon père complètement saoul tend un verre de whisky de bienvenue au garde-côte étonné tandis que Sosthène, son copain-restaurateur qu’il emmène partout, nous propose une crêpe Suzette que j’accepte aussitôt. J’adore les crêpes et j’adore Sosthène, un petit bonhomme tout gros tout gentil tout rouge, qui adore nourrir mon père qui peut manger et boire ce qu’il veut sans prendre un gramme. Toute mon enfance, je ne me suis d’ailleurs nourrie que de crêpes et de baguettes beurrées avec du miel ou de la confiture rouge.

 

Pendant que Gustave crie après mon père qui n’écoute pas, occupé à offrir une tartine de cancoillotte, c’est le fromage tout mou très fort de notre région, la Franche-Comté, au garde-côte, Sosthène m’installe dans le carré du voilier, ravi que je sois la digne descendante de mon père qui apprécie sa bonne cuisine pleine de beurre, de gras et de sucre. 


— Ça suffit maintenant, je mets le moteur en marche, on rentre au port, assène Gustave, furieux de voir le garde-côte en grande discussion avec mon père sur la provenance de son whisky hors d’âge.

Mon père était un homme charmant, bienveillant et rigolo. Tout le monde l’adorait.


— Impossible, s’interpose mon père, on doit attendre Prieur.
— Ah oui, c’est vrai, où est Prieur ? dis-je en avalant ma troisième crêpe sous les yeux béats de Sosthène qui n’arrête pas de répéter en me pinçant la joue : « tu es une bonne petite, Sylvie, tel père, telle fille ! »


Prieur était le masseur-kinésithérapeute de mon père qu’il emmenait également chaque fois qu’il faisait du bateau.


— Il a plongé, il y a une heure, continue mon père en allumant une cigarette, une Disque bleu sans filtre.

Il en fumait tellement qu’il avait la dernière phalange de l’index tout marron.

— Son rêve a toujours été d’aller en Corse à la nage, continue-t-il. Après dîner, il s’est mis tout nu et il a plongé. Depuis on ne l’a plus revu. On ne peut pas le laisser, on doit l'attendre, on partira quand il sera revenu.
— S’il revient, j’ajoute.


Le garde-côte me questionne du regard.


— Ben oui, il est aveugle, Prieur, il a sauté sur une bombe lors de son service militaire. 
— C’est pour ça qu’on a mis la Walkyrie, argumente mon père, pour qu’il se repère au son de la musique. Il fonctionne ainsi au ski. Il descend les pistes noires à fond la caisse, et sa fille le guide devant avec un sifflet. 


Le skipper, un Polonais qui cuvait son vin sur une banquette, en profite pour se réveiller. Impressionné par l’uniforme et la casquette du garde-côte, il sort de sa cave personnelle une bouteille de vodka.

— Puisqu’on a les autorités portuaires avec nous, il faut fêter ça, hein chef, s’exclame-t-il en lui versant un verre.


C’est à ce moment-là que je me suis endormie dans la cabine de mon père, loin des effluves d’alcool et de cigarettes et des chants à la gloire de la Marine que le garde-côte et le Polonais n’ont pas tardé à enchaîner.


Trois heures plus tard, je suis réveillée par un bruit sourd et tonitruant. Prieur était revenu nu et trempé. Il saisit le verre de whisky que lui tend mon père, l'avale cul sec, puis s’écroule au sol, mort de fatigue.


C’était ça mon papa. 


Fin septembre 1994, mon père a 68 ans. il se prépare pour aller à La Nioulargue, mais sans bateau cette-fois. Il est ruiné. L’usine qui fabrique et commercialise les toilettes design et écologiques qu’il a dessinées et créées, pour lesquelles il a hypothéqué la maison afin de déposer un brevet au niveau mondial, ce qui est très coûteux, l’a escroqué et refuse de lui payer ses royalties qui sont sa retraite, en tant qu’architecte, il n’en a aucune.

Sa valise est prête. Sosthène et Prieur l'attendent. Soudain, mon père tombe inerte au sol devant ma mère affolée. Les pompiers arrivent. Il a un AVC. Après trois semaines, inconscient, à l’hôpital, il se réveille, mais ne peut plus parler, il est paralysé de tout le côté droit. Il restera ainsi, sur sa chaise roulante, sans dire un mot, mais avec son beau regard bleu et toujours vif, pendant deux ans. Jusqu’au 4 octobre 1996, exactement où il est mort à minuit. Pendant ce temps, avec ma mère, nous avons gagné le procès que nous avions intenté contre l'usine qui, pour ne pas payer les millions de francs de royalties qu'elle nous devait, a déposé le bilan, et a reconstruit une autre usine juste à côté pour fabriquer les mêmes toilettes avec quelques légères modifications afin de ne pas être accusée de plagiat.


À Saint-Tropez, il n’y a plus de Nioulargue depuis l’année précédente, suite à un accident mortel survenu entre Mariette, une goélette aurique de 42 mètres et Taos Brett, un 6 Mètres JI, causant le décès d’un des coéquipiers.

Le lendemain, à midi, Gustave a demandé à tous les bateaux présents dans le port de Saint-Tropez de faire sonner leurs sirènes pendant cinq minutes afin de rendre un dernier hommage au marin Pierre Bourgeois, mon papa.


Pierre Bourgeois 1926 - 1996 

Sylvie bourgeois Harel

La Nioulargue de mon papa fait partie des 19 nouvelles de mon recueil On oublie toujours quelque chose.

 

L'architecte Pierre Bourgeois à Besançon avec sa fille Sylvie

L'architecte Pierre Bourgeois à Besançon avec sa fille Sylvie

Sylvie Bourgeois - Août 1984 - Ramatuelle

Sylvie Bourgeois - Août 1984 - Ramatuelle

Sylvie Bourgeois 1986 - Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois 1986 - Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois 1985

Sylvie Bourgeois 1985

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Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Cap-Taillat - Maison des Douaniers

Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Cap-Taillat - Maison des Douaniers

J'ai 20 ans. Je fais toutes sortes de boulot depuis l'âge de 12 ans. J'ai quitté Besançon et Monaco, et je travaille depuis neuf mois chez Daniel Crémieux, une boutique pour hommes, rue Marbeuf, à Paris. Le mois de juin arrive. Mon frère aîné Max me propose de faire un aller-retour avec lui, en voiture, à Saint-Tropez pour voir un certain Patrice de Colmont qu'il avait rencontré l'année d'avant à Porto-Cervo lorsque celui-ci avait débarqué dans le port sarde qui abritait toute la jet-set afin de convaincre les propriétaires de Maxis (voiliers de 24 mètres appartenant à des milliardaires qui ne régataient qu'entre eux, pour la journée, autour de triangles olympiques,  et dans les plus beaux endroits du monde, avec 24 équipiers à bord, tous des marins hors pair. Max était skipper sur l'un d'eux) de participer à la course de la Nioulargue qu'il venait de créer. Nous arrivons à 17 h au Club 55. Patrice s'installe avec nous à une table. Les deux parlent bateaux et faisabilité. Au moment de partir, je dis à Patrice :

- C'est très joli chez vous, je viendrai bien travailler juillet, août. L'été dernier, j'ai été serveuse pendant le mois d'août chez votre voisin, à la plage du Planteur.

Si seulement j'avais eu la capacité de lui dire que durant ce même mois d'août, je m'étais fait violer pas très loin de là. Il pleuvait. On nous avait donné notre journée. J'ai fait du stop pour aller voir ma mère à Cap-d'Ail. Le chauffeur s'est éloigné de la route du bord de mer pour prendre, soi-disant, un raccourci à cause des embouteillages. En haut d'une colline, il a arrêté la voiture dans un endroit désert, et s'est jetée sur moi en pointant un cran d'arrêt sur ma gorge. Puis il m'a poussée de sa voiture en me disant que j'étais trop conne, que si j'avais été gentille, il m'aurait acheté pleins d'habits et m'aurait offert un grand coiffeur. Je suis rentrée à pied et en bus. Je n'en ai parlé à personne. Je n'ai pas porté plainte non plus. Je me sentais sale, honteuse et stupide. C'est de ma faute, je répétais en larmes sous la douche du bungalow où j'étais logée sur la plage de Pampelonne, pendant que j'essayais de me laver de cette humiliation.

- Avec plaisir, me répond Patrice, mais l'année prochaine, mon équipe est complète pour la saison.

N'ayant aucune envie d'attendre un an, je ne savais pas (et ne sais toujours pas d'ailleurs) me projeter au-delà d'un mois, j'ai insisté :

- Vous savez quoi, réfléchissez à ma proposition et je vous rappelle la semaine prochaine.

La semaine prochaine, je l'appelle :

- J'ai réfléchi, me répond Patrice, oui, je vous embauche tous les matins, vous mettrez les nappes sur les tables et ferez les bouquets.

- Ah non, ce n'est pas possible, je lui dis, j'ai besoin de travailler à temps complet, je suis pauvre, je dois gagner ma vie, et puis je vais quoi faire de mes après-midis, j'ai horreur de rester sur la plage quand il fait chaud.

- Bon, fait Patrice, rappelez-moi demain, je vais chercher une solution.

Le lendemain :

- Coucou, c'est moi ! je fais gaiement.

- Coucou, me répond Patrice aussi gaiement. Voilà j'ai trouvé une solution. J'avais un restaurant avec mon frère que nous venons de vendre. J'ai parlé aux nouveaux propriétaires qui sont d'accord pour vous embaucher le soir. Ainsi vous travaillez chez moi le matin et chez eux le soir.

- Ah non, ce n'est pas possible, je vais faire quoi dans la journée, je vous l'ai dit, j'ai horreur d'être sur la plage quand il fait chaud, et puis si je travaille chez eux le soir, je vais être fatiguée le matin chez vous, non, il me faut un travail à temps complet.

- Alors, venez chez moi, acquiesce Patrice, je vous embauche à plein temps.

Deux semaines plus tard, je commence mon travail au Club 55, au bar du restaurant. Chaque jour, Patrice me demande de déjeuner à sa table et pas avec les autres employés. Il me parle beaucoup. Je l'écoute en attendant avec impatience la fin du repas pour pouvoir aller me baigner avant de reprendre mon service. Je me baignais chaque jour avant et après mon travail. C'était très gai. Un soir, un anniversaire est organisé pour un client. Une fois que tous les invités et serveurs sont partis, Patrice, lui, ne part pas.

- Tu sais, je lui dis, tu n'es pas obligé d'attendre que l'on s'en aille, regarde, j'ai organisé près du bar un grand lit avec des draps, une couverture et des matelas. Avec Frédéric,on va dormir là. Frédéric était homosexuel et travaillait avec moi au bar. Patrice me regarde, les yeux remplis d'admiration.

- C'est toi qui as raison, me dit-il, tu as tout compris de la vie, c'est le plus beau lit qui soit.

- Tu veux dormir avec nous ?

- Oui.

- D'accord, mais avant, je vais nous préparer une omelette.

Nous avons soupé tous les trois à 2 heures du matin au milieu du Club éclairé par la lune, c'était féérique, je suis toute jeune et heureuse d'avoir su créer ce moment exceptionnel avec ces deux bonnes personnes autour de moi. Je suis heureuse mais je n'ai pas la capacité de comprendre que je suis amoureuse. Puis j'ai emmené Patrice et Frédéric se baigner. J'ai toujours besoin et envie de me baigner. Été comme hiver. Patrice s'est mis tout nu. Moi aussi du coup. Frédéric, je ne me souviens plus. Dix minutes plus tard, je m'endormais entre Frédéric et Patrice. Le lendemain matin, à 7 heures, les plagistes défilaient devant nous :

- Regardez, chut, il y a le patron qui dort avec Sylvie.

Il y a quelques mois, j'ai revu Frédéric durant cet été 2020. Il me rappelle ce souvenir.

- Tu ne savais pas que Patrice était amoureux de toi ? me demande-t-il, étonné.

- Non.

- Pourtant, au Club, tout le monde le savait.

- Sauf moi.

J'avais 20 ans. J'étais brisée par les abus que j'avais subis enfant (ce n'était pas mon papa qui était un être merveilleux), et par le viol de l'année auparavant. Je n'avais pas la capacité de comprendre que Patrice était tombé amoureux de moi en me voyant, et encore moins de comprendre que moi aussi j'étais également tombée amoureuse de lui. J'étais une jeune femme brisée qui ne savait que fuir l'amour. Je ne savais que fuir l'amour et continuer de me briser en me faisant mal.

Sylvie bourgeois Harel

Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Les voyageurs sans trace - Salle Albert Raphaël - Ramatuelle

Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Les voyageurs sans trace - Salle Albert Raphaël - Ramatuelle

Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Le Club 55 - @ Gilles Bensimon

Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Le Club 55 - @ Gilles Bensimon

Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Le Club 55 - Tee-shirt de Richard Poppitti que j'ai customisé

Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Le Club 55 - Tee-shirt de Richard Poppitti que j'ai customisé

Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Château de La Mole - Mars 2020

Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Château de La Mole - Mars 2020

Sylvie Bourgeois Harel - écrivain - Le club 55 - Ramatuelle - Pampelonne - Janvier 2021

Sylvie Bourgeois Harel - écrivain - Le club 55 - Ramatuelle - Pampelonne - Janvier 2021

Sylvie Bourgeois Patrice de Colmont Le Club 55 Ramatuelle Pampelonne

Sylvie Bourgeois Patrice de Colmont Le Club 55 Ramatuelle Pampelonne

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Club 55 Cup 2016. Sylvie Bourgeois Harel interviewe Patrice de Colmont et Eugénia Grandchamp des Raux

Club 55 Cup 2016. Sylvie Bourgeois Harel interviewe Patrice de Colmont et Eugénia Grandchamp des Raux

Le Club 55. Patrice de Colmont, Eugénia Grandchamp des Raux et André Beaufils. 2016

Le Club 55. Patrice de Colmont, Eugénia Grandchamp des Raux et André Beaufils. 2016

Patrice de Colmont - Marcelline l'aubergine - Sylvie Bourgeois Harel - Le Club 55 - 2018

Patrice de Colmont - Marcelline l'aubergine - Sylvie Bourgeois Harel - Le Club 55 - 2018

Sylvie Bourgeois Patrice de Colmont Le Club 55 Pampelonne Voiles de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Patrice de Colmont Le Club 55 Pampelonne Voiles de Saint-Tropez

Passionnée de mer et de bateaux à voiles, Marcelline, après avoir regardé les photos de Sylvie lorsqu’elle participait à La Nioulargue, a demandé à Patrice de Colmont de lui raconter comment il a eu l’idée de créer cette régate devenue une référence mondiale dans le milieu du nautisme où de grands navigateurs tels qu’Éric Tabarly (vainqueur entre autres de la Transat 1976 sur Pen-Duick VI), Bruno Troublé (finaliste de la Coupe America, America’s Cup, sur France III du Baron Bich et créateur de la Coupe Louis-Vuitton) ou Alain Gabbay ont participé.

Tout débute en septembre 1981. Patrice de Colmont pour s’amuser demande à son client devenu ami Dick Jason, propriétaire de Pryde, un Swan 44, s’il est capable de gagner Ikra, un 12 mètre JI appartenant à Jean Redelé et skippé par Jean Lorrain, sur un circuit allant de Saint-Tropez à la bouée de la Nioulargue pour terminer sur la plage de Pampelonne, à Ramatuelle, où un déjeuner attend les deux équipages dans son restaurant Le Club 55.

L’ambiance est tellement bonne que l’année d’après, le défi est relevé avec de nouveaux participants. Afin d’acquérir une véritable notoriété, en 1983, Patrice de Colmont, accompagné d’Alain Gouedart et de leur bande, se rendent à Porto Di Cervo, en Sardaigne, pour convaincre les onze propriétaires des prestigieux Maxi de participer à sa régate. À l’époque, les Maxi est une classe YCAYA de sloops d’environ 70 pieds, 23 à 25 mètres, jauge JOR, super légers, dont le mat est immense, appartenant à un Club très fermé de milliardaires qui avaient leur propre comité de course, leurs propres règles et ne régataient qu’ensemble dans les plus beaux endroits du monde. Il y avait Edmond de Rotshchild avec Gitana, Herbert Von Karajan avec Hélisara, Jim Kilroy avec Kialoa, William Whitehouse avec Mistress Quickly, Albert Mirlesse avec Mylène, Christian de Galéa avec Coriolan ou encore Midnight Sun.

Outre les Maxi, la Nioulargue réunissait des voiliers de tous âges, de toutes jauges, des récents, des vieux gréements, des gréements de tradition tels que Shenandoah ou La Créole, des gréements auriques, des voiliers classiques de Jauge Internationale, et les plus belles goélettes du monde telles qu’Altaïr ou Moonbean. C’était un spectacle sublime !

Malheureusement, en 1995, un accident mortel survenu entre Mariette et Taos Brett sonne la fin de cette course qui sera reprise en 1999 par La Société Nautique de Saint-Tropez sous le nom Les Voiles de Saint-Tropez.

Sylvie Bourgeois Harel - Shenandoah - La Nioulargue

Sylvie Bourgeois Harel - Shenandoah - La Nioulargue

Jean Lorrain - Patrice de Colmont - Dick Jayson - Le Club 55 - La Nioulargue - 1981

Jean Lorrain - Patrice de Colmont - Dick Jayson - Le Club 55 - La Nioulargue - 1981

Sylvie Bourgeois Harel - Agathe Miserez - Hervé Bourgeois - Max Bourgeois - Virginio Bruni Tedeschi - La Nioulargue - Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Agathe Miserez - Hervé Bourgeois - Max Bourgeois - Virginio Bruni Tedeschi - La Nioulargue - Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline - Patrice de Colmont - Le Club 55 - 2018 - T-shirt Richard Popitti

Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline - Patrice de Colmont - Le Club 55 - 2018 - T-shirt Richard Popitti

Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Marcelline l'aubergine - Le Club 55 - T-shirt Richard Popitti

Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Marcelline l'aubergine - Le Club 55 - T-shirt Richard Popitti

 

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Sam, mon chien quand j'étais enfant

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Ma mère, Hélène Bourgeois, décédée le 7 juillet 1997

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  Hélène Bourgeois, à 16 ans

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  Hélène Bourgeois (née Onimus), à 22 ans, à Nermier (Jura)

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Mon père, Pierre Bourgeois, décédée le 4 octobre 1996

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Pierre Bourgeois, enfant dans le Haut-Doubs

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Mes grands-parents paternels, Achille et Cécile Bourgeois

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Mes grands parents maternels

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Bébé

 

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À 2 ans avec ma mère

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À l'inauguration de l'atelier de mon père

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Avec ma Nathalie qui est toujours ma meilleure amie

 

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À 23 ans

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Sur Shenandoah pendant une Nioulargue

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Sylvie Bourgeois - Shenandoah - Nioulargue

Sylvie Bourgeois 2003

Sylvie Bourgeois 2003

Sylvie Bourgeois 1998

Sylvie Bourgeois 1998

Sylvie Bourgeois 2003

Sylvie Bourgeois 2003

Sylvie Bourgeois 1998

Sylvie Bourgeois 1998

Sylvie Bourgeois 1998

Sylvie Bourgeois 1998

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  • : Sylvie Bourgeois fait son blog
  • : Sylvie Bourgeois Harel, écrivain, novelliste, scénariste, romancière Extrait de mes romans, nouvelles, articles sur la nature, la mer, mes amis, mes coups de cœur
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  • écrivain, scénariste, novelliste

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