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Agrandissement du Musée de l'Annonciade à Saint-Tropez

Agrandissement du Musée de l'Annonciade à Saint-Tropez
 
Je suis bien triste et inquiète d’apprendre que cette petite maison très ancienne de Saint-Tropez, appelée par les uns maison des torpilleurs et par d’autres, maison des douanes, va être bientôt démolie afin que soit construit, à la place, l’extension du musée de l’Annonciade qui vient d'obtenir le label de musée d'Art Moderne. 
 
Triste car le village de Saint-Tropez est beau grâce à l’authenticité de ses vieux bâtiments et de ses anciennes maisons qui reflètent si bien son passé. Un passé qui nous rassure. Un passé simple et sans chichis. Un passé qui nous rappelle un mode de vie calme et joyeux. Un passé qui rayonne dorénavant dans le monde entier. C’est ça, Saint-Tropez, et pas autre chose. C’est un équilibre fragile fait avec juste quelques pâtés de vielles maisons qui ont miraculeusement résisté à la modernité grâce à certains artistes et esthètes qui, après la Seconde Guerre mondiale, ont acheté ces vieilles demeures qu’ils ont eu le bon goût de restaurer à l’identique. Grâce aussi à la vision de Louis Fabre, le maire de l'époque, qui s’est battu afin que les bâtiments bombardés du port soient reconstruits à la même hauteur qu’à l’origine, et qu’il n’y ait aucune spéculation financière de la part des propriétaires qui auraient bien aimé bâtir deux ou trois étages de plus.
 
Outre les mille Tropéziens qui sont partis, après avoir vendu leurs biens, dans les Années 50, certains amoureux de leur village sont restés et n’ont rien changé, habitant toujours dans la demeure de leurs parents et grands-parents qu’ils conservent avec fierté, ne cédant pas aux sirènes de l’argent. 
 
Aujourd’hui, il est inutile de vouloir changer Saint-Tropez, au contraire, le seul slogan possible pour Saint-Tropez doit être : "rien ne doit changer', et encore moins de le moderniser. Moderniser Saint-Tropez est un oxymore, une insulte à sa beauté. Si on change Saint-Tropez, si on essaye de le moderniser, le village perdra son âme, son charme, sa magie. En effet, je me répète, mais cette magie ne vient que de son passé, que des vestiges de son passé, avec ses petites ruelles et ses maisons de pêcheurs de la Ponche, aux couleurs des murs et des volets toutes différentes. 
 
La seule ambition de Saint-Tropez devrait de se battre uniquement pour réussir à le figer dans le temps. Et ce n’est pas une mince affaire quand on voit toutes les constructions, plus ou moins récentes, qui ont et continuent de saccager ses alentours. Fini les potagers, les petites maisons de maçons, les champs, la verdure, qui l’entouraient. Fini cette magie, place au béton. Quelle tristesse ! D’autant que ces abords verts et fleuris faisaient partie de la magie de Saint-Tropez. 
 
Le seul mot qui doit convenir à Saint-Tropez est préservation. Préservation. Préserver. Restaurer. Protéger. Sauvegarder. Il faut de toute urgence avoir la vision d’un Louis Fabre afin de laisser à nos enfants et nos petits-enfants, ce coin de beauté unique qu’est notre village. Ça relève du devoir, de l’éthique, de la transmission. Chaque détail compte.
 
On n’a pas besoin de bâtisseurs ou d’idées soi-disant de grandeur à Saint-Tropez. Saint-Tropez est grand tel qu’il est. Dès qu’une entreprise de construction ou un promoteur immobilier y touche, à chaque fois, on perd de son authenticité. Les Tropéziens sont fiers de leur devise : Ad Usque FidelisFidèle jusqu’au bout. Alors, à notre tour, soyons fidèles à cette devise. Soyons fidèles à Saint-Tropez. Personne ne devrait s’arroger le droit de le transformer, de le moderniser, de le gâcher, de le défigurer. Et surtout au nom de quoi ? Et puis, la beauté intemporelle, féérique et magique de Saint-Tropez, que nous envie le monde entier, est précieuse. Je n’ai à ma connaissance aucun exemple d’une construction jolie et réussie qui ait été bâtie à Saint-tropez depuis 1950. Aucune. Les bâtiments d'habitation érigés après cette date sont tous hideux. 
 
Saint-Tropez est un musée, un musée certes luxueux, mais un musée tout de même. Il doit être pensé comme un musée. Il est impossible de l’agrandir indéfiniment. Il n’y a pas la place. Il est impossible également de créer de nouvelles routes puisque nous sommes une presqu’île, sinon les voitures tourneraient en rond à la queue leu leu, sans jamais pouvoir se garer. C’est mathématique et physique, du pur bon sens !
 
Il est urgent de penser Saint-Tropez dans le « moins de monde » et non pas « dans le plus de monde » qui est destructeur. Lors des siècles passés, les habitants ont su vaillamment combattre les pirates et les envahisseurs venus de toutes parts qui désiraient se l’approprier. À notre tour, sachons repousser les envahisseurs d’aujourd’hui qui s’appellent modernité, restructuration, immeubles…
 
Alors, oui, quand j’apprends que cette jolie petite maison ancienne et toute brinquebalante va être démolie au nom de l’agrandissement du musée de l’Annonciade et de sa modernité afin d’attirer plus de visiteurs, je suis inquiète. Ce musée avec ses 30000 personnes qui le visitent par an, c’est déjà énorme, pourquoi en vouloir 80000 tel que cela a été annoncé ? Oui pourquoi ? Cela me fait penser à la fable de Jean de La Fontaine, La grenouille qui se veut faire plus grosse que le boeuf
 
Comme dans toute réflexion sérieuse, j’aime revenir à la base, à la source. Donc je reviens en 1922 lorsque les peintres Paul Signac, Henri Person et André Turin, tombés amoureux du village où ils étaient venus peindre et s'installer, décidèrent de créer un Musée d’Art Moderne à Saint-Tropez, qu’ils baptisèrent le Museon Tropelen, et qu’ils installèrent dans une salle de la mairie, après avoir demandé à chacun de leurs amis qui avaient peint Saint-Tropez d’offrir une toile. Ce n’est qu’en 1937 que l’héritier et collectionneur Georges Grammont décida de réhabiliter le premier étage du bâtiment de l’Annonciade que venait de quitter un chantier naval qui, devant ses problèmes financiers, décida de ne garder que le rez-de-chaussée. En effet, la loi du libre échange provoqua beaucoup de faillites parmi cette profession, les armateurs préféraient dorénavant faire construire leurs bateaux en Grèce ou dans des pays aux prix plus compétitifs. Bref, en 1950 lorsque le chantier naval a mis définitivement la clef sous la porte, Grammont a réhabilité le bâtiment en entier. Le 7 août 1955, jour de l’inauguration, le musée de l’Annonciade était né dans sa configuration actuelle. Le pauvre Grammont qui donna 57 de ses oeuvres n’en profita pas longtemps car il décéda très rapidement après. 
 
C’est donc grâce à l’amour et à la connaissance de la peinture de Signac, de Person, de Turin et de Grammont, que ce musée existe et qu’il est merveilleusement doté de chefs d’oeuvre. C’est leur inspiration et leur désir de laisser une trace qui font la force et le caractère de ce musée. Il est essentiel de le laisser tel quel. de leur rester fidèles. Chaque été, des expositions temporaires se succèdent, nécessitant, j'imagine, un peu de déménagement et d’organisation pour les employés, mais ça fait aussi partie du charme. 
 
Et quant à cette petite maison, elle aussi fait partie du charme du lieu. Au lieu de la recouvrir de panneaux signalétiques qui ne lui font pas honneur, il serait préférable de les retirer et de ne mettre qu’un joli texte expliquant son histoire et l’histoire des chantiers naval qui ont fait la réputation de Saint-tropez où les plus belles tartanes étaient fabriquées. Et de ne surtout pas la détruire. Elle aussi fait partie du patrimoine de Saint-Tropez. On aura quoi à la place, un bâtiment bien droit, tout propre, façon Gifi ou Ikéa, quelle horreur ! Quelle désolation. Quelle pauvreté d’architecture ! Ce pauvre cher Paul Signac doit se retourner dans sa tombe !
 
Sylvie Bourgeois Harel 
Agrandissement du Musée de l'Annonciade à Saint-Tropez
Agrandissement du Musée de l'Annonciade à Saint-Tropez
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Sylvie Bourgeois Harel - Saint-Tropez - La Ponche

Sylvie Bourgeois Harel - Saint-Tropez - La Ponche

La Voix
 
Reste là
 
Reste là. Écoute. Écoute le silence. Écoute la solitude. Écoute le noir. Observe. Observe le silence. Observe sa lenteur. Observe sa blancheur. Il n’est pas pressé. Regarde. Regarde autour de toi. Regarde le malheur. Le malheur de ceux qui n’ont pas compris. Qui ne veulent pas comprendre. Qui ne veulent pas entendre. Je le lui avais dit, mais il ne m’a pas écoutée. Je l’avais prévenu, mais il ne m’a pas crue. J’ai voulu le réveiller, mais il m’a repoussée. Et depuis il pleure. Il souffre. Il erre. Il erre. Et je ne peux rien y faire. Écoute les moments. Il y a des moments pour tout. Écoute les heures. Écoute la forêt. Écoute la mer. Elles savent tout. Ne t’endors pas. Veille. Surveille. Admire. Admire la joie. Admire les sourires. Les rires. La vérité est là. Il était mon mari, mon ami, je l’aimais. Puis il a tué. Il a tué notre enfant. Il a tué sa pureté. Il a tué son innocence. Il a tué sa beauté. Détruit son avenir. Elle était si jolie. Toute petite et toute fine. Gaie et chantante. Jamais capricieuse. Elle disait toujours oui. Elle lui a dit oui, c’était son papa. Elle ne s’est pas méfiée. Elle ne m’a pas appelée. Il était son père. Son univers. Son repère. Il l’a emmenée en enfer. Dans l’enfer des enfants trompés. Dans l’enfer de l’enfance niée. Elle n’a pas pleuré. Ou alors je ne l’ai pas entendue. Ce n’est que la troisième nuit que je me suis réveillée. Et que j’ai vu l’inacceptable. L’impensable. L’horreur. Le crime. La mort. La mort de ma petite fille. Ma petite fille devenue une femme. Elle n’avait que huit ans. Son père était sur elle. Sa main sur sa bouche. Sa jolie bouche qui avait mangé des cerises et du gâteau au chocolat dans l’après-midi. Elle était inerte, morte, étonnée, interdite, flattée, douloureuse. J’ai failli m’écrouler. Mon monde s’écroulait. J’ai revu l’accouchement, puis ma vie s’est arrêtée. Mon âge est parti. Il ne m’a pas entendue. Il était sur elle. La recouvrant de toute sa beauté. Mon mari était beau. La tuant de toute sa grandeur. L’écrasant de toute sa responsabilité. C’est une larme qui m’a alertée. Une larme qui a coulé sur ma joue. Une larme qui m’a réveillée. Qui m’a montré le chemin. Il faisait nuit. Dans sa petite chambre, la pleine lune traversait les volets. Elle se reflétait dans une larme qui coulait des yeux de ma fille. Une larme pour me dire l’indicible. Une larme pour m’avertir. Une larme pour me mettre en colère. Je n’ai pas réfléchi. J’ai pris la chaise de bureau de mon enfant et j’ai tapé avec sur son bourreau de toutes mes forces. De toutes mes résistances qui ne voulaient pas croire ce que je venais de voir. De toute ma fragilité à n’avoir pas su la protéger. J’ai tapé avec l’aide de mon mariage foutu, de ma tromperie bafouée, de ma vie qui s’écroulait. Mes deux amours s’affrontaient. Mes deux raisons s’annihilaient. J’ai voulu mourir. Je l’ai tué. J’ai tué mon amour. J’ai tué le monstre. J’ai tué le noir. J’ai tué papa.
 
Et puis, on a dû faire comme si de rien n’était. Ma fille a continué sa vie de petite fille. Dans la violence. Dans la douceur. Dans la douleur. Plus jamais elle n’a trouvé le calme. La nuit, elle dormait avec moi. Je ne savais pas comment la consoler. Il est parti dans le salon. Il n’en a jamais parlé. Jamais demandé pardon. Il a commencé à picoler. Tout était fini. L’harmonie était finie. Partie. Achevée. Et moi, j’étais anéantie. Affaiblie. Apeurée. En colère. Mais je n’ai pas su parler. Les mots étaient trop faibles. Toujours trop faibles. Alors j’ai prié. Prié. Prié. Ma fille a grandi, mais dormait toujours dans mon lit. Mais un jour, la maison a brûlé et nous sommes morts tous les trois. Le feu nous a pris dans le sommeil. Les flammes ont lavé notre désespoir. Mais je n’en ai pas fini, la nuit, je surveille toutes les petites filles et si un méchant papa, un méchant grand frère, un méchant tonton, cousin, voisin ou ami approche, j’agis, je fais du bruit. J’allume une lumière. Je bouge un meuble. Je claque une porte. J’instaure la terreur pour sauver l’enfant car je n’ai pas pu sauver le mien. Tous les enfants sont miens dorénavant. Je suis le silence qui les observe. Je suis le noir qui les protège. Je suis le vent qui les écoute. Je suis le blanc qui surveille tous les papas, tous les frères, tous les tontons, tous les cousins, voisins et meilleurs amis, tous les faux gentils qui aiment salir l’innocence. Alors toi, Sylvie, dorénavant, écoute le silence des enfants, les silences de leurs mouvements, du mouvement de leurs cheveux, de la maladresse d’un geste, de la maladresse d’un regard, d’un sourire gêné, d’une bouche qui se déforme au lieu de rire, écoute et tu sauras et tu consoleras. Tu leur parleras. Tu leur donneras de la force. Du pouvoir. De l’espoir. Ta douceur les apaisera. Les calmera. Les consolera. Tu es la consolante. Écoute les silences. Nourris-toi de ces silences et insuffle ta force et ton amour dans tous les drames de ces enfants perdus. Sois leur naïveté. Sois leur innocence. Sois leur espoir. Dans le noir, la mort est là. Sois leur lumière et moi je serai leur maman qui les attend. Ta maman qui t’aime."
 
Ce texte est un extrait de mon prochain livre LA VOIX dans lequel je raconte comment trente-trois entités, comme dans le texte ci-dessus, m'ont soufflée dans mon oreille gauche le drame de leur vie, un drame toujours lié à l'amour, un besoin d'amour, un manque d'amour, une déception d'amour, une trahison...
Vous pouvez me contacter sur mon mail : slvbourgeois@wanadoo.fr. Ou au 0680644633.
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Sylvie Bourgeois Harel - Saint-Tropez - La Ponche

Sylvie Bourgeois Harel - Saint-Tropez - La Ponche

Saint-Tropez mon amour

 

Je le répète souvent, je ne lis pas la presse, je ne regarde pas la télévision, je n’écoute pas la radio, je ne veux pas être polluée par trop de négativité. Mais hier, plusieurs amis m’ont envoyée plusieurs articles de presse qui critiquaient sévèrement Saint-Tropez. L’un, paru dans le Figaro, est écrit par un jeune philosophe d’une quarantaine d’années qui se dit aussi homme politique, ce qui, pour moi, est un oxymore, mais bon, là n’est pas le sujet. Le pauvre chéri n’a pas aimé Saint-Tropez, et il en tartine toute une page du journal. Une page pleine de poncifs et de lieux-communs, c’en est à pleurer de bêtises. Le pauvre garçon en est encore à l’arrivée de Maupassant dans le Golfe et n’a eu comme guide et référence que cette chère Danièle Thompson, titrant son article : « Saint-Trop. Je devais y passer trois jours et deux nuits. Je n’ai pas pu. J’ai fui avant l’heure. » Pour ma part, je préfère dire Saint-Tropez, je ne suis pas pressée, je n’ai pas besoin de faire de contraction d’autant que Saint-Tropez vient du chevalier Torpes qui a été béatifié car il a préféré mourir en l’an 68 plutôt qu’adjurer sa foi chrétienne.

 

Puis le pauvre biquet, en manque de style littéraire car il est aussi écrivain, sous-titre platement son article : « Les euros, les dollars, les roubles ont détruit le petit village fortifié plus sûrement, plus définitivement que les bombes du débarquement de Provence… » Quelle pauvreté et paresse d’observation. En effet, comment a-t-il pu, en quelques heures, puisqu’il a été tellement oppressé par Saint-Tropez qu’il a fui, je ne fais que reprendre ses mots, comment donc en quelques heures, a-t-il pu se faire une idée précise et approfondie de Saint-Tropez ? Non, il a préféré rester sur ses idées préconçues et éructer sa haine parce qu’il a vu dans le port deux, trois bateaux un peu trop gros.

 

Bref, ce jeune journaliste-écrivain-philosophe-homme-politique a peut-être également été effrayé d’avoir croisé quelques filles légèrement vêtues ou des Ferrari qu’il ne saurait sans doute pas conduire. Au lieu de regarder la beauté des ruelles, de la Ponche, de la mer, il a préféré regarder la merde et faire le malin en racontant qu’il a même vu un SDF se préparer pour la nuit. Puisqu’il prône dans un essai le capitalisme classique, qui est d’ailleurs une idée fort intéressante, j’espère qu’il lui a offert ses deux nuits d’hôtel qu’il n’a pas payées et dont il ne voulait pas puisque, soi-disant, il est parti en courant, ainsi ce pauvre homme aurait pu dormir dans un bon lit.

 

Dans Médiapart, c’est simple, l’article est illisible car il est rédigé en écriture inclusive. Je comprends néanmoins qu’il est question de Bernard Arnault, l’un des hommes les plus riche du monde, un Français au demeurant qui, en bon empereur du luxe qu’il est, a acheté beaucoup de territoires à Saint-tropez. Au moins, Bernard Arnault a l’intelligence d’avoir compris que la beauté de Saint-Tropez venait de son passé. Il a donc fait rénover à l’identique toutes les maisons qu’il a acquises. Il n’en a détruite aucune. Bravo et merci à lui. À sa place, des promoteurs immobiliers les auraient rasées et auraient bâti des immeubles moches d’une dizaine d’étages de haut comme cela été le cas pratiquement sur toute la côte d’Azur.

 

Médiapart parle ensuite de la plage d’un hôtel 5* qui, en effet, est assez chère, puisque ce sont les tarifs d’un 5*. Ils oublient juste de dire que Saint-Tropez compte surtout des plages publiques, la Ponche, la Fontanette, les Graniers, la Moutte, les Salins, celles avant la bouillabaisse, toutes des plages non payantes et propres, nettoyées chaque matin, la qualité de l’eau est vérifiée chaque jour aussi. Ensuite Médiapart nous assène encore sur le village de pêcheurs qu’aurait été autrefois Saint-Tropez. Premièrement, grâce aux fonds marins du Golfe de Saint-Tropez que n’affectionnent pas les gros chaluts de pêche industrielle, nos poissons sont encore pêchés artisanalement par les cinq ou six pêcheurs locaux. Certes, ils sont moins nombreux car c’est un métier difficile, mais ils existent toujours d’autant que la prudhommie de pêche de Saint-Tropez qui a été créée au 16ème siècle a été reconnue par la Commission Européenne avec le droit d’exiger des réformes.

 

Deuxièmement Saint-Tropez n’a jamais été un petit village de pêcheurs. Au XVIIIème siècle, c’était le troisième plus important port de commerce de la Méditerranée. Puis dès la fin du XIXème siècle, Saint-Tropez a été connu pour être un village festif. Les riches bourgeois descendaient de Paris pour venir s’encanailler dans les établissements de nuit de Saint-Tropez qui étaient surtout fréquentés par les marins, et dans les huit à douze bordels qui se trouvaient dans des ruelles mal famées. L’endroit a été rasé après la Seconde Guerre mondiale et deviendra la place de la Garonne. Dans les années 20, Mistinguett et la Môme Moineau, entre autres célébrités, se rendaient à Saint-Tropez pour aller danser chez Palmyre dans les bras des beaux et forts lesteurs, les hommes de quai qui chargeaient et déchargeaient les marchandises des bateaux. Les congés payés de 1936 ont ouvert Saint-Tropez à un nouveau tourisme. Et dans les années 50, les artistes de Saint-Germain-des-Près venaient y faire la fête. Certes, il y avait des pécheurs à la Ponche, mais ce n’était pas la plus grande activité économique du village. C’était juste beau et romantique pour les nantis de voir les pointus amarrés à la Ponche. C’est dans les Années 50 aussi que de nombreux Tropéziens ont vendu leur maison qui avaient pris de la valeur. Mille Tropéziens sont partis du village laissant leur paradis à de nouveaux arrivants.

 

Pour en terminer avec Médiapart, ils concluent qu’en hiver, Saint-Tropez est désert. Ce n’est pas désert, le village se repose. Et il en a bien besoin pour se remettre des excès de l’été. Il ne se repose pas longtemps, seulement deux mois et demi, du 15 novembre au 15 décembre et du 10 janvier à fin février. Deux mois et demi nécessaires également pour effectuer les travaux de rénovation. Deux mois et demi magnifiques de calme et de tranquillité où la lumière du Sud est la plus belle. Cette lumière sublime qui a inspiré les peintres Signac, Marquet, Camoin qui, eux aussi, adoraient fréquenter les bordels, notamment celui du Bar des Roses, Marquet en a même fait un tableau peignant son ami Camoin nu couché sur une prostituée à moitié nue aussi, son chapeau cachant son sexe.

 

Alors oui, en hiver, des restaurants et des boutiques sont fermés, mais il y en a suffisamment qui restent ouverts pour se nourrir et se vêtir. Et surtout la nature est là. La nature est quand même mille fois plus intéressante que les boutiques. Pourquoi tous ces journaux malveillants ne parlent pas, par exemple, des dizaines de kilomètres de promenade que l’on peut faire au bord de mer ? Et pourquoi plutôt que de dénigrer Saint-Tropez, ils ne citent pas toute la jeune génération qui oeuvrent à ouvrir des établissements de qualité ? Il y a, entre autres, Martin et son magasin vintage Saint-Martin-sur-mer, Vivian et ses restaurants chez Mamé et Lorette, Lilian et son restaurant À l’amitié, et plein d’autres. Pourquoi ils ne parlent pas d’eux qui se démènent à faire vivre un joli Saint-Tropez authentique et convivial ?

 

Si la presse, soudain, s’acharne autant sur mon beau Saint-Tropez que j’aime et où j’ai choisi de venir habiter il y a un petit peu plus de deux ans maintenant faisant de moi une Tropézienne fière de mon village, certainement l’un des plus beaux du monde, il y a certainement plusieurs raisons à ça. Déjà, nous sommes depuis plusieurs années dans l’ère de la médiocrité. C’est l’heure des médiocres, c’est leur moment de gloire, ils peuvent tous s’exprimer, on leur déroule même des tapis rouges. Sauf que Saint-Tropez est tout sauf médiocre. Il n’y a pas un village en France qui lui ressemble. Pas un. Tout le littoral méditerranéen de Menton à Perpignan est magnifique lorsque l'on est face à la mer, mais dès que l’on se retourne, on voit des barres d’immeubles horribles et désolantes. Saint-Tropez, grâce au maire Louis Fabre qui a exigé, après les bombardement de la Seconde Guerre mondiale dont parle le petit chéri du Figaro, que les immeubles du port soient reconstruits à l’identique, se battant contre les propriétaires tropéziens qui voulaient bâtir deux ou trois étages de plus. Grâce à cet homme visionnaire qui a su dire non à la spéculation immobilière, Saint-tropez a conservé son authenticité qui sent si bon le passé.

 

Saint-Tropez n’a jamais été un endroit tiède, indifférent, alors oui, tout est exacerbé, c’est peut-être plus visible qu’ailleurs parce qu’on est un tout petit village et que le monde entier veut venir s’y agglutiner, la concentration y est donc plus forte. C’est vrai aussi qu’en été, Saint-Tropez est compliqué. Nous sommes sur une presqu’île en plus. Ce qui ne facilite rien pour les milliers de voitures qui veulent y passer chaque jour. D’où des embouteillages et la foule sur le port. Mais il y ici une belle diversité de gens de toutes les classes sociales et c’est ce melting-pot qui fait le charme et l’amusement de Saint-Tropez. Alors oui, il y a de la vulgarité, mais il y a aussi les plus belles filles du monde. Tout dépend de ce que l’on a envie de regarder.

 

Beaucoup d’anciens disent que Saint-Tropez a changé. Bien sûr, mais le monde entier a changé. Et Saint-Tropez, je trouve, a su bien résister. Et doit encore résister pour cultiver sa différence, même si, aujourd’hui, il y a une forte tendance chez certains à ne pas aimer la différence et à vouloir une pensée unique. Saint-Tropez ne cédera jamais à la mondialisation. Saint-Tropez ne cédera jamais à la pression médiatique. Saint-Tropez restera unique même si ça fait chier le Figaro, Médiapart ou le Parisien qui râle car la mairie a eu la bonne idée d’offrir un concert aux Tropéziens chaque 15 août.

 

Et puis, il y a plusieurs Saint-Tropez. Chacun peut y trouver le sien. Quand le matin, je nage à La Ponche avec les quelques personnes qui, comme moi, aiment la tranquillité car on peut trouver de la tranquillité en été à Saint-Tropez, et une tranquillité liée à un exceptionnel art de vivre, je remercie le ciel, la nature et Dieu d’être venue vivre ici.

 

J’espère que la Mairie et l’Office du Tourisme ne riposteront pas à ces attaques médiatiques. Comme dit mon mari : "il faut laisser glouglouter les égouts."

 

Sylvie Bourgeois Harel

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Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel

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Saint-Tropez mon amour - La Ponche

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Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine

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