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Michaël Douglas Festival du film américain de Deauville Septembre 1988

Michaël Douglas Festival du film américain de Deauville Septembre 1988

Nous sommes en septembre 1998. Je suis au Festival de Deauville avec mon fiancé qui travaille pour Sony Pictures. Nous descendons toujours au Royal. Le matin, je fais du cheval sur la plage. À cette époque, le festival était encore très convivial, très friendly comme disent les Américains.

 

Ce soir, c’est la projection en avant-première de Zorro. Antonio Banderas et Catherine Zeta Jones sont venus le présenter. L’après-midi, l’attachée de presse française de Warner téléphone à mon fiancé, Michaël Douglas désire être invité au dîner que Sony Pictures organise au Trois Mages après le film. Autant dire qu’il répond oui immédiatement. Un nouveau plan de table est immédiatement imaginé.

 

Avant la fin de la projection, je m’éclipse avec mon fiancé qui veut vérifier que tout est en place au restaurant. La salle est déserte, les clients sont encore au cinéma. Trois tables sont dressées pour accueillir la cinquantaine d’invités de Sony. Et là, que voyons-nous ? Michaël Douglas qui, tranquillou, les mains dans les poches, en sifflotant l’air de rien, avec son charmant air coquin, est en train de réorganiser complètement le plan de table en changeant les noms inscrits sur des bristol pour être assis à côté de Catherine Zeta Jones pour laquelle, je l’apprendrai des années plus tard par mon ami Alberto, il a complètement craqué la veille lorsque Régine la lui a présentée dans sa boîte de nuit située sous le casino.

 

Ça y est, l’équipe du film arrive suivi du staff français et américain. Tout le monde prend sa place indiquée par les bristols. Nous venons de finir l’entrée quand soudain j’éclate de rire.

 

— Non mais tu as vu le bordel qu’a mis Michaël Douglas dans ton dîner qui ne ressemble plus à rien, je dis à mon fiancé. Regarde, le patron monde de Sony Pictures est maintenant assis entre le coiffeur et le dealer, il y avait toujours un dealer habillé trop chic qui accompagnait les talents, Banderas tire la gueule car il est assis entre les deux nains de 7 ans du producteur à qui il n’a strictement rien à dire, Mélanie Griffith est furieuse d’avoir été reléguée à l’autre bout de la table et Philippe de Broca, très ému à l’idée de retrouver la belle Catherine Zeta Jones qu’il a fait tourner huit ans plus tôt dans Les mille et une nuits, est très déçu de ne pas pouvoir l’approcher, le seul qui est content, c’est Michaël.

 

Et il avait bien raison Michaël d’être content, ce soir-là, il a 54 ans, il est resplendissant comme un Dieu et il vient de séduire la deuxième femme de sa vie dont il est toujours amoureux vingt-six ans plus tard.

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Georges Cravenne, créateur des César, des Molière et des 7 d'Or
Mon ex-beau-père Georges Cravenne, créateur des César, des Molière et des 7 d'Or
 

À 18 ans, de Besançon où j’habite chez mes parents, j’envoie une lettre à Georges Cravenne, le créateur des César, des Molière, des 7 d’Or, dans laquelle, je lui exprime mon désir de travailler avec lui, je trouve formidable sa façon de promouvoir le cinéma français. Il ne m’a jamais répondu.

 

Sept ans plus tard, je vis avec son fils aîné, Charles. Nous nous sommes rencontrés chez Castel. Nous étions ravis de faire partie des 1% de couples rencontrés en boîte de nuit. Nous avons vécu quinze ans ensemble. Charles est d’ailleurs toujours dans ma vie. Avec mon mari, ils s’adorent. Cela a été mon travail que mon ex et mon mari soient amis. J’ai du mal à éliminer les bonnes personnes de ma vie, je préfère les additionner, et que l’on fasse groupe tous ensemble autour de l’amour que l’on se porte. D’ailleurs, à l’instant où j’écris ces quelques lignes, Charles est à la maison en train de nous cuisiner un risotto délicieux. Il cuisine aussi bien qu’un grand chef.

 

Georges Cravenne que j’avais sollicité et qui ne m’a jamais répondu est donc devenu mon beau-père. On s’appréciait beaucoup. À l’époque, je travaillais en free-lance dans la communication. Je ne voulais pas être embauchée à plein temps. Je n’aimais que les missions ponctuelles, synonymes de liberté. Georges m’embauchait alors régulièrement pour gérer les invitations lors des César, des Molière et des 7 d’Or. C’était très rigolo. Le téléphone n’arrêtait pas de sonner. Tout Paris voulait y assister. Étant donné que j’étais la plus jeunes, ses vieilles assistantes, Colette, Anne, Micheline, Jacqueline, Yvette, me passait systématiquement les demandes les plus saugrenues, surtout celles qui revenaient chaque année, à l’instar de celles de Monique Lang qui me harcelait afin que son mari, Jack, soit bien assis dans l’angle des caméras pour qu’il soit vu plusieurs fois à la télévision lors de la retransmission en direct de l’émission.

 

De son côté, Georges, qui avait créé en 1975 l’Académie des arts et techniques du cinéma, s’occupait des stars françaises et américaines. Il les connaissait toutes. Son préféré était Kirk Douglas qui avait épousé Anne, sa petite amie, ce qui les avait soudés à vie. Comme Charles et mon mari. Des êtres généreux qui savent aller au-delà de la jalousie. Qui ont compris que le lien créé par l’amour est ce qu’il y a de plus fort. De mon côté, j’invitais mes parents, mes frères et, en cachette, mes amis comédiens qui rêvaient de participer à la soirée.

 

La cérémonie était longue, mais elle avait de la tenue, de l’élégance, de la classe. On n’était pas là pour rigoler, mais pour mettre à l’honneur le cinéma français. Tout était conçu et pensé pour offrir du rêve. Pour donner envie d’aller voir les films. Pour apporter de l’émotion. Je me souviendrai toujours de Bernard Blier, qui, lors de son hommage, était arrivé en chaise roulante dans les coulisses. Il était très malade, mais avait tenu à être présent. Au moment d’entrer en scène, comme par miracle, guidé par son amour pour son métier et son respect pour le public, sans l’aide de personne, il s’était levé afin de se présenter debout à la salle qui lui avait immédiatement fait une standing ovation. Tout le monde était en larmes. Vingt-cinq jours plus tard, Bernard mourrait. Il avait été digne jusqu’au bout.

 

Si je devais résumer en quelques mots la fascination que Georges Cravenne avait pour le cinéma, ce serait justement la dignité, mais aussi le respect, le talent, l’honneur, l’élégance. Georges vénérait les comédiens, les réalisateurs, les producteurs. Hormis les César, les Molière et les 7 d’Or, il organisait les plus prestigieuses avant-premières de Paris ainsi que les soirées les plus spectaculaires pour faire parler d’un nouveau produit, d’une nouvelle marque. Dès les débuts dans son métier de Relations Publiques, il avait inventé de créer l’évènement en invitant les personnes les plus célèbres associées aux plus riches, le tout dans des décors extraordinaires, fastueux et étonnants, afin d’obtenir le journal de 20 heures et un maximum de presse, les journalistes et photographes conviés étant fascinés par ce melting-pot mondain prêt à tout pour s’amuser car les soirées de Georges savaient marier humour et tenue.

 

Pour en revenir aux César, un autre joli souvenir date de 1990. Lorsque Kirk Douglas arrive au théâtre des Champs-Élysées, tous les visages sont emprunts d’admiration. Après avoir monté les escaliers, avant de répondre à une interview d'Antenne 2, il s’est retourné en riant et a offert son plus beau sourire et sa célèbre fossette aux invités médusés. On avait à la fois Spartacus, Van Gogh, le Colonel Dax des Sentiers de la gloire, et le côté tendre et complice du meilleur ami de Georges.

 

Après la cérémonie, un grand dîner très chic nous attendait au Fouquet’s. J’installais mes parents qui venaient spécialement de Besançon pour la soirée. J’étais fière de les avoir avec moi. Mon père qui était très drôle arrivait à sympathiser avec des producteurs américains alors qu’il ne parlait pas un mot d’anglais. Tout était dans le style et la gestuelle !

 

Une fois tous les invités partis, avec Charles, Georges et Daniel Bart, son fidèle assistant, nous nous asseyions aux côtés de Maurice Casanova, l’adorable et rigolo propriétaire des lieux, un Corse, grand amoureux des stars lui aussi, et nous faisions le débriefing de la soirée. Les anecdotes pleuvaient. On riait, soulagés qu’elle soit réussie. Georges décompressait. Il souriait enfin. Au moment de récupérer nos manteaux au vestiaire, il remerciait Charles de sa présence. Charles travaillait dans la distribution de films américains, chez Columbia-Tristar, mais se libérait chaque année pour aider son père.

 

Parmi les choses que j'ai entendues sur les César, voici quelques petites précisions :

 

Jean-Paul Belmondo a longtemps boudé la cérémonie, vexé que Georges n’ait pas demandé à son père sculpteur ( jeune, ma maman posait pour lui afin de payer ses études, elle est d’ailleurs en ange dans la cathédrale d’Amiens ) de créer la statuette. Mais Georges a préféré choisir son ami César dont le nom avait la même consonance que les Oscar, et qui rappelait également le grand Marcel Pagnol.

 

Georges a toujours déclaré avoir créé les César par rapport aux Oscar. Il voulait la même cérémonie pour la promotion du cinéma français. La seule différence était que les Américains votaient uniquement dans leurs catégories, les acteurs pour les acteurs, les scénaristes pour les scénaristes… Georges avait tenu à ce que toute la profession vote pour toutes les catégories.

 

Georges n'a jamais dévoilé les résultats que pourtant il connaissait dès 16 heures lorsqu'il les découvrait chez l'huissier. Il repartait avec toutes les enveloppes cachetées qui n'étaient ouvertes que durant la cérémonie. Même Alain Delon qui le lui avait demandé, pourtant très proche de Georges, n'a jamais su à l'avance s'il avait le César ou pas. Une seule fois, Georges a cédé pour les 7 d’Or, sous la pression du patron de la chaîne de télévision qui diffusait la cérémonie. Il a donc appelé dans l’après-midi les animateurs qui recevraient un prix. Résultat, la moitié de la salle était vide. Ceux qui n’avaient pas de prix n’avaient pas daigné se déplacer, ne serait-ce que pour féliciter leurs collègues. Georges s’était juré de ne plus jamais recommencer.

 

Georges vieillissant, ses enfants, à ma grande déconvenue et malgré mes insistances, n’ont pas voulu reprendre le flambeau, a vendu sa société. Canal+ , puis France TV, se sont emparés des César. Le ton a changé. Fini l’élégance qui n’était, soi-disant, plus à la même mode. Dorénavant, il fallait se moquer, faire rire, faire jeune. Comme si se moquer, faire rire, faire jeune, était synonymes de qualité ! On est alors passé du grandiose à la blagounette et au ricanement. Des blagounettes tristes et du ricanement irrespectueux. Des blagounettes pas drôles. Et je ne parle pas de tous ces résistants de salon, de ces guerriers de canapé, qui deviennent, soudain, des experts en politique et en conflits mondiaux, tout ça pour se donner une belle image et être admis dans les réseaux qui financent. Voilà, les César ont tué l'excellent, le talent, l'élégance.

Pauvre Georges Cravenne qui, comme le dit si bien Charles, se retournerait dans sa tombe s’il était encore vivant !

 

Sylvie Bourgeois Harel

Charles Cravenne Sylvie Bourgeois cérémonie des César dîner au Fouquet's

Charles Cravenne Sylvie Bourgeois cérémonie des César dîner au Fouquet's

Kirk Douglas Anne Buydens son épouse Georges Cravenne cérémonie des César

Kirk Douglas Anne Buydens son épouse Georges Cravenne cérémonie des César

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