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Leonardo DiCaprio - Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine - Saint-Tropez

Leonardo DiCaprio - Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine - Saint-Tropez

En juillet 2017, je suis chez moi, à Paris, en train de faire des crêpes lorsqu’un ami m’apprend que Leonardo DiCaprio organise trois jours plus tard un gala caritatif à Saint-Tropez en l’honneur de sa Fondation dédiée à la nature.

 

— Il faut absolument que tu y ailles avec Marcelline, me dit-il.

 

Marcelline est le personnage de la chaîne YouTube Marcelline l’aubergine que je viens de créer.

 

Ni une, ni deux, je téléphone à Patrice de Colmont qui, tous les ans, reçoit DiCaprio dans son restaurant du Club 55 à Ramatuelle.

 

— Quand Gatsby (un des organisateurs de la soirée) viendra déjeuner, peux-tu stp lui demander une invitation pour moi, mais juste pour le cocktail, je m’en fous du dîner.

 

Je le sens embêté, mais comme il adore Marcelline dont il est le partenaire historique, il me promet qu’il parlera le lendemain midi à Gastby qui, en effet, a réservé une table.

 

Le lendemain, Patrice me téléphone, enchanté.

 

— Tu as ton invitation.

— Génial !

— Ce qui est surtout génial, c’est la façon dont cela s’est passé, je suis allé voir Gatsby qui déjeunait avec le producteur de DiCaprio, un gros bonhomme, dès que j’ai dit que tu désirais venir à leur cocktail avec Marcelline, le gros producteur s’est réjoui et a crié avec un fort accent américain Marcelline l’aubergine ! Voyant l’euphorie du producteur, Gatsby t’a mis deux invitations pour le dîner.

 

Depuis que j’écris des romans, Patrice, un vieux pote depuis presque 40 ans, très fier que je sois devenue écrivain, met chaque année des affiches de mes livres dans son resto. Il a donc mis une affiche de Marcelline et de moi. Le gros producteur en voyant une blonde qui sourit à une aubergine aux grandes lunettes dorées a tout de suite tilté et a imprimé dans sa tête cette image un peu loufoque, d’où son enthousiasme, autant dire que mon vieux pote était fier et soulagé que je sois ainsi identifiée.

 

Je téléphone illico à mon ami Christophe Guillarmé pour qu’il me prête une robe et, hop, je saute dans un TGV, la soirée est le lendemain.

 

J’arrive tôt. C’est ma 3ème vidéo, je ne maîtrise pas totalement la technique. Je m’approche de Sean Penn qui, étonné de la mine de Marcelline, demande à ses potes-body-guard de me laisser m’asseoir un instant à ses côtés, je lui explique alors que Marcelline est une organic eggplant, il éclate de rire et me dit qu’avec le bruit, il ne comprend rien. La scène est formidable sauf que je n’ai pas appuyé sur le bon bouton, ça ne filme pas.

 

Durant toute la soirée, je suis tellement concentrée à essayer de bien faire que je ne prends pas le temps de m’asseoir. Et même lorsqu’un Américain plus tout jeune mais plutôt bel homme m’invite à sa table, je décline, je reste très professionnelle. Je ne suis pas là pour sympathiser, mais pour filmer !

 

Le lendemain matin, Var-Matin me téléphone :

 

— Sylvie, il paraît que tu étais au gala de DiCaprio, on peut faire une interview ?

— Ok.

— Tu as une photo de toi avec Leonardo ?

— Non, je n’ai pas pensé à en faire.

— Dommage, ça aurait été bien.

— Je ne suis pas très groupie, je ne demande jamais à faire de photos.

 

Ni une, ni deux, je téléphone à Patrice qui me dit que DiCaprio vient déjeuner chez lui à 16 heures, que je n’ai qu’à venir, il me le présentera pour faire une photo.

 

— Merci, mais ça me fait chier ce genre de truc, je n’ai pas envie de passer pour une groupie, tu sais quoi, comme il n’a pas de bateau cette année, il va comme d’habitude venir par les poubelles et arriver dans l’endroit où tu as tes paniers de crudités, je me mettrai là avec Marcelline que je photographierai avec les légumes sans m’occuper de Leo, s’il a envie de me voir, c’est lui qui me dira bonjour.

 

À 16 heures, je suis donc concentrée à photographier Marcelline au milieu des tomates lorsqu’un aéropage de mecs arrive, je ne les regarde pas, seule ma petite aubergine occupe mes pensées. Soudain, une main saisit Marcelline, je lève les yeux et voit le beau Léo qui éclate de rire en voyant mon aubergine.

 

— Who is she ? Who is she? me demande-t-il hilare.

— She’s Marcelline, an organic eggplant, je commence à lui expliquer.

 

Hélas, une dizaine de serveurs accourent pour le prendre en photo. Excédée, sa bande de potes entraînent aussitôt Leo qui se cache immédiatement sous sa capuche, certainement fatigué que sa notoriété l’empêche de retrouver son âme d’enfant car il faut avoir encore son âme d’enfant pour avoir envie de s’amuser aussi spontanément avec ma petite Marcelline.

 

Patrice vient alors me chercher pour me dire que Leonardo, installé à table, est d’accord pour faire une photo avec moi. Mais je décline. Ça m’emmerde l’idée d’être une groupie.

 

Et puis, mon obsession est de réussir ma vidéo avec Marcelline, pas d’avoir une photo avec le beau Leo. Le lendemain, Var-Matin est venu faire un portrait de Marcelline à mes côtés, c’est ainsi qu’elle a eu sa première interview et sa première pleine page dans un quotidien.

 

Sylvie Bourgeois Harel

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Patrice de Colmont - Sylvie bourgeois Harel - Le Club 55 - Ramatuelle - Plage de Pampelonne

Patrice de Colmont - Sylvie bourgeois Harel - Le Club 55 - Ramatuelle - Plage de Pampelonne

Mon ami Patrice de Colmont

Saint-Tropez

En septembre 2015, je décide de revenir plus souvent seule à Saint-Tropez dont je suis tombée amoureuse à 20 ans lorsque j'ai travaillé durant le mois d'août au Planteur, une plage de Pampelonne à Ramatuelle. Je prends une chambre pour une semaine à l'hôtel du Colombier, je ne loue pas de voiture, j'ai envie de vivre le village de l'intérieur, de tout faire à pied, je vais d'ailleurs me baigner pieds nus à la Ponche, c'est un véritable bonheur, la lumière, les odeurs, les couleurs, tout me ravit et me séduit.

Patrice de Colmont

Au moment de rentrer à Paris, mon vieil ami Patrice de Colmont que j'ai connu en 1984, ravi de m'avoir retrouvée, il était très fier que je sois devenue écrivain et affichait tous les ans au Club 55 les affiches de mes romans, personne n'a le droit d'y toucher, m'avait dit un jour sa soeur, me propose de rester une semaine dans le château qu'il vient d'acheter à La Mole. J'accepte. Je passe des jours délicieux où je ris beaucoup de voir comment mon ancien amoureux passionné et romantique est devenu un homme d'affaires qui ne fait que travailler au lieu de profiter de la nature qu'il dit aimer. Il m'avoue qu'il est prisonnier, pieds et mains liés, de son activité professionnelle et qu'il en souffre. Je ne pensais pas que tu étais devenu aussi riche, je lui dis en éclatant de rire devant sa mine déconfite d'homme puissant dans la région que tout le monde craint, pour moi, tu resteras toujours mon beau et tendre Patrice qui m'embrassait pendant des heures lorsque nous nous sommes rencontrés.

Ma liberté l'épate et l'amuse, le distrait certainement aussi. Alors je lui raconte mille projets que nous pourrions réaliser ensemble, aller nourrir les enfants qui meurent de faim, créer un sanctuaire pour protéger les loups, planter un potager médicinal... des projets qui le séduisent autant qu'ils l'effraient...

La lumière du Sud

De son côté, Saint-Tropez n'arrête de me solliciter afin que je revienne régulièrement, comme un appel de la lumière du Sud qui veut m'attirer à elle, la chaîne de web télé locale, Global TV, me demande de leur faire des interviews, l'hôtel de Paris m'offre une suite afin que je fasse une lecture d'extraits de mes romans en plein mois de novembre alors que le village est vide, n'empêche, la salle est remplie, le Café des Arts m'organise également une soirée littéraire, idem avec plein de monde, tout cela est très joyeux.

Le château de La Mole

Patrice qui désire me garder vers lui propose de m'embaucher dans sa propriété agroécologique dans laquelle il me met à disposition dans son charmant château provençal une jolie chambre ainsi qu'une voiture électrique. J'accepte à condition que ce soit à mi-temps, je n'ai aucune envie de quitter Paris où je vis avec mon mari, entourée de tous mes amis.

Mes amis les animaux

Immédiatement, je deviens copine avec tous les vers de terre, oiseaux, renards, chevaux, abeilles qui vivent sur le terrain, j'ai même une couleuvre Lily qui aime se dorer au soleil sous ma fenêtre et un lièvre Lolo qui me fait coucou tous les matins avec ses grandes oreilles qui dépassent dans les herbes. J'ai toujours aimé la nature et là, je me régale. Mes nouveaux amis, que des animaux, me le rendent bien. C'est ainsi que le jour anniversaire de la mort de ma maman alors que je suis en train de pleurer sur mon lit, un couple de rolliers, de magnifiques oiseaux bleus migrateurs, est entré dans ma chambre et a fait deux tours au-dessus de mes yeux en larmes avant de m'observer depuis le platane centenaire. Je ne saurai jamais s'ils voulaient me consoler ou si c'était un message de ma mère qui me disait de retrouver ma gaieté, quoiqu'il en soit, j'ai pris ma petite voiture bleue et je suis allée nager avec mes amis poissons dans la mer en pensant avec joie et gratitude à ma mère, l'amour de ma vie. Puis un petit chat m'a adopté qui est tombé du ciel un matin sur mes pieds qu'il a immédiatement léchés. Je l'ai appelé Lumière du Sud, du nom de cette belle lumière du Sud qui m'a attirée à Saint-Tropez comme tous les grands peintres et artistes qui ont vécu ici. À moi maintenant de prendre le relais.

Avec Sylvie on sème pour la vie

Pour remercier Patrice de tout son amour et de ses bontés qu'il déposait à mes pieds, je décide alors de créer une chaîne YouTube Avec Sylvie on sème pour la vie que j'ai très rapidement rebaptisée Marcelline l'aubergine, afin de le mettre en valeur. 

Le Club 55 partenaire de Marcelline l'aubergine

En finançant mes premiers épisodes, Patrice devient mon partenaire historique. Dans nos contrats, je dois parler et filmer son restaurant du Club 55 situé à Ramatuelle sur la plage de Pampelonne, de sa ferme des Bouis où il produit du vin, du maraîchage et de l'huile d'olive, et bien sûr du château de La Mole et des légumes du potager cultivés en agriculture biologique. Je lui réalise donc plein d'interviews, il adore, il adore Marcelline, il adore que je le filme, il me cherche des sujets, il veut que je crée la chaîne de télé du Club 55 et une autre au château de La mole, comme ça, on aura deux plateaux de tournage, me dit-il exalté par le projet, nous cherchons le logo, il me donne une vieille mappemonde et un drapeau abimé et me demande de les mettre dans l'eau sur la plage afin que Daniel, le photographe, les prenne en photo pour notre visuel, il est excité et regorge d'idées, son père faisait des films, s'il en faisait aussi avec moi, ce serait formidable, la boucle serait bouclée, il rajeunit, tous ses clients le lui disent, il sait que je soigne mes vidéos, dans celle où il raconte les débuts de la Nioulargue, les régates de voiliers qu'il a créées avec sa bande de copains de l'époque, pour 23 minutes de vidéo, j'ai une semaine de montage rien que sur lui et 400 points de coupe afin de retirer ses scories, ses répétitions, ses hésitations, pour qu'il soit fluide à regarder, je suis contente, lui aussi, le résultat est très réussi avec les nombreuses images d'archives que j'ai mises dedans.

Patatras

Notre complicité crée beaucoup de jalousie, je me fais agresser, insulter. Je décide alors de m'éloigner du château de La Mole et m'installe dans une petite maison que Patrice me prête au coeur du village de Ramatuelle. La méchanceté continue, on me vole mon chat Lumière du Sud, je le cherche partout, je continue d'être violentée, insultée, je résiste par des sourires et des mots gentils à la façon de Martin Luther King, sûre que ma gentillesse finira par gagner .

Badaboum

En décembre 2020, Patrice me téléphone pour m'annoncer qu'il n'a plus les moyens financiers  de me garder (oh le gros mensonge... ! ) et qu'il doit me licencier. Je le remercie. Il est étonné. Il est toujours étonné de mes réactions bienveillantes. C'est mon état d'esprit, je cherche toujours le positif même lorsque l'on me fait du mal. En mars 2021, je signe donc tout un tas de papiers administratifs sans rien regarder. Lui-même est perturbé, il sait que tout un merveilleux pan de sa vie vient de tomber.

Sur le lien ci-dessous, vous pouvez lire en version numérique mon roman Tous les prénoms ont été changés que j'ai écrit au château de La Mole. Sa version papier sort en avril 2024.

Sylvie Bourgeois Harel Patrice de Colmont par Gilles Bensimon

Sylvie Bourgeois Harel Patrice de Colmont par Gilles Bensimon

Capitaine Paul Watson de Sea Shepherd Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel 2017 Club 55

Capitaine Paul Watson de Sea Shepherd Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel 2017 Club 55

Pierre Rabhi Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Lablachère Ardéche

Pierre Rabhi Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Lablachère Ardéche

Ferme des Bouis Ramatuelle Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel les border collie Pastis et Mistral

Ferme des Bouis Ramatuelle Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel les border collie Pastis et Mistral

Château de la Mole Fonds de Dotation Pierre Rabhi Vallée de la Mole 83 Var

Château de la Mole Fonds de Dotation Pierre Rabhi Vallée de la Mole 83 Var

Les voyageurs sans trace Geneviève et Bernard de Colmont Colorado et Green River

Les voyageurs sans trace Geneviève et Bernard de Colmont Colorado et Green River

Paul et Yana Watson Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Le Club 55 Ramatuelle Saint-Tropez

Paul et Yana Watson Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Le Club 55 Ramatuelle Saint-Tropez

Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Club 55 plage de Pampelonne Ramatuelle Golfe de Saint-Tropez

Patrice de Colmont Sylvie Bourgeois Harel Club 55 plage de Pampelonne Ramatuelle Golfe de Saint-Tropez

Quand Patrice de Colmont affiche au Club 55 J'aime ton mari, un roman de Sylvie Bourgeois

Quand Patrice de Colmont affiche au Club 55 J'aime ton mari, un roman de Sylvie Bourgeois

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Saint-Tropez, été 1983, ma première fois dans la presqu'île

 

J'ai 20 ans et je viens enfin, pour la première fois de ma vie, de passer deux mois idylliques, seule, avec mes parents à Besançon. Mais ce bonheur ne durera pas. Vincent, un de mes frères qui a 3 ans de plus que moi, et avec qui je viens de passer une année très dure à Cap-d’Ail où je travaillais comme hôtesse à Monaco vient de débarquer. 

Vincent est beau, gentil, intelligent, très intelligent même, mais il ne va pas bien psychologiquement. Personne ne me croit quand je dis qu’il a des problèmes psychiatriques, au contraire, je passe pour la méchante sœur qui veut le faire soigner. Cinq ans plus tard, il sera diagnostiqué schizophrène et sera interné à de multiples reprises.

Comme je ne suis pas en état de le supporter après tout ce que j’ai vécu à Cap-d’Ail, le matin, si je lui disais non, il me mordait le bras pour que je lui donne de l’argent, la nuit, il écoutait trois radios à fond, si des amis venaient dormir, il repeignait leur chambre d’onomatopées de guerrier, je décide de fuir la maison familiale où pourtant j’étais heureuse de profiter de mes parents. 

Je téléphone à l’Office de Tourisme de Deauville, Megève et Saint-Tropez, trois villes que je ne connaissais pas, mais qui me faisaient rêver, pour savoir s’il n’y aurait pas une annonce pour du travail. À Saint-Tropez, on me répond qu’en effet, une pizzeria recherche un serveur confirmé. Je convaincs le propriétaire que je suis un serveur confirmé. 

Le lendemain, je débarque avec quatre heures de retard, mon train ayant écrasé une vache, peut-être une vache qui, comme moi, s’était sentie obligée de quitter sa famille aimante pour avoir la paix, à la gare de Saint-Raphaël où le frère du patron m’engueule. 

À deux heures du matin, le chef de rang de la pizzéria m’accompagne à ma chambre derrière chez Sénéquier, j’étais logée, nourrie, et là, stupeur, il y a deux fois quatre lits superposés, avec sept personnes qui dorment déjà, le huitième lit est pour moi. Non seulement ça pue des pieds, mais il m’est impossible de me coucher dans une telle promiscuité, sans parler du popo qui doit être commun et la douche certainement aussi. 

Je retourne voir le patron qui comptait ses sous, suivie du chef de rang qui porte mes trois valises, à 20 ans, je voyageais toujours avec des tonnes de vêtements comme si ma vie en dépendait, aujourd’hui, j’ai tout simplifié, que je parte pour un mois ou trois jours, je prends toujours la même petite valise remplie de l’essentiel.

— Pouvez-vous m’indiquer un hôtel, il est hors de question que je dorme avec sept personnes qui puent des pieds, dis-je au patron qui me regarde, étonné.
— Nous sommes le 1er août, vous n’en trouverez pas.
— Je vais alors dormir chez vous.

Il me regarde encore plus étonné.

— Vous avez une pizzeria, vous devez bien avoir une maison, non ?
— Non, je vis dans un studio avec ma femme et notre bébé.

Le chef de rang avait dû me trouver mignonne, il me propose sa chambre de chef de rang, son statut de chef lui donnait le privilège de dormir seul. Il reprend mes trois valises et les dépose dans une chambre où, en effet, il n’y a qu’un seul lit mais avec une hauteur sous plafond d’un mètre quarante à tout casser, et toujours pas de popo ni de douches. Je le remercie.

J’attends qu’il soit loin et pars me promener dans Saint-Tropez à la recherche de pains au chocolat tout chauds. C’est une manie, la nuit, je mangeais des biscuits ou des pains au chocolat à la sortie des boîtes de nuit où j’adorais aller danser. Et Saint-Tropez est une boîte de nuit géante, il est trois heures du matin et c’est la fête partout, je suis conquise d’autant qu’en face du Yaca, un monsieur vend des pains au chocolat tout chauds. 

Tout en avalant mon troisième, je lui raconte mes aventures, mon frère fou, sa poule encore plus folle que lui qui, chaque jour, montait sur la branche du néflier pour pondre son œuf qui, inévitablement, s’écrasait sur la terrasse, mes parents que j’aime et que je suis triste d’avoir été obligée de quitter, la pauvre vache éprise, elle aussi, de liberté, les pieds qui puent des serveurs, le popo en commun, quand un garçon à peine plus âgé que moi qui m’écoutait, fasciné, me propose de m’emmener chez lui, ses parents ont un grand appartement à Port-Grimaud. 

J’achète quatre pains au chocolat pour remercier le chef de rang, le gentil garçon prend mes trois valises et hop me voilà enfin couchée, seule, dans un vrai lit avec des toilettes propres et une grande salle bains. 

Le lendemain matin, le gentil garçon retarde son retour à Grenoble et m’emmène faire le tour des plages afin que je trouve du travail pour le mois d’août. Je n’avais pas assez dormi, j’étais épuisée, il était vraiment gentil, il me portait sur son dos. 

À la Bouillabaisse, ils recherchent un cuisinier confirmé pour le snack. Je les convaincs que je suis un cuisinier confirmé. Par chance, je tombe sur la fille d’amis de mes parents qui travaille également là. Elle me propose de m’héberger chez sa fiancée, une riche allemande plus âgée. Le soir, après le dîner, je comprends que je dois dormir dans leur lit. Je prétexte une folle envie de sortir et file aux Caves du Roy où je danse en dormant debout car je suis exténuée de fatigue. 

Pendant trois jours, je mets un fichu sur mes cheveux et je fais des frites et des hamburgers. La nuit, je danse en dormant debout et je mange des pains au chocolat pour tenir le coup. La 4ème nuit, le monsieur me donne le téléphone de son copain qui recherche une serveuse confirmée pour son restaurant Le Planteur situé sur la plage de Pampelonne. Je le convaincs que je suis une serveuse confirmée et je commence à travailler dans ce très joli endroit où je suis logée dans un bungalow pour moi toute seule au bord de la mer où je me baigne matin et soir avec Frantz, le gentil plagiste de mon âge.

C’était une plage d’habitués bien élevés. À 11 heures, je passais entre les matelas prendre les commandes et à 13h, tout le monde était à table. Les deux patrons s'occupaient de la cuisine. L'un était petit et fluet, l'autre était baraqué, tatoué, le crâne rasé, Frantz m’avait dit que c’était un ancien légionnaire ou mercenaire, le genre à ne pas aimer être embêté. 

Un jour, comme d’habitude, j’entre dans la cuisine avec mon carnet de commandes plein, mais ils ont tellement bu la veille qu’ils sont incapables de préparer le repas. Sur la terrasse, les clients commencent à s’impatienter. En tant que serveuse confirmée, je prends les dessus et retourne dans la cuisine en tapant dans mes mains :

— Allez, hop, les mecs, je leur dis en riant, il faut vraiment vous mettre au boulot, sinon je vais avoir une mutinerie, nos vacanciers meurent de faim.

Je devais, sans m’en rendre compte, être un brin autoritaire du haut de mes 45 kilos si bien que le mercenaire-légionnaire-tatoué-baraqué-rasé m’a soulevée du sol.

— Non mais, la princesse, je rêve, tu crois vraiment que tu vas me donner des ordres, écoute bien, je n’ai jamais obéi à personne dans ma vie, et ce n’est pas une jolie poupée comme toi qui vas commencer à me transformer en toutou à sa maman.

Il m’a balancée dans la chambre froide entre les morceaux de viande et les plaquettes de beurre, et l'a refermée en râlant qu’il avait encore soif. Je n’ai eu la vie sauve que grâce au gentil Frantz qui, ne me voyant plus, s’est inquiété. Le petit patron fluet, moins prêt que son copain tatoué à commettre un crime qu'il aurait dû cacher en me cuisinant le lendemain pour ses clients afin de faire disparaître mon corps, lui a avoué où j’étais.

Sylvie Bourgeois photographiée par Vincent Bourgeois à Cap-d'Ail

Sylvie Bourgeois photographiée par Vincent Bourgeois à Cap-d'Ail

Sylvie Bourgeois Cours Jean-Laurent Cochet

Sylvie Bourgeois Cours Jean-Laurent Cochet

Sylvie Bourgeois et le photographe Ku Khan chez Michel Barnes

Sylvie Bourgeois et le photographe Ku Khan chez Michel Barnes

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Bravo à Laurent Bertolotto, chef du Club 55, un restaurant situé sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle, dans le Var, au cœur du Golfe de Saint-Tropez et du Massif des Maures. Depuis 28 ans, Laurent Bertolotto régale les clients du Club 55 avec ses délicieuses recettes provençales qu’il tient de sa grand-mère. Fidèle aux traditions de la région, le 25 décembre, jour de Noël, Laurent met au menu du jour, la soupe au petit épeautre ainsi que les treize desserts dont la fameuse pompe à l’huile. Pendant la saison, il cuisine avec les légumes provenant de la ferme des Bouis à Ramatuelle et du château de La Mole, propriétés agroécologiques de Patrice de Colmont qui détient avec sa soeur Véronqiue le Club 55, et qui cultive sa production en agriculture biologique sans produits chimiques, ni pesticides, aidé par un cheval de trait.

 

Recette de la soupe au petit épeautre :

Pour 4 personnes :

150 gr d’épeautre

2 carottes

1 poireau

1 navet

1 courgette

1 oignon

2 gousses d’ail

1 bouquet garni de laurier et de thym

Pancetta ou lard fumé ou rien du tout si vous êtes végétarien

1 bouillon de volaille mais uniquement si vous l’avez préparé vous-même, il est conseillé de réduire sa consommation de denrées industrielles

 

Rincer l’épeautre et laisser le tremper pendant 1 heure

Laver, éplucher et couper en tout petits dés vos légumes

Émincer les oignons et écraser l’ail au couteau

 

Jeter votre pancetta ou lard dans une poêle sèche et chaude, le faire rissoler jusqu’à ce que la graisse soit partie

Dans une autre poêle, mettre de l’huile d’olive en bonne quantité, jeter l’ail écrasé, le faire le fondre afin de donner du goût à votre huile, puis ajouter les oignons et baisser le feu, mettre ensuite les carottes, remuer, les poireaux, remuer, répéter pour tous vos légumes

Laisser cuire 20 minutes à feu doux

Ajouter votre pancetta ou lard fumé, puis de l’eau bouillie (compter ½ litre par personne)

Dès que l’eau bout à nouveau, saler, poivrer, ajouter le petit épeautre, le laurier et le thym

Laisser cuire 1 heure 30

Au moment de servir, ajouter dans chaque assiette un peu d’huile d’olive, du poivre et du pecorino romano râpé (c’est un fromage italien proche du parmesan)

 

Le petit épeautre est la céréale la plus ancienne plantée par l’homme, environ 10000 ans, et qui n’a pas connu de transformation génétique. Elle pousse à 400 m d’altitude dans le Sud-Est de la France, notamment dans les Alpes de haute-Provence. Riche en protéines et en fibres, pauvre en gluten, il facilite la digestion, le transit intestinal et la sensation de satiété. Il contient 8 acides aminés essentiels à l’organisme : tryptophane, lysine, méthionine, phénylalanine, thréonine, valine, leucine, et isoleucine. Dans 100 gr de petit épeautre, on trouve 120 mg de magnésium (excellent antistress), 440 mg de phosphore (soit la moitié de nos besoins quotidiens, essentiel à notre activité cérébrale), et 100mg de calcium (pour notre métabolisme osseux). Il contient aussi plusieurs vitamines dont celles du groupe B et la vitamine E. Riche en caroténoïdes et en lutine, il lutte contre le vieillissement. Ses propriétés antioxydantes, fer et zinc, permettent de lutter contre les radicaux libres.

Laurent Bertolotto, chef du Club 55 et Sylvie Bourgeois Harel

Laurent Bertolotto, chef du Club 55 et Sylvie Bourgeois Harel

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  • : Sylvie Bourgeois fait son blog
  • : Sylvie Bourgeois Harel, écrivain, novelliste, scénariste, romancière Extrait de mes romans, nouvelles, articles sur la nature, la mer, mes amis, mes coups de cœur
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