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ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE - Sylvie Bourgeois Harel

ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE - Sylvie Bourgeois Harel

« Lorsque j’écris une nouvelle, un style littéraire qui me convient parfaitement, je suis aussi concentrée que si je tirais à l’arc afin que ma flèche atteigne avec une rapidité fulgurante mon but : le cœur.C’est d’ailleurs de là d’où je pars. Le cœur. Je suis au cœur du cyclone, de la tempête que traversent mes personnages. Je suis au cœur de l’intime. Plus rien d’autre ne compte. Que l’intime et l’émotion. Je retire les descriptions et les mots inutiles. Je vais à l’essentiel. Je suis dans une urgence absolue. Je prends alors une longue et profonde inspiration, comme lorsque je plonge en apnée dans la mer. Et je remonte à la surface écrire, guidée uniquement par l’émotion et la musique de mes mots. Voilà, c’est exactement cela. Je travaille mon style tel une partition de musique. »

Après En attendant que les beaux jours reviennent, publié aux éditions les Escales, en poche chez Pocket, chez Piper en Allemagne, ou ma série des Sophie, Sophie à Cannes, Sophie au Flore…, commencée chez Flammarion, ou encore Brèves enfances aux éditions Au diable vauvert, j’ai choisi, pour mon dixième livre, de revenir avec un nouveau recueil de nouvelles, le deuxième que j’écris, un genre que j’adore.

Et qu’adore aussi ma meilleure amie d’enfance, Nathalie, que j’aime et qui m’aime depuis que nos deux mamans se sont rencontrées lorsque nous avions un an. Nous habitions la même maison à Besançon, sa famille au premier étage, la mienne au rez-de-chaussée. Nous ne nous sommes jamais quittées et encore moins fâchées. Jamais. C’est un amour pur. Inconditionnel. La plus belle déclaration d’amour que Nathalie m’ait faite, c’était il y a deux ans, un matin, elle m’a téléphoné en larmes me disant qu’elle avait fait un cauchemar, je ne respirais plus.

Tout ça pour vous dire que je dédie mon recueil à Nathalie qui n’arrive pas à lire des livres car elle s’endort toujours à la dixième page. Ouf, mes nouvelles ne dépassent jamais les huit à neuf pages ! D’ailleurs beaucoup de mes lecteurs sont comme ma Nathalie chérie qui aime lire une de mes courtes mais intenses histoires avant de partir dans les bras de Morphée.

Mon recueil On oublie toujours quelque chose comporte 19 nouvelles. De Schizofamily à L’Architecte en passant par Je suis bien chez toi ou John et Johnny, je les ai toutes écrites au “je’. En effet, la première question que je me pose dès que je commence un texte est de décider si j’emploie le “je”, ou la 3ème personne du singulier. Le “je” me permet d’être au coeur de mon sujet. Ce “je” est parfois la voix d’un homme perdu, d’un petit garçon malheureux, d’un architecte qui souffre d’un optimisme obsessionnel, d’un fantôme, d’une femme exaltée…

Tous mes personnages sont drôles, émouvants, étonnants et ont, en commun, un besoin effréné d’amour, et aussi beaucoup d’amour à offrir, d’amour à partager ainsi qu'une tonne d’incompréhension et de questionnements…

L’amour est mon terreau d’inspiration. L’amour, la beauté, la nature, la pensée, le rire, l’humour… Ça occupe mes journées. Voilà mon rythme, j’écris, je dessine, je lis puis je vais marcher une heure et nager dans la mer méditerranée qui m’a vue naître et que j’adore !

Sylvie Bourgeois Harel

VOUS POUVEZ AUSSI LE COMMANDER EN M'ENVOYANT UN MESSAGE SUR MON ADRESSE MAIL : slvbourgeois@wanadoo.fr

ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE, recueil de nouvelle de Sylvie Bourgeois Harel
ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE, recueil de nouvelle de Sylvie Bourgeois Harel
ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE, recueil de nouvelle de Sylvie Bourgeois Harel

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Georges Cravenne, créateur des César, des Molière et des 7 d'Or
Mon ex-beau-père Georges Cravenne, créateur des César, des Molière et des 7 d'Or
 

À 18 ans, de Besançon où j’habite chez mes parents, j’envoie une lettre à Georges Cravenne, le créateur des César, des Molière, des 7 d’Or, dans laquelle, je lui exprime mon désir de travailler avec lui, je trouve formidable sa façon de promouvoir le cinéma français. Il ne m’a jamais répondu.

 

Sept ans plus tard, je vis avec son fils aîné, Charles. Nous nous sommes rencontrés chez Castel. Nous étions ravis de faire partie des 1% de couples rencontrés en boîte de nuit. Nous avons vécu quinze ans ensemble. Charles est d’ailleurs toujours dans ma vie. Avec mon mari, ils s’adorent. Cela a été mon travail que mon ex et mon mari soient amis. J’ai du mal à éliminer les bonnes personnes de ma vie, je préfère les additionner, et que l’on fasse groupe tous ensemble autour de l’amour que l’on se porte. D’ailleurs, à l’instant où j’écris ces quelques lignes, Charles est à la maison en train de nous cuisiner un risotto délicieux. Il cuisine aussi bien qu’un grand chef.

 

Georges Cravenne que j’avais sollicité et qui ne m’a jamais répondu est donc devenu mon beau-père. On s’appréciait beaucoup. À l’époque, je travaillais en free-lance dans la communication. Je ne voulais pas être embauchée à plein temps. Je n’aimais que les missions ponctuelles, synonymes de liberté. Georges m’embauchait alors régulièrement pour gérer les invitations lors des César, des Molière et des 7 d’Or. C’était très rigolo. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Tout Paris voulait y assister. Étant donné que j’étais la plus jeunes, ses vieilles assistantes, Colette, Anne, Micheline, Jacqueline, Yvette, me passait systématiquement les demandes les plus saugrenues, surtout celles qui revenaient chaque année, à l’instar de celles de Monique Lang qui me harcelait afin que son mari, Jack, soit bien assis dans l’angle des caméras pour qu’il soit vu plusieurs fois à la télévision lors de la retransmission en direct de l’émission.

 

De son côté, Georges, qui avait créé en 1975 l’Académie des arts et techniques du cinéma, s’occupait des stars françaises et américaines. Il les connaissait toutes. Son préféré était Kirk Douglas qui avait épousé Anne, sa petite amie, ce qui les avait soudés à vie. Comme Charles et mon mari. Des êtres généreux qui savent aller au-delà de la jalousie. Qui ont compris que le lien créé par l’amour est ce qu’il y a de plus fort. De mon côté, j’invitais mes parents, mes frères et, en cachette, mes amis comédiens qui rêvaient de participer à la soirée.

 

La cérémonie était longue, mais elle avait de la tenue, de l’élégance, de la classe. On n’était pas là pour rigoler, mais pour mettre à l’honneur le cinéma français. Tout était conçu et pensé pour offrir du rêve. Pour donner envie d’aller voir les films. Pour apporter de l’émotion. Je me souviendrai toujours de Bernard Blier, qui, lors de son hommage, était arrivé en chaise roulante dans les coulisses. Il était très malade, mais avait tenu à être présent. Au moment d’entrer en scène, comme par miracle, guidé par son amour pour son métier et son respect pour le public, sans l’aide de personne, il s’était levé afin de se présenter debout à la salle qui lui avait immédiatement fait une standing ovation. Tout le monde était en larmes. Vingt-cinq jours plus tard, Bernard mourrait. Il avait été digne jusqu’au bout.

 

Si je devais résumer en quelques mots la fascination que Georges Cravenne avait pour le cinéma, ce serait justement la dignité, mais aussi le respect, le talent, l’honneur, l’élégance. Georges vénérait les comédiens, les réalisateurs, les producteurs. Hormis les César, les Molière et les 7 d’Or, il organisait les plus prestigieuses avant-premières de Paris ainsi que les soirées les plus spectaculaires pour faire parler d’un nouveau produit, d’une nouvelle marque. Dès les débuts dans son métier de Relations Publiques, il avait inventé de créer l’évènement en invitant les personnes les plus célèbres associées aux plus riches, le tout dans des décors extraordinaires, fastueux et étonnants, afin d’obtenir le journal de 20 heures et un maximum de presse, les journalistes et photographes conviés étant fascinés par ce melting-pot mondain prêt à tout pour s’amuser car les soirées de Georges savaient marier humour et tenue.

 

Pour en revenir aux César, un autre joli souvenir date de 1990. Lorsque Kirk Douglas arrive au théâtre des Champs-Élysées, tous les visages sont emprunts d’admiration. Après avoir monté les escaliers, avant de répondre à une interview d'Antenne 2, il s’est retourné en riant et a offert son plus beau sourire et sa célèbre fossette aux invités médusés. On avait à la fois Spartacus, Van Gogh, le Colonel Dax des Sentiers de la gloire, et le côté tendre et complice du meilleur ami de Georges.

 

Après la cérémonie, un grand dîner très chic nous attendait au Fouquet’s. J’installais mes parents qui venaient spécialement de Besançon pour la soirée. J’étais fière de les avoir avec moi. Mon père qui était très drôle arrivait à sympathiser avec des producteurs américains alors qu’il ne parlait pas un mot d’anglais. Tout était dans le style et la gestuelle !

 

Une fois tous les invités partis, avec Charles, Georges et Daniel Bart, son fidèle assistant, nous nous asseyions aux côtés de Maurice Casanova, l’adorable et rigolo propriétaire des lieux, un Corse, grand amoureux des stars lui aussi, et nous faisions le débriefing de la soirée. Les anecdotes pleuvaient. On riait, soulagés qu’elle soit réussie. Georges décompressait. Il souriait enfin. Au moment de récupérer nos manteaux au vestiaire, il remerciait Charles de sa présence. Charles travaillait dans la distribution de films américains, chez Columbia-Tristar, mais se libérait chaque année pour aider son père.

 

Parmi les choses que j'ai entendues sur les César, voici quelques petites précisions :

 

Jean-Paul Belmondo a longtemps boudé la cérémonie, vexé que Georges n’ait pas demandé à son père sculpteur ( jeune, ma maman posait pour lui afin de payer ses études, elle est d’ailleurs en ange dans la cathédrale d’Amiens ) de créer la statuette. Mais Georges a préféré choisir son ami César dont le nom avait la même consonance que les Oscar, et qui rappelait également le grand Marcel Pagnol.

 

Georges a toujours déclaré avoir créé les César par rapport aux Oscar. Il voulait la même cérémonie pour la promotion du cinéma français. La seule différence était que les Américains votaient uniquement dans leurs catégories, les acteurs pour les acteurs, les scénaristes pour les scénaristes… Georges avait tenu à ce que toute la profession vote pour toutes les catégories.

 

Georges n'a jamais dévoilé les résultats que pourtant il connaissait dès 16 heures lorsqu'il les découvrait chez l'huissier. Il repartait avec toutes les enveloppes cachetées qui n'étaient ouvertes que durant la cérémonie. Même Alain Delon qui le lui avait demandé, pourtant très proche de Georges, n'a jamais su à l'avance s'il avait le César ou pas. Une seule fois, Georges a cédé pour les 7 d’Or, sous la pression du patron de la chaîne de télévision qui diffusait la cérémonie. Il a donc appelé dans l’après-midi les animateurs qui recevraient un prix. Résultat, la moitié de la salle était vide. Ceux qui n’avaient pas de prix n’avaient pas daigné se déplacer, ne serait-ce que pour féliciter leurs collègues. Georges s’était juré de ne plus jamais recommencer.

 

Georges vieillissant, ses enfants, à ma grande déconvenue et malgré mes insistances, n’ont pas voulu reprendre le flambeau, a vendu sa société. Canal+ , puis France TV, se sont emparés des César. Le ton a changé. Fini l’élégance qui n’était, soi-disant, plus à la même mode. Dorénavant, il fallait se moquer, faire rire, faire jeune. Comme si se moquer, faire rire, faire jeune, était synonymes de qualité ! On est alors passé du grandiose à la blagounette et au ricanement. Des blagounettes tristes et du ricanement irrespectueux. Des blagounettes pas drôles. Ils ont tué l’excellence, le talent, l’élégance.

 

Pauvre Georges qui, comme le dit si bien Charles, se retournerait dans sa tombe s’il était encore vivant !

 

Sylvie Bourgeois Harel

Charles Cravenne Sylvie Bourgeois cérémonie des César dîner au Fouquet's

Charles Cravenne Sylvie Bourgeois cérémonie des César dîner au Fouquet's

Kirk Douglas Anne Buydens son épouse Georges Cravenne cérémonie des César

Kirk Douglas Anne Buydens son épouse Georges Cravenne cérémonie des César

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Pan ou la fin tragique de Danielle Cravenne

PAN fait partie des 19 nouvelles de mon nouveau recueil ON OUBLIE TOUJOURS QUELQUE CHOSE. Si vous désirez le lire, vous pouvez m'envoyer un mail à : slvbourgeois@wanadoo.fr

PAN

Pan ! Je suis morte. Pan ! Pan ! Dans mon beau visage. Pan ! Pan ! Bon, ça va maintenant ? Pan ! Pan ! C’est vraiment con, les hommes !

 

Quand je me suis levée ce matin, j’étais déterminée. Je n'avais pas fermé l’œil de la nuit tant j’étais excitée. Ah, il ne voulait pas divorcer ? Et bien, il allait voir ce qu’il allait voir ! Tout était organisé. Julie et Marc iraient chez ma mère. Ma lettre était rédigée. J’étais assez fière du passage ou je traitais mon mari de bâton merdeux. Non mais, ce n'est pas parce qu’il fréquente le Tout-Paris qu’il va me dicter sa loi. Le salaud, quand j’y pense.

 

J’ai embrassé Marc et Julie en leur promettant d’être de retour le soir-même pour regarder ensemble le journal télévisé de 20 heures.

 

- On va bien rigoler, je leur ai dit.

 

Je n’avais plus qu’à y aller. Je n’avais pas peur. J'étais en Dior. J’ai mis le fusil de mon mari en pièces détachées dans mon Kelly. Je n’ai rien pris d’autre. À quoi bon ? Je ne suis pas une criminelle. Pourquoi des balles ? Je ne veux pas tuer. Juste me faire entendre. C'est pour ça qu'au dernier moment, j'ai ajouté un pistolet d'alarme. Pour tirer l'alarme que rien ne va plus.

 

Zizi n’arrêtait pas d’aboyer.

 

- Mais qu’est-ce que tu veux, mon petit Zizi ? Mais oui, tu viens avec maman en voyage. Tu es trop mignon. Si seulement mon mari pouvait te ressembler. Allez, hop ! Zizi, monte dans la Mini de maman. Allez, hop ! Direction l’aéroport d’Orly.

 

Pauvre petit Zizi ! Il n'a rien dû comprendre. À l’embarquement je l’ai mis dans mon Kelly, sur les pièces du fusil. Les contrôleurs n’ont rien vu. En même temps, avec mon manteau Chanel, je n’avais pas une tête de criminelle. Zizi a été très sage, sauf au décollage. Je lui ai massé les oreilles. Les chiens n’aiment pas prendre l’avion m’a dit un jour son vétérinaire qui a une émission à la télévision. Mon mari avait tenu à ce que le vétérinaire de Zizi soit connu. Pour mon mari, soit t'es connu, soit t'es riche, soit tu n'es rien. Pauvre con ! Je regrette d’avoir choisi l'avion pour Marseille. Si j'avais pris celui pour Nice, je ne serais peut-être pas morte ?

 

Après le décollage, je me suis enfermée dans les toilettes. J’étais très motivée. J’étais sûre que j’allais gagner. J’ai glissé ma lettre sous la porte et j'ai appelé une hôtesse. Je voulais  qu’elle la donne au commandant de bord. C’était simple, il devait la lire au journal de 20 heures ou je faisais sauter l’avion. C’était pour du faux bien sûr, mais je leur ai fait croire que c’était pour du vrai. Zizi était avec moi. On a attendu longtemps dans les toilettes. J’en ai profité pour lui faire faire son petit pipi. C’est ce qu’il y a de bien avec les petits chiens, ils nécessitent peu d’entretien.

 

Soudain l’avion s’est posé. Quelqu'un a crié aux passagers de se dépêcher pour débarquer. Je les ai entendu courir. Cela faisait beaucoup de bruit.

 

Mon mari m’avait expliqué que pour faire connaître un produit, il fallait créer un événement suffisamment important pour que l’on en parle au journal de 20 heures. Mon produit, c’était l’humanité. Je voulais que le présentateur lise ma lettre qui demandait qu’on stoppe le nucléaire et la guerre et qu’on s’occupe enfin de l'écologie et de la nature. En Post-Scriptum, j’ai ajouté que je voulais divorcer et que mon mari, même s’il était l'ami de Pompidou, le Président de la République, devait l’accepter. Je disais aussi qu’il me trompait depuis le début de notre mariage et que je méritais mieux.

 

Soudain l’avion a été très calme. J’étais fatiguée. Lasse. Cette journée m’avait épuisée. Je me souviens que j’étais triste. Très triste. Mes enfants me manquaient. Mon mari aussi. Il aurait su quoi me dire, quoi faire. On a frappé à ma porte. C’était le commandant de bord qui me disait que je pouvais sortir. Qu’il n’était pas armé. Qu’il était seul avec la chef-hôtesse et un steward. Que ma lettre était très belle et que le gouvernement était en train de chercher une solution pour la télévision.

 

Je tremblais. J’avais froid. Je voulais mon mari. J’ai ouvert la porte. Le commandant m’a regardé, étonné. Il pensait peut-être que j’étais un monstre sanguinolent et bavant ? N’importe quoi, j’étais parmi les plus belles femmes de Paris. Il a pris mon Kelly. Quand il a vu mon fusil en pièces détachées, il m’a de nouveau regardé en hochant la tête. Il pensait quoi ? Que j’allais le faire sauter, son avion ?

 

Il m’a assise au premier rang de l’appareil. Zizi était sur mes genoux. Je pleurais. La tête me tournait. Je voulais mon mari.

 

- Monsieur le commandant de bord, je lui ai dit, pouvez-vous s’il vous plait téléphoner à mon mari pour lui expliquer ce que j’ai fait ? Voici son numéro. Mon mari est un homme très important. Téléphonez-lui, qu’il vienne me jeter en prison. Vous savez, je ne voulais pas le faire tomber, votre avion. Je veux juste que la vie soit meilleure. Si personne ne s’occupe de prendre soin de notre planète, nos enfants vivront dans quoi, monsieur le Commandant de bord?

- Vous avez faim madame ? m’a demandé la chef-hôtesse.

 

Je l’ai regardé, sans répondre.

 

- Ou soif peut-être ? Votre mari va arriver. Vous devez l’attendre ici. En l’attendant, mangez ou buvez quelque chose.

- Pourquoi pas ? j'ai répondu. Je voulais lui montrer que j’étais conciliante.

 

La chef-hôtesse a caressé la tête de Zizi qui s’est mis à grogner. J'aurais du me méfier. C’était la première fois que mon chien, plutôt mondain, grognait.

 

Quatre hommes équipés façon armée sont montés m’apporter à  manger. J’allais les remercier quand soudain j’ai remarqué, caché sous leur plateau-repas, le canon d’un fusil.

 

Pan ! Je suis morte. Pan ! Pan ! Dans mon beau visage. Pan ! Pan ! Bon, ça va maintenant. Pan ! Pan ! C’est vraiment con, les hommes !

 

Sylvie Bourgeois Harel

Pan ou la fin tragique de Danielle Cravenne
Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

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  • : Sylvie Bourgeois Harel, écrivain, novelliste, scénariste, romancière Extrait de mes romans, nouvelles, articles sur la nature, la mer, mes amis, mes coups de cœur
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