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Et si nous parlions des dégâts de la pêche intensive !

Et si nous parlions des dégâts de la pêche intensive !

 

Cet été, aux Graniers, à Saint-Tropez, je faisais mes longueurs dans la mer lorsque je vois un homme entrer dans l’eau avec une combinaison de plongée et un fusil harpon. J’effectue un crawl rapide pour arriver à sa hauteur. Là, je lui explique (gentiment et poliment) qu’il est interdit de pratiquer la chasse sous-marine dans les bassins destinés aux baigneurs. Le mec n’en a rien à faire. Il ricane J’essaye alors d’argumenter (toujours gentiment et poliment) qu’il peut sortir de l’eau et aller un peu plus loin dans les rochers, où il n’y a pas de plage, car je n’ai pas envie qu’il tue mes copains-poulpes qui viennent nager avec moi lorsque je m’approche de leurs rochers. Oui, le poulpe est un animal très intelligent. Les trois dont j’ai fait la connaissance au printemps me reconnaissent. Ayant compris que je ne représentais pas un danger, mais plutôt une nouvelle amitié, ils me saluent régulièrement. J’ajoute que je ne veux pas non plus qu’il tue mes poissons qui sont heureux d’évoluer dans cette crique en toute sécurité. Il ricane toujours. Sans m’énerver, je conclue que ce n’est pas un bon exemple pour les enfants présents de leur montrer des poissons morts au bout d’un fusil. Le mec ricane encore et s’éloigne dans la mer. avec son fusil-tueur 

 

Sur la plage, trois couples me regardent, d’un air hébété. Je vais les voir :

 

— Pourquoi n’êtes-vous pas venus m’aider à convaincre ce monsieur d’aller faire sa chasse sous-marine ailleurs ?

— On ne connaît pas la loi, balbutie une dame dont le mari baisse les yeux.

— Même si vous ne la connaissez pas, c’est du bon sens. Imaginez, s’il vise mal et qu’il tire dans votre jambe, vous seriez contents ? Et si un jour, quelqu’un débarque sur la plage avec un fusil et tue les mouettes, vous ne diriez rien non plus ? Ou s’il tire sur vous, vous vous tairiez encore ? Parce que la vie d’un poulpe, d’une mouette ou la vôtre, ça a la même valeur, non ?

 

En rentrant chez moi, j’ai réfléchi. J’ai réfléchi au besoin de certaines personnes de tuer avec un fusil ce qui ne laisse aucun espoir aux animaux de pouvoir s’échapper. Le monsieur qui pêche avec une canne, je le comprends. L’éleveur qui tue son cochon pour nourrir sa famille, je le comprends. Les deux peuvent, à l’instar des Amérindiens d’autrefois, faire une prière et remercier le poisson ou le cochon à qui ils viennent de voler la vie. 

 

Dans la nature, la nécessité de tuer des animaux pour se nourrir est également violente, mais cette nécessité répond aux besoins de la chaîne alimentaire. Et puis les animaux n’accumulent pas leurs proies. Ils tuent uniquement pour subvenir à leur faim. 

 

Aujourd’hui, l’industrialisation de la mort des animaux est passée à une vitesse alarmante. Dans les abattoirs bien sûr, mais aussi avec la pêche industrielle et la pêche illégale, en effet, 40% de la pêche que l’on trouve dans les restaurants ou les étals des poissonniers proviendrait de la pêche illégale. Cette surpêche excessive est inquiétante et destructrice de la ressource puisqu’elle retire des mers plus de poissons, crustacés, mollusques, qu’il ne peut s’en reproduire. 

 

Mais que faire pour lutter contre cette surpêche industrielle avec ses 10 millions de bateaux qui sont en action permanente? Que faire contre cette surpêche qui est largement soutenue par les subsides publiques, et dans le monde entier, à hauteur, paraît-il, de 22 milliards annuels ? Que faire lorsque l’on sait que 80 millions de requins sont décimés chaque année ( pour subvenir au marché chinois très demandeur, les pêcheurs leur coupent les ailerons sur le pont de leur bateau, puis les rejettent mutilés à la mer dans laquelle ils meurent dans des souffrances terribles) ? Que faire lorsque 90 millions de tonnes de poissons sont pêchés chaque année dans le monde, entraînant la raréfaction des soles dans le Golfe de Gascogne, du cabillaud dans la mer celtique et la mer du Nord, du Merlu de Méditerranée et l’extinction de la morue de Terre-Neuve ? Que faire contre cette entreprise japonaise qui a décidé d’exterminer le thon rouge (qui a diminué de 80% en quelques décennies) afin que leurs hangars remplis de thons rouges congelés prennent de la valeur, lorsque l’on sait qu’un thon rouge a été vendu plus d’un million de dollars ? Que faire contre l’Europe qui a contribué financièrement à la construction et à la modernisation de la flotte des grands thoniers ? Des chiffres ainsi alarmants, je pourrais continuer d’en citer des dizaines concernant la mort de milliers de dauphins, de baleines, de tortues… ce qui, entre parenthèses, contribue à la prolifération des méduses puisqu’ils ces espèces en raffolaient.

 

Que faire contre les moyens excessifs utilisés par la pêche intensive ? Que faire contre les palangres longues de 15 kilomètres sur lesquelles sont accrochés tous les 2 à 5 mètres des hameçons ? Que faire contre les scènes coulissantes qui enserrent les bancs de poissons comme dans une bourse avant de les remonter à bord des bateaux ? Que faire contre les chaluts de fond qui détruisent sur leur passage des habitats, des récifs de corail, des rochers, anéantissant tout un écosystème ? Que faire contre les filets maillants, sorte de gigantesques nappes rectangulaires, qui emprisonnent les poissons qui meurent asphyxiés, ne pouvant plus bouger leurs branchies coincées dans les mailles ? Que faire contre les filets dérivants, véritables rideaux de mort, pouvant mesurer jusqu’à 100 kilomètres de long, qui arrachent tout sur leur passage, d’autant qu’ils sont régulièrement perdus, continuant alors de tuer pour rien, tels des fantômes de nylon, des centaines de milliers d’espèces, alors qu’ils ont été interdits en 1992 ?

 

Que faire pour lutter contre cette pêche industrielle et intensive qui utilise des moyens gigantesques qui, non seulement, entraîne la disparition de nombreuses espèces marines, mais cause également la perte d'emploi pour les petites structures de pêche? J’ai l’impression que comme personne ne voit ce qu’il se passe sous l’eau, tout est permis, même illégalement, genre pas vu, pas pris !

 

Que faire alors ? Ne plus manger de poissons ? En tous cas, réduire drastiquement sa consommation lorsque l’on sait qu’en moyenne chaque personne en mangerait 20 kilos par an, est peut-être un premier pas.

 

Pour ma part, je rêve de retrouver des petites autonomies, à taille humaine, seul moyen pour lutter contre les excès de la mondialisation. 

 

Sylvie Bourgeois Harel

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Le rôle essentiel des baleines dans l'écosystème

Le rôle essentiel des baleines dans l'écosystème

 

Mon premier contact avec les grands mammifères marins remonte à mes 9 ans. Le parc aquatique de Marineland vient d’ouvrir à Antibes. Ma maman m’y emmène. Je suis très fière car, durant le spectacle, l’instructeur me choisit parmi les centaines d’enfants assis sur les gradins qui levaient la main. Quelques minutes plus tard, je suis sur la margelle, au bord du bassin, quand, soudain, un mâle orque, de 7 à 8 mètres de long, dépose une bise affectueuse sur ma joue aussi délicatement qu’un amoureux.

 

De retour à la maison, ma mère est sceptique. Oui, elle est contente que je sois ravie de ce baiser marin, oui, elle me félicite du dessin que j’ai fait de mon nouvel amoureux orque avec son dos noir, son ventre blanc et sa tâche blanche derrière l’œil, ce qui lui confère un air coquin et rieur, mais elle finit par me confier que c’est épouvantable que ces animaux soient privés de leur liberté. 

 

— Imagine Sylvie, c’est aussi méchant que si quelqu’un m’enlevait et m’enfermait à vie dans une pièce proportionnellement pas plus grande que la chambre du haut. Je n’aurais plus la possibilité de te voir. Et toi non plus. Tu me chercherais. Mais tu ne saurais pas où je suis. Je deviendrai folle. Ton copain orque va certainement devenir fou. Je ne vois pas d’autre issue. Nous ne retournerons plus jamais à Marineland, c’est trop triste.

 

L’année d’après, mes parents achetèrent un voilier. Durant une traversée pour aller en Corse, nous avons croisé un banc d’orques, les mêmes que mon amoureux avec le dos noir, le ventre blanc et cette rigolote tâche blanche derrière l’œil.

 

— Je les préfère ainsi, m’a dit ma mère. Regarde comme ils sont heureux à sauter dans l’eau. Non, vraiment, nous n’irons plus jamais à Marineland

 

Ma plus belle vision en voilier fût de voir une maman dauphin avec son petit collé sur son flanc. C’était hyper émouvant. J’étais en larmes. Puis ma mère mourut. Un mois plus tard, je suis en bateau devant le port de Monaco pour contempler le feu d’artifice. Soudain, un cachalot sort de l’eau, à la verticale, comme un dernier salut de ma maman-sirène-dauphin qui adorait les baleines.

 

Alors j’ai lu. J’ai appris. J’ai regardé des films. J’ai vu un documentaire déchirant dans lequel une maman baleine essaye de protéger son jeune bébé de la férocité des orques qui en raffolent. Elle nage, elle nage, elle nage de plus en plus vite, entraînant avec elle son petit qui, essoufflé, finit par être dévoré par les orques qui les suivaient patiemment, sachant qu’à un moment donné le bébé n’arriverait plus à tenir ce rythme effréné. C’était déchirant. Extrêmement désolant. Mais c’est la loi de la nature. La loi de la chaîne alimentaire naturelle. J’ai aussi vu des gravures et des peintures de baleiniers qui chassaient les baleines au Moyen-Âge. Ils en ont tellement chassé qu’ils ont pratiquement décimé le Golfe de Gascogne. Ils se sont alors déplacés vers les mers du Nord. J’ai lu aussi Moby Dick de Herman Melville qui raconte l’histoire de cette baleine harponnée qui, en 1820, folle de douleur, a éperonné le navire Essex jusqu’à le faire couler, et comment quelques marins réussirent à survivre en se livrant à des actes de cannibalisme.

 

La chasse à la baleine est ensuite devenue de plus en plus violente. De plus en plus perfectionnée. De plus en plus sophistiquée. Ne laissant aucune chance de survie aux baleines. Mettant en danger de nombreuses espèces qui tendent à disparaître. C’est bien simple, dans les années 50, 5 à 6 millions de baleines avaient été répertoriés contre 1,5 million aujourd’hui. Si bien qu’en 1986, un moratoire a été promulgué par la Commission Baleinière Internationale. Moratoire que ne respectent pas le Japon, ni la Norvège, ni l’Islande, qui continuent, chaque année, de tuer encore et toujours plus de baleines. 

 

Outre le côté dramatique, sanglant, inhumain, violent, dégueulasse, de la chasse à la baleine, que je déplore et qui me révolte, d’autant que la baleine a une conscience, une intelligence, des émotions, de la mémoire, il est essentiel de savoir que la baleine contribue à notre survie. En effet, la baleine capte énormément de carbone dans l’atmosphère. Non seulement, elle le capte, mais elle le stocke. Donc, plus elle vit longtemps, plus elle en accumule. Et quand elle meurt de mort naturelle, elle entraîne avec elle au fond des océans tout ce CO2 qui, en s’intégrant aux sédiments marins, participe aux écosystèmes des grands fonds. Et c’est toujours ça de moins dans l’atmosphère.

 

Ensuite, la baleine fait des gros popos. Vu sa taille, des popos énormes. Elle remonte à la surface de l’eau pour déposer ses popos qui contiennent de l’azote, du fer et du phosphore, qui nourrissent le phytoplancton qui, à son tour, nourrit le zooplancton. Ces créatures microscopiques produiraient 40% de l’oxygène de notre atmosphère tout en absorbant environ 40% de la production totale de CO2, encore plus que 4 forêts amazoniennes réunies que l’on pourrait aussi compter en 1700 milliards d’arbres. C’est dire l’importance de la baleine pour la survie des êtres humains. 

 

C’est fou de constater qu’il suffit d’une poignée de prédateurs organisés pour détruire la vie dans nos océans. Pour détruire également une partie de la vie sur terre. Face à ces prédateurs en bandes organisées, pour ma part, c’est un sentiment d’impuissance et de colère qui m’envahit. Que faire pour lutter ? Le seul qui se battait contre ces monstruosités est en prison. Dieu seul sait quand Paul Watson retrouvera sa liberté, s’il la retrouve. 

 

Le constat est que nos mers deviennent de plus en plus polluées. Qu’elles ont de moins en moins de poissons qui sont décimés par la pêche intensive et industrielle qui, avec ses gigantesques filets dérivants, longs de dizaines de kilomètres, détruit autant les récifs de corail que les habitats sous-marins que des milliers d’espèces vivantes qui ne seront même pas mangées. Qu’il y a une raréfaction des grands mammifères marins. Parfois j’entends dire que c’est bien que les requins commencent à s’approcher des plages de Méditerranée. Non. Ce n’est pas bien. Ils se rapprochent car ils n’ont plus assez de nourriture au large. Ils cherchent d’autres terrains de chasse. 

 

Pour que Paul Watson n’ait pas fait tout son combat pour rien, il est important de savoir que les baleines sont, certes, victimes de ces baleiniers hors la loi qui les tuent, mais qu’elles meurent aussi, et en très grande quantité, environ 20000 par an, à cause des collisions qu’elles subissent contre les navires marchands, de transports, militaires, les cargos, les bateaux-citernes, les paquebots de croisières, dont le nombre s’est multiplié de façon alarmante. À tel point que certains pays demandent à réguler la vitesse de ces navires. Une autre solution serait d’armer les bateaux de répulsifs à ondes qui préviendraient les baleines de leur arrivée afin de les faire fuir. La future course de voiliers Le Vendée Globes demande d’ailleurs cette année à ses participants d’utiliser ces radars. 

 

Un autre problème concernant ces pauvres baleines dont nous avons grandement besoin, est que les fonds marins sont devenus extrêmement bruyants d’autant que les bruits sous l’eau se déplacent cinq fois plus rapidement que dans l’air et sur des distances de plusieurs milliers de kilomètres. Entre les forages pour l’industrie pétrolière, le bruit des bateaux, les expériences acoustiques militaires, les cétacés qui communiquent entre eux par des sons très précis, sont désorientés. Affolés, perdus, ainsi que l’explique Greenpeace qui milite pour la création de sanctuaires afin de protéger les baleines, il arrive que ces grands cétacés remontent tellement vite à la surface pour fuir ces bruits qui les effrayent, les stressent et les déboussolent, que cela fait éclater leurs vaisseaux sanguins, ou qu’ils meurent d’une intoxication à l’azote comme le plongeur qui n’aurait pas effectué ses paliers. 

 

Et puis toute cette souffrance animale, que ce soit les baleines ou les abattoirs industriels de bœuf, veaux, cochons, toute cette industrialisation de la mort des animaux, participe à la souffrance humaine. Beaucoup de personnes se plaignent de déprime, de mal-être, de manque de sens à leur existence, mais c’est normal, ils ne peuvent pas vivre impunément entourées de tous ces massacres.

 

Sylvie Bourgeois Harel

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Ma plage de Pampelonne à Ramatuelle, je l'aime. Je l'aime à toutes les saisons, ma préférée étant l'hiver, je vais m'y baigner vers 14h quand le soleil est bien chaud, je me prépare un sandwich et un dessert que je dévore dès je sors de l'eau gelée. Le plus dur est de me déshabiller dans le froid et souvent dans le vent. Mais dès que je pénètre dans la mer, c'est fini, je ne sens plus le froid tellement c'est beau, je suis émerveillée par tant de beauté, voilà,  c'est exactement ça, j'entre sans difficulté dans l'eau parce que j'entre dans de la beauté.

En été, je vais nager à 7 heures du matin quand il n'y a personne et que l'eau est toute reposée de la nuit. je fais mes allers retours, puis je rentre à la maison, je n'aime pas voir ma plage être envahie. Au mois d'août, je n'y vais jamais. Même le matin très tôt, je sens le sable fatigué, et puis il y a très souvent une brume de chaleur qui salit tout.

Au mois de juin et de septembre, c'est délicieux, je peux rester à me prélasser sur le sable, le temps s'arrête, c'est aussi le temps des piques-niques le soir, des bains de nuit, j'adore !

 

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

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Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

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Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

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Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

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Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

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Sophie à Ramatuelle... ou... en route vers la révolution paysanne...
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Normalement, tous les ans, on va passer Noël à Saint-Tropez, c’est là où ma maman est née au bord de la Méditerranée. C’est très joli et on se baigne dans la mer car ma maman, c’est une sirène dauphin qui sait très bien faire les crêpes. Mais cette année, on reste à Besançon parce que mon grand-père du côté de mon papa est malade, et ma maman ne veut pas laisser Henriette toute seule, même si elle a 50 ans. Henriette est grande et maigre, et ses parents sont morts quand elle avait 8 ans. Ses frères aînés, qui avaient déjà la majorité, ont dit au juge qu’ils allaient la garder et s’en occuper aussi bien que si elle était leur fille. Ils devaient avoir une drôle de notion de la famille car ils l’ont enfermée dans un placard, et ils ne la sortaient que pour lui faire faire le ménage et la violer. Ils habitaient une ferme dans le Haut-Doubs et là-bas, à part de la neige en hiver et des vaches en été, vous avez beau crier, personne ne vous entend. Le Haut-Doubs, c'est très beau, mais c'est très froid aussi. Et les paysans, c'est bien simple, ils mangent de la saucisse de Morteau avec du comté, puis ils vont se coucher à la même heure que leurs poules. Elles sont comme leurs bœufs, elles pondent leur lait très tôt.

Un jour, un de ses frères violeur est mort. Henriette, qui avait alors 45 ans, a réussi à s’échapper. Elle a couru très loin jusqu’à Pontarlier où elle s’est cachée derrière une poubelle remplie de papiers cadeaux et d’emballages de foie gras. C’était un 25 décembre, et tous ces restes de fête, ça lui a fait un peu comme un réveillon. C’est l’assistance des hôpitaux qui l’a trouvée. Elle était gelée, recroquevillée, à même pas savoir pleurer puisqu’elle n’avait jamais eu quelqu’un pour la consoler.

Quand elle s’est réchauffée, elle a commencé à venir jouer aux Dames chez mon grand-père qui était veuf. Pour la faire bénéficier de sa retraite de douanier, il l’a épousée. Mon papa n'était pas content alors qu’il est le premier à faire des bêtises, et avec des femmes qui ne sont même pas ma mère. Et quand ma maman l’apprend, elle lui crie dessus et le traite de Matou de Montrapon. Montrapon, c’est le quartier où l’on habite à Besançon. Puis elle découpe sa tête des photos de famille qui sont posées sur l’étagère à côté du téléphone, et elle accroche son pyjama avec une punaise sur la porte d’entrée qu’elle ferme à clé, comme ça, mon papa est obligé d’aller dormir à l’hôtel. Bien fait ! Si seulement il pouvait emmener mon frère aîné avec lui ! Le lendemain, il rentre tout penaud avec la même tête que mon chien quand il a fait une bêtise du genre tuer une poule. Ma maman attend trois jours, puis elle passe l’éponge car elle l’aime et lui aussi, et tout redevient comme avant, mon frère aîné recommence à m’embêter ou à m'enfermer. Faut dire, il est dans l’âge bête où à part de me demander de lui obéir, il ne fait rien de ses journées. Même mon chien ne peut plus le supporter.

Et puis un jour, je ne sais pas pourquoi, mais tout repart de plus belle. Les poules tuées, ma maman trompée, les photos découpées, les pyjamas punaisés, les portes fermées, mon papa à l'hôtel, mon frère aîné excité. Je vous jure, j’ai 8 ans comme Henriette dans son placard, et chez moi, aussi, la vie est compliquée. Chez mon grand-père nouveau marié, c’est très calme. J’y ai passé une semaine l’été dernier pour aller respirer l'air pur de la montagne parce que j’avais trop toussé durant l’année. Mon grand-père me couchait à 7 heures, encore plus tôt que les poules du Haut-Doubs alors que je ne ponds pas. J’entendais les enfants des voisins jouer dans la cour. J’avais envie de les retrouver, mais je ne disais rien parce que j’aime mon grand-père. La journée, il fabrique dans son établi des petites seilles en bois sur lesquelles il grave en italique Pontarlier, puis il les vend aux touristes de Oye-et-Pallet. Dedans, on peut y mettre ce que l’on veut, des trombones, des bonbons. Ma mamy y range son dentier sur sa table de nuit, mais ce n'est pas pratique car quand elle dort, mon chien le lui vole, et le matin, quand elle rit sans ses dents, on dirait qu’elle a 100 ans, je l'aime car c'est une grand-mère enfant qui s'amuse tout le temps.

Mais depuis un mois, mon grand-père est malade du cancer du sang à l’hôpital de Besançon, et peut-être même, m'a dit ma maman, qu’Henriette sera veuve de douanier sans pouvoir toucher à la retraite car ils ne sont pas mariés depuis assez longtemps, ce serait dommage car elle n'est pas encore habituée à être une dame de Pontarlier à dire bonjour aux commerçants. Hier, quand je suis rentrée sans frapper dans la chambre de mon grand-père, j’ai vu une infirmière qui lui plantait une aiguille dans le cœur, je ne veux pas qu’il meure.

J’ai déjà vu un mort. C’était une morte. La femme du parrain de mon frère idiot. Elle était allongée sur un canapé. On aurait dit une enfant. Quand le parrain m’a obligée d’aller l’embrasser, j’ai compris que la mort c’était aussi froid que le Haut-Doubs quand mes parents louent une ferme et qu'on se lave avec de l'eau glacée avant d'aller faire du ski de fond.

Ce soir, c’est Noël, et je ne veux pas que mon grand-père devienne gelé comme le lac de Saint-Point sur lequel je fais du patin avec juste mes bottes aux pieds, sinon Henriette sera obligée de retourner dans son placard, alors que, depuis un mois, elle ne tremble plus et ose enfin me parler. Mon Dieu, faites que mon vœu soit exaucé, et aussi que mon frère arrête de m'embêter. Mais quand j'ai levé les yeux au ciel pour regarder si Dieu m'écoutait, j'ai surtout vu mon papa qui, ayant entendu le téléphone sonner, descendait de l'escabeau où il avait accroché une étoile au sommet de notre immense sapin qui vient directement du Haut-Doubs où les sapins sont les plus hauts et les plus beaux du monde. C'était l’hôpital. Pour la première fois, j’ai vu mon papa pleurer.

Le lendemain, nous étions tellement tristes que ma maman m'a emmenée aux Founottes, c’est le quartier de Besançon où vivent entassées les familles défavorisées, et j’ai donné mon vélo bleu flambant neuf et mes jouets à des enfants nombreux qui vivaient dans une seule pièce. C'était sale et ça ne sentait pas bon, mais quand j'ai vu les sourires de tous ces petits de mon âge qui me disaient merci, je me suis sentie devenir grande et importante, et différente. J'étais le messie et je volais au paradis. J'avais chaud au coeur, et même les problèmes avec mon idiot frère aîné n'existaient plus. J’ai pensé à mon grand-père parti aux cieux, et à Henriette qui n'avait jamais eu de cadeau.

A l’école, quand les filles de ma classe m’ont demandé ce que j’avais eu à Noël, je leur ai répondu que j’avais offert à des pauvres mal habillés tous les jouets que j’avais reçus et aussi tous les anciens avec lesquels je ne m'amusais plus, et j’ai ajouté que, grâce à ma maman, j'avais appris que savoir donner était le plus beau des cadeaux.

Sylvie Bourgeois

Brèves enfances (recueil de 34 nouvelles)

Éditions au Diable Vauvert

 

 

Sylvie Bourgeois - Besançon

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Évelyne Bouix - Sylvie Bourgeois Harel - Librairie L'Ecume des Pages - Saint-Germain-des-Prés - Paris

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Sylvie Bourgeois enfant. École rue Fanart - 25000 Besançon

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Sylvie Bourgeois - Besançon

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  • : Sylvie Bourgeois Harel, écrivain, novelliste, scénariste, romancière Extrait de mes romans, nouvelles, articles sur la nature, la mer, mes amis, mes coups de cœur
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