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Et si nous parlions des dégâts de la pêche intensive !

Et si nous parlions des dégâts de la pêche intensive !

 

Cet été, aux Graniers, à Saint-Tropez, je faisais mes longueurs dans la mer lorsque je vois un homme entrer dans l’eau avec une combinaison de plongée et un fusil harpon. J’effectue un crawl rapide pour arriver à sa hauteur. Là, je lui explique (gentiment et poliment) qu’il est interdit de pratiquer la chasse sous-marine dans les bassins destinés aux baigneurs. Le mec n’en a rien à faire. Il ricane J’essaye alors d’argumenter (toujours gentiment et poliment) qu’il peut sortir de l’eau et aller un peu plus loin dans les rochers, où il n’y a pas de plage, car je n’ai pas envie qu’il tue mes copains-poulpes qui viennent nager avec moi lorsque je m’approche de leurs rochers. Oui, le poulpe est un animal très intelligent. Les trois dont j’ai fait la connaissance au printemps me reconnaissent. Ayant compris que je ne représentais pas un danger, mais plutôt une nouvelle amitié, ils me saluent régulièrement. J’ajoute que je ne veux pas non plus qu’il tue mes poissons qui sont heureux d’évoluer dans cette crique en toute sécurité. Il ricane toujours. Sans m’énerver, je conclue que ce n’est pas un bon exemple pour les enfants présents de leur montrer des poissons morts au bout d’un fusil. Le mec ricane encore et s’éloigne dans la mer. avec son fusil-tueur 

 

Sur la plage, trois couples me regardent, d’un air hébété. Je vais les voir :

 

— Pourquoi n’êtes-vous pas venus m’aider à convaincre ce monsieur d’aller faire sa chasse sous-marine ailleurs ?

— On ne connaît pas la loi, balbutie une dame dont le mari baisse les yeux.

— Même si vous ne la connaissez pas, c’est du bon sens. Imaginez, s’il vise mal et qu’il tire dans votre jambe, vous seriez contents ? Et si un jour, quelqu’un débarque sur la plage avec un fusil et tue les mouettes, vous ne diriez rien non plus ? Ou s’il tire sur vous, vous vous tairiez encore ? Parce que la vie d’un poulpe, d’une mouette ou la vôtre, ça a la même valeur, non ?

 

En rentrant chez moi, j’ai réfléchi. J’ai réfléchi au besoin de certaines personnes de tuer avec un fusil ce qui ne laisse aucun espoir aux animaux de pouvoir s’échapper. Le monsieur qui pêche avec une canne, je le comprends. L’éleveur qui tue son cochon pour nourrir sa famille, je le comprends. Les deux peuvent, à l’instar des Amérindiens d’autrefois, faire une prière et remercier le poisson ou le cochon à qui ils viennent de voler la vie. 

 

Dans la nature, la nécessité de tuer des animaux pour se nourrir est également violente, mais cette nécessité répond aux besoins de la chaîne alimentaire. Et puis les animaux n’accumulent pas leurs proies. Ils tuent uniquement pour subvenir à leur faim. 

 

Aujourd’hui, l’industrialisation de la mort des animaux est passée à une vitesse alarmante. Dans les abattoirs bien sûr, mais aussi avec la pêche industrielle et la pêche illégale, en effet, 40% de la pêche que l’on trouve dans les restaurants ou les étals des poissonniers proviendrait de la pêche illégale. Cette surpêche excessive est inquiétante et destructrice de la ressource puisqu’elle retire des mers plus de poissons, crustacés, mollusques, qu’il ne peut s’en reproduire. 

 

Mais que faire pour lutter contre cette surpêche industrielle avec ses 10 millions de bateaux qui sont en action permanente? Que faire contre cette surpêche qui est largement soutenue par les subsides publiques, et dans le monde entier, à hauteur, paraît-il, de 22 milliards annuels ? Que faire lorsque l’on sait que 80 millions de requins sont décimés chaque année ( pour subvenir au marché chinois très demandeur, les pêcheurs leur coupent les ailerons sur le pont de leur bateau, puis les rejettent mutilés à la mer dans laquelle ils meurent dans des souffrances terribles) ? Que faire lorsque 90 millions de tonnes de poissons sont pêchés chaque année dans le monde, entraînant la raréfaction des soles dans le Golfe de Gascogne, du cabillaud dans la mer celtique et la mer du Nord, du Merlu de Méditerranée et l’extinction de la morue de Terre-Neuve ? Que faire contre cette entreprise japonaise qui a décidé d’exterminer le thon rouge (qui a diminué de 80% en quelques décennies) afin que leurs hangars remplis de thons rouges congelés prennent de la valeur, lorsque l’on sait qu’un thon rouge a été vendu plus d’un million de dollars ? Que faire contre l’Europe qui a contribué financièrement à la construction et à la modernisation de la flotte des grands thoniers ? Des chiffres ainsi alarmants, je pourrais continuer d’en citer des dizaines concernant la mort de milliers de dauphins, de baleines, de tortues… ce qui, entre parenthèses, contribue à la prolifération des méduses puisqu’ils ces espèces en raffolaient.

 

Que faire contre les moyens excessifs utilisés par la pêche intensive ? Que faire contre les palangres longues de 15 kilomètres sur lesquelles sont accrochés tous les 2 à 5 mètres des hameçons ? Que faire contre les scènes coulissantes qui enserrent les bancs de poissons comme dans une bourse avant de les remonter à bord des bateaux ? Que faire contre les chaluts de fond qui détruisent sur leur passage des habitats, des récifs de corail, des rochers, anéantissant tout un écosystème ? Que faire contre les filets maillants, sorte de gigantesques nappes rectangulaires, qui emprisonnent les poissons qui meurent asphyxiés, ne pouvant plus bouger leurs branchies coincées dans les mailles ? Que faire contre les filets dérivants, véritables rideaux de mort, pouvant mesurer jusqu’à 100 kilomètres de long, qui arrachent tout sur leur passage, d’autant qu’ils sont régulièrement perdus, continuant alors de tuer pour rien, tels des fantômes de nylon, des centaines de milliers d’espèces, alors qu’ils ont été interdits en 1992 ?

 

Que faire pour lutter contre cette pêche industrielle et intensive qui utilise des moyens gigantesques qui, non seulement, entraîne la disparition de nombreuses espèces marines, mais cause également la perte d'emploi pour les petites structures de pêche? J’ai l’impression que comme personne ne voit ce qu’il se passe sous l’eau, tout est permis, même illégalement, genre pas vu, pas pris !

 

Que faire alors ? Ne plus manger de poissons ? En tous cas, réduire drastiquement sa consommation lorsque l’on sait qu’en moyenne chaque personne en mangerait 20 kilos par an, est peut-être un premier pas.

 

Pour ma part, je rêve de retrouver des petites autonomies, à taille humaine, seul moyen pour lutter contre les excès de la mondialisation. 

 

Sylvie Bourgeois Harel

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SAVIEZ-VOUS QUE LES COCHONS MANGENT PLUS DE POISSONS QUE LES REQUINS ?

par Sylvie Bourgeois Harel

D’habitude quand je rentre de Ramatuelle où j’aime aller nager hors saison, je raconte à mes amis la douceur de l’eau, les sangliers qui détruisent les jardins, le sable de l’Escalet aussi blanc que celui des Maldives, les charançons rouges qui mangent de l’intérieur les palmiers jusqu’à les faire mourir, ce qui me provoque un véritable déchirement chaque fois que j’en aperçois un marqué d’un point marron qui signifie qu’il va être bientôt abattu. Mais depuis mon dernier séjour, je ne parle plus que de permaculture, de biodiversité, de vision holistique, d’agroécologie, de cultures sur buttes, de compostes, de résilience écologique.

En effet, j'ai été reçue au château de la Môle qui démarre un projet d'intérêt général pour devenir une sorte de "Villa Médicis" de l'agroécologie. Ses nouveaux propriétaires, Patrice de Colmont et sa sœur Véronique (propriétaires également du Club 55), avaient mis à disposition leurs jardins, les 12 et 13 septembre, pour recevoir l’opération Dessine-moi une tomate créée par l'association Colibris Golfe de Saint-Tropez qui fêtait ses 1 an. L'ambiance était joyeuse. 160 bénévoles ont accueilli plus de 2500 visiteurs. Ceux-ci ont pu écouter des conférences et des tables rondes sur les techniques agricoles respectueuses de l’écosystéme, échanger avec les représentants de différentes associations, faire participer leurs enfants aux nombreuses animations, acheter des légumes ou du miel aux stands des paysans, certains sont même repartis avec un poussin issu d’une race de poule ancienne très jolie avec ses grosses pattes exagérément fournies en plumes.

Pendant ces deux jours, - même si je suis depuis longtemps vigilante sur la provenance et la qualité de mon alimentation et que dans mes romans, mes héroïnes militent toujours (à leur façon et avec leur dialectique) contre les dérives et les dangers des pesticides et autres techniques de rentabilité qui épuisent nos sols, j’ai beaucoup appris. J’ai appris que l’homme a besoin du ver de terre pour vivre mais que le ver de terre n’a pas besoin de l’homme, que les semences OGM sont un crime contre l'humanité, que le requin est l’animal le moins meurtrier comparé, par exemple, au moustique, qu’un végétalien qui roule en voiture pollue moins qu’un carnivore qui circule à vélo, que 40% des poissons pêchés servent à nourrir d’autres animaux, que les cochons mangent plus de poissons que les requins, que 80 millions de requins sont tués chaque année, qu’une baleine défèque 3 tonnes de déchets par jour qui servent à nourrir le plancton, que 300000 baleines ont été décimées au XXème ce qui a entraîné une réduction de 50% du plancton.

J’ai également été séduite par la bienveillance et la volonté de préserver les ressources naturelles de notre planète, qui émanaient de chacun des intervenants venus expliquer son parcours et son action.

J’ai ainsi écouté André Huber qui a radicalement changé de vie pour se consacrer à l’Association Partager la terre. Malgré la fatigue accumulée durant ces dernières années sans congé, son sourire donne envie de suivre sa voie. Et aussi Daniel Vuillon, le fondateur de la première Amap, Mickaël Latz, le maire de Correns, le premier village bio de France et bien sûr le Capitaine Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd qui, avec ses gros bateaux, sauvent les baleines, les requins, les tortues, les phoques et les dauphins.

Tout allait bien, je venais d'embrasser un énorme tilleul bi-centenaire, quand un bonhomme, sans doute attiré par le député et le nombre de maires de la région présents, m’a demandé en ricanant si je cautionnais ce genre d’alimentation.

— C’est-à-dire ? je lui ai répondu.

— Allons, vous m’avez compris.

— Ben… non.

— Avouez qu’ils sont quand même très naïfs.

Réalisant que la conversation risquait de devenir laborieuse, je lui ai raconté comment lors d’un immense feu de forêt, un tatou s’était moqué d’un gentil colibri qui portait de l’eau dans son tout petit bec et la versait sur les flammes. Pfut ! Ne te fatigue pas l’ami, avait dit le tatou. Ça ne sert à rien. Tu crois peut-être qu’avec tes quelques gouttes, tu vas arrêter l’incendie ? Je ne sais pas, avait répondu le colibri, mais je fais ma part !

C’est d’ailleurs à partir de cette légende amérindienne que Pierre Rabhi, agriculteur biologiste et écrivain (je vous recommande vivement la lecture de ses ouvrages, et plus particulièrement Vers une sobriété heureuse), a créé Colibris en 2007.

Et comme je ne voulais pas gâcher mon plaisir d’être là, j’ai adressé au monsieur un joyeux sourire et je suis partie caresser un bébé oie qui ressemblait étrangement à un canard.

Septembre 2015

Paul Watson, Yana Watson, Sylvie Bourgeois Harel, Patrice de Colmont au Club 55

Paul Watson, Yana Watson, Sylvie Bourgeois Harel, Patrice de Colmont au Club 55

Conférence de Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, devant 600 personnes sur le parvis du chateau de la Mole.

Conférence de Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd, devant 600 personnes sur le parvis du chateau de la Mole.

Pierre Rabhi. Patrice de Colmont. Club 55. Journée des défis. Voiles de Saint-Tropez 2015

Pierre Rabhi. Patrice de Colmont. Club 55. Journée des défis. Voiles de Saint-Tropez 2015

Patrice de Colmont. Sylvie Bourgeois

Patrice de Colmont. Sylvie Bourgeois

Pierre Rabhi. Sylvie Bourgeois

Pierre Rabhi. Sylvie Bourgeois

Sylvie Bourgeois Patrice de Colmont

Sylvie Bourgeois Patrice de Colmont

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