- qu’il est malsain voire dangereux que l’euthanasie en fin de vie et le suicide assisté soient assimilés dans la même loi car cela crée de nombreuses confusions dans l’esprit des gens
que cette confusion a été voulue par les instigateurs de cette loi. Ainsi en parlant avec (fausse) émotion et (fausse) compassion de l’euthanasie en fin de vie des personnes âgées qui souffrent, ils pourront faire passer, dans un deuxième temps, aussi facilement qu’une lettre à la poste, la notion de suicide assisté qui sera alors proposé aux plus fragiles et aux plus démunis comme les jeunes déprimés ou les malades psychiatriques ( je ne fais que reprendre les arguments du Dr Touraine qui a travaillé à l’initiative de cette loi, que vous pouvez écouter dans la vidéo ci-dessous )
- que la Loi Clayes-Leonetti conçue pour accompagner les personnes en fin de vie était finalement peu connue, tous ceux qui le désirent peuvent la signer, de préférence quand tout va bien, en prévention
- qu’il existe donc deux clans bien distincts : ceux qui, comme moi, aiment la vie, et ceux qui aiment la mort, mais de préférence celle des autres
Puisque cette loi a été votée, en attendant que le sénat donne son avis, je vais donc pousser plus loin ma réflexion à partir des paroles de ce Docteur Touraine qui explique très clairement que dès que la loi sera promulguée, ils continueront coûte que coûte leur combat afin que le suicide assisté soit proposé également aux jeunes déprimés et aux malades mentaux afin, ajoute-t-il, que ces pauvres gens aient, eux aussi, le droit de mourir. Sauf que mourir n’est pas un droit puisque nous allons tous mourir, c’est d’ailleurs notre seule certitude. Et c’est une décision à ne pas prendre à la légère, comme le disait Kafka : « L’éternité, c’est long surtout à la fin ».
Dans ma réflexion, on est bien d’accord que je ne parle que du suicide assisté qui sera proposé aux jeunes et aux malades mentaux, et pas de la fin de la vie en hôpital des personnes âgées qui souffrent. D’autant que de ce côté, j’ai géré la mort de ma mère à l’ancienne. Elle est morte d’un cancer généralisé dans mes bras, à la maison où j’avais fait installer l’hospitalisation à domicile ( un service formidable d’ailleurs ). Jamais je n’aurais sous-traité la mort de ma mère à un hôpital ou à qui que ce soit. Je voulais qu’elle soit avec moi. Elle le voulait aussi. C’était le dernier cadeau que je pouvais lui offrir. Un cadeau avec une charge émotionnelle énorme et une responsabilité toute aussi énorme. Pendant les six mois de la fin de sa vie, j’ai donc fait le choix de réduire drastiquement mon activité professionnelle afin d’être constamment avec elle, j’ai également abandonné mes dîners, mes soirées, mes week-ends et mes voyages. Ma seule priorité était ma mère. J’ai pris sa mort en pleine face. J’ai vu sa mort de près. J’ai vu la mort de près. J’avais 33 ans. Durant les six mois que j’ai passé auprès d’elle afin de l’accompagner le mieux que j’aie pu aux portes de l’au-delà, c’est mon devoir d’enfant à celle qui m’a donnée la vie, mon respect de fille vis-à-vis de sa mère, mon amour pour ma maman que j’adorais, qui se sont exprimés. C’est également ainsi que j’ai pu continuer de vivre sans culpabilité, avec mon chagrin oui, mais sans culpabilité de ne pas avoir fait ce que je devais faire.
Aujourd’hui où il devient très rare que des parents meurent de vieillesse chez eux ou chez leurs enfants, le plus souvent, ils sont déposés dans des ephads ou confiés à des hôpitaux, attention, je ne juge personne, ce sont des choix personnels et intimes, c’est juste un constat, ma réflexion sur le suicide assisté que désire proposer ceux qui ont travaillé sur cette loi m’apporte une question fondamentale : pourquoi demander aux médecins qui ont prononcé le Serment d’Hippocrate qui leur interdit de donner la mort, de soudain être obligés de la donner aux personnes qui demanderaient un suicide assisté ?
Comme je suis écrivain, j’aime utiliser les mots justes. Puisque cette loi sur le suicide assisté parle de tuer ceux qui désirent mourir, les investigateurs de cette loi devraient créer un nouveau métier, enfin plus exactement remettre au goût du jour, un métier qui a longtemps existé et qui a disparu en France en 1981, celui de bourreau. Dans le dictionnaire, la définition de bourreau est celui qui exécute les peines corporelles ordonnées par une cour de justice et spécialement la peine de mort. Il suffirait de changer quelques mots pour réactualiser cette définition. Le bourreau deviendrait alors celui qui exécute la mort d’une personne quarante-huit heures après que celle-ci l’aurait explicitement exprimé au cours d’un entretien et dans un local conçu à cet effet.
Il y aurait donc un CAP de bourreau, ainsi les médecins ne seraient pas obligés de trahir leur Serment d’Hippocrate, et les amateurs de la mort des autres pourraient, s’ils le désirent, devenir, eux aussi, bourreaux.
Quant à moi, je vais rejoindre le monde de ceux qui, comme moi, aiment la vie et qui préfèrent aider les jeunes déprimés à l’apprécier plutôt que de les inciter à se suicider, et par la même occasion, je vais aller me baigner dans ma belle Méditerranée ensoleillée que j’adore et pour laquelle, chaque jour, je remercie le ciel et les dieux de l’avoir créée.