Mon mari vit avec une lionne. Si. Pas une lionne deuxième décan ascendant vierge, ce qui m’énerverait aussi, Je suis bélier ascendant sagittaire, non, ce couillon a choisi une vraie lionne, la femme du roi des animaux, et il en est aussi fier que s’il avait piqué l’épouse de son meilleur ami, le prince de Monaco. C’est vous dire la prétention de mon mari. Je dois toujours lui dire oui, sinon il rugit. Ce n’est pas une vie et encore moins depuis qu’il a adopté Zoé. Il l’a trouvée bébé et l’a ramenée à la maison où nous vivons à Abidjan, c’est très grand, elle peut courir au milieu des champs et des étangs.
Mais un jour, cette chipie a commencé à le suivre partout comme une geisha alors qu’elle n’avait pas été élevée pour ça. Je n’ai rien dit, j’ai cru en une lubie. Tant qu’elle était poupon, je dois avouer qu’elle était trognon. Mon mari lui donnait le biberon pendant que j’allaitais notre nourrisson. Je ne me suis pas méfiée. Le temps a passé.
Mais pendant l’hiver, j’ai dû m’absenter, et quand je suis rentrée, j’ai trouvé Zoé allongée dans mon lit à côté de mon mari. Elle m’a grogné et montré les dents. Enervée par tant d’infidélité, je n’ai pas reculé. Elle a alors bondi hors du lit et debout sur ses jambes, elle s’est approchée de moi en faisant la maline avec sa taille fine. Je dois avouer qu’elle était devenue fort sexy, mais de là à me voler mon mari, c’était gonflé. Elle m’a menacée avec ses pattes pleines de griffes et a même essayé de me gifler. Je lui aurais volontiers tiré les cheveux à cette pétasse qui avait pris ma place, mais j’ai préféré reculer, mes doigts pleins de diamants que je lui brandissais en guise de preuves que mon mari m’aimait, ne l’impressionnaient pas. Grrrr ! Grrrr ! Elle faisait. Devant tant de raffut, mon minou a fini par se réveiller et m’a hurlé de partir sous peine de me faire dévorer. En voilà une drôle d’idée, je lui ai répondu, je suis si agacée que je pourrais manger du lion, et ce n’est pas cette conne de bestiole qui va faire la loi entre toi et moi.
Soudain, je n’ai plus rien vu que les poils mordorés de Zoé couchée sur moi, décidée à ne faire qu’une bouchée de ma destinée. Étouffée, j’ai sombré. Je me suis réveillée dans les bras de mon époux. Mon chéri, je lui ai dit, j’ai voté pour la parité, je milite pour la complémentarité, mais là, j’exige l’égalité, je veux moi aussi dormir avec un lion, comme ça tu verras l’effet que ça te fera de ne plus avoir accès à mon intimité quand celle-ci sera gardée par 200 kilos d’agressivité. Ce couillon a ri. Soi-disant, c’était impossible. L’animal ferait de moi une bouchée. Persuadée que je serais sa femme, il voudrait m’honorer et me briserait, et quand je serais indisposée, je le rendrais fou. C’est une histoire d’odeur, il a ajouté, seul un homme peut vivre avec une lionne. C’est la loi de la jungle, tu n’y peux rien changer, il te faut l’accepter.
Zoé a choisi ce moment pour venir lécher les mains de mon mari. Elle lui a ronronné un air charmant et tout en gémissant, elle s’est frotté contre lui et a relevé sa croupe, genre vas-y mon grand, prends-moi, je suis à toi. La salope ! Non seulement elle me nargue, mais en plus elle lui fait le grand jeu. Mon Dieu. Majesté. Monarchie. Suprématie. Vive la République, oui ! Va te trouver un fiancé dans la savane, je lui ai dit, là où est ta place au milieu des charognes et laisse mon cœur de lion tranquille ou je t’envoie au zoo. Nous en avons traversé des combats, mon chéri et moi, laisse-moi gagner celui-là, et aussi arrête de me regarder en te pourléchant les babines comme si j’allais être ton prochain festin, tu crois peut-être pouvoir changer mon destin ?
Quand j’ai vu les yeux de merlan frit que lui envoyait mon époux, j’ai compris. Il était cuit. Mon chaton était épris. 150 kilos qui vous obéissent, ça flatte son homme, surtout quand il est comme mon mari, un roi dans son pays. Zoé, bravo, je lui ai dit, tu as gagné, je m’en vais, je te laisse mon chéri. Avec toi, au moins, il fera des économies. C’est vrai quoi, à part tes morceaux de bidoche, tu n’as besoin de rien. Ce n’est pas comme moi qui ai toujours faim de Prada, de spas et de peaux de bêtes. Je suis une chatte de luxe vois-tu ma grosse minette. Moi aussi je sais miauler miaou miaou pour avoir raison, tu peux donc rester dans ma maison.
J’ai pris le premier avion et je suis partie vivre à Monte-Carlo où les animaux de zoo sont légion, aussi. Il n’est pas rare d’y croiser des boas ou des requins. Si. Même Léo Ferré y a vécu avec Pépé, une guenon qui a rendu folle de jalousie sa femme qui l’a tuée. Pépé. Pas Ferré. Elle n’a pas été jugée, mais Léo ne lui a jamais pardonné. Pour ne pas tomber dans cette extrémité, je ne suis jamais retournée à Abidjan. J’ai préféré me faire ramener de Madagascar un lémurien. C’est un gentil singe gros comme un petit chien sauf qu’il sait faire mon thé et plein d’autres choses aussi dont je ne dirai rien.
ZOÉ, une nouvelle de Sylvie Bourgeois
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