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Judith Godrèche et Sylvie Bourgeois Harel - 2004

Judith Godrèche et Sylvie Bourgeois Harel - 2004

Que dit la loi ? Un adulte n’a pas le droit d’avoir des relations sexuelles avec un enfant de moins de 15 ans. Un point, c’est tout. Il n’y a rien d’autre à ajouter.

Benoit Jacquot aura beau donner toutes les raisons du monde que Judith s’était mise en tête en tête de le sauver, qu’elle était très déterminée, qu’elle était amoureuse de lui, quand on est un homme normal et sain d’esprit de 39 ans, on ne couche pas avec une jeune fille de 14 ans. Un point, c’est tout. Quand on est un homme normal, on lui dit qu’elle est trop jeune et on s’en va. On laisse l’adolescente jouer avec les garçons de son âge.

Une jeune fille de 14 ans n’est jamais consentante. C’est tout. Il n’y a pas à discuter. Même si elle veut embrasser un adulte, même si elle le lui fait les yeux doux, et bien non, l’adulte dit non. L’adulte doit avoir une éthique. Il a sa part de responsabilité vis-à-vis des enfants du monde entier. Et s’il fait tourner cette jeune fille dans un film, il la fait raccompagner le soir après les prises chez ses parents par une assistante, et il la revoie le lendemain uniquement pour les besoins du tournage.

Judith a toujours voulu être comédienne. C’est donc assez logique qu’elle tombe sous le charme de Jacquot. Elle n’est pas encore assez grande pour comprendre que Jacquot est, non seulement, un piètre réalisateur nourri aux subventions qui fait des films qui s’adressent uniquement, comme il le dit lui-même, au "petit monde du cinéma" (quel mépris pour le cinéma… ), elle ne voit que l’homme protecteur qui peut réaliser son rêve de devenir actrice.

 

D’autant que c’est exactement la stratégie de Jacquot. Il le dit lui-même dans le documentaire de Gérard Miller, Les ruses du désir, tourné en 2011. Il explique comment il a utilisé le 7ème art comme une sorte de couverture pour séduire de jeunes mineures, pour avoir une emprise sur elles. Il n’a même pas honte. Il ne s’excuse pas. Non, il s’en vante ! Jacquot n’a aucune excuse, il s’est comporté comme un sale prédateur profiteur qui s’est régalé de coucher avec de la chair jeune. C’est juste dégueulasse. C’est pathologique. C’est clinique Hélas, il n’est pas le seul dans toute cette génération de post-soixante-huitards à s’être servi du cinéma pour « glamouriser » leurs sales désirs de baiser de la gamine, quelle horreur !


Judith est ravissante. Judith est drôle. Judith est ambitieuse. Judith n’est pas protégée par ses parents. Judith est donc la victime parfaite.


Judith a donc été formatée. Elle est ainsi entrée dans le système. Elle a grandi. Elle est devenue une comédienne. Elle a été médiatisée. Elle a joué aux Etats-Unis. Certainement heureuse de son succès, elle a enfoui sous une tonne de béton son traumatisme.

J’ai rencontré Judith en 2004. Je l’ai tout de suite appréciée. Mais j’étais choquée qu’elle ait vécu avec Jacquot à 14 ans. Je le lui ai dit. Elle a ri. C’est souvent sa façon de répondre quand elle ne comprend pas vraiment. Elle écarte ses jolis yeux d’un air étonné et elle rit. D’un rire charmant. D’un rire désarmant. Alors on parle d’autre chose. J’ai également connu son père. Qu’elle adorait. Je ne comprenais pas qu’il l'ait laissé partir adolescente avec un homme si vieux. Mais son père n’est pas l’être brillant qu’elle aime décrire. Je le sentais plutôt paumé. Perdu.

Adolescente, Judith était certainement plus forte que lui. Peut-être voulait-elle le sauver, lui, le père abandonné par sa femme, comme elle a voulu sauver Jacquot. Car Judith est forte. C’est d'ailleurs certainement sa force qui l’a poussée dans les bras de Jacquot. En se croyant adulte, en devenant une femme, en devenant une star, inconsciemment, elle a voulu réussir à consoler son père. Moi-même ayant été abusée enfant, à 8 ans, pas par mon papa, pour ne pas m’effondrer, pour ne pas être victime, inconsciemment, je suis devenue la mère de ma mère. Et j’ai passé ma vie à travailler et à fuir pour sauver ma mère devenue ma fille.

Judith a été formatée pour plaire, pour être soumise, pour garder sa place dans le système d’un certain réseau de cinéma qu’elle a accepté par compromission. Alors sur les tournages, certaines personnes vont témoigner qu’elle n’est pas facile, qu’elle est douée pour éliminer ses rivales, qu'elle est très exigeante, oui, elle a été formatée pour ça aussi, pour durer, pour se battre, pour exister.

Mais ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est sa prise de conscience. C’est de voir comment après avoir participé au système, elle participe à la destruction de ce système.
Peut-être parce qu’elle est maman d’une très jolie jeune fille. Soudain, son traumatisme qu’elle a longtemps enfoui, ressurgit. Ses prédateurs n’ont certainement jamais imaginé qu’elle aurait pu se retourner contre eux qui sont le système qui l’a mis en place. La poupée qu’ils ont fabriquée s’est réveillée. L’innocence saccagée ne peut plus se taire. La jolie poupée soudain accuse et dénonce.

À l’instar des petites plantes qui réussissent à pousser dans le béton, Judith a réussi à trouver un interstice pour crever la tonne de béton qu’est une grande partie de ce réseau du cinéma français subventionné qui a réussi à imposer sa loi avec une omerta. Ce réseau est puissant, solidaire, impitoyable, et pas seulement contre les jeunes et jolies comédiennes, mais aussi contre tous les hommes et toutes les femmes qui ont un vrai talent, qui sont dans la pensée, qui sont dans l’artistique pur et pas dans les copinages, et qui refusent les compromissions qu’impose ce réseau.


Hier, j’ai lu sur Facebook de nombreux commentaires désagréables à l'égard de Judith, notamment comme quoi il y a une dizaine d’années, elle avait répondu à une interview de Catherine Ceylac qui la questionne sur sa relation avec Jacquot, en effet, Judith répond très positivement, le contraire de son discours d’aujourd’hui. Mais pareil, c’est normal. Elle était encore cette poupée formatée.

Et puis que les gens aiment ou pas Judith n’est pas le problème, moi, je l’ai tout de suite appréciée, d’autres la détestent, d’autres la trouvent incohérente, juste ne jamais oublier qu’elle n’avait que 14 ans quand un homme de 39 ans l’a mis dans son lit.

La créature que son prédateur a créée pour en faire un parfait objet sexuel s’est réveillée et veut se venger. Pour se réparer. Pour réparer les enfants abusés du monde entier. Comme elle est médiatisée, elle est écoutée, et c’est bien ainsi.

Sylvie Bourgeois Harel
 

Vous pouvez commander mon roman Tous les prénoms ont été changés, une histoire d'amour, de passion, de violence et de jalousie en version numérique sur le lien ci-dessous.

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Il y a une dizaine d’années, je tombe sur un article dans lequel David Lynch présente sa Fondation autour de la méditation transcendantale qu’il pratique assidument lui permettant de renforcer sa créativité. Un numéro de téléphone est inscrit en bas de la page. J’appelle. Je tombe sur une dame charmante qui m’explique qu’elle est la référente parisienne de cette méthode cautionnée par le réalisateur américain qui vante ses mérites sur Internet dans nombre de vidéos et d’interviews. Je prends rendez-vous après avoir demandé si je pouvais venir accompagnée. Bien sûr, bien sûr, me répond-elle. 

 

La semaine suivante, je me rends donc dans une petite salle pas très propre du 15ème arrondissement avec deux amies, une comédienne connue et une voisine de Saint-Germain-des-Prés. Pendant une heure, cette dame nous explique l’intérêt de la méditation transcendantale, qu’il nous suffira de trois leçons de deux heures pour être ensuite totalement autonomes et commencer à pratiquer régulièrement, que nous serons en meilleure santé, plus performantes, plus heureuses, mais surtout grâce à nos séances de méditation, nous allons apporter la paix dans le monde, en effet, si chacun méditait, l’énergie serait meilleure, finies les guerres. 

 

Assises sur son canapé pourri, nous sommes toutes trois assez emballées à l’idée de pouvoir réduire les violences. Rendez-vous est donc pris pour le lendemain afin qu’elle nous explique les modalités d’inscription. Je propose que l’on se retrouve chez moi, dans mon bel appartement, sur mes jolis canapés en cuir, aucune envie de revenir dans cette salle triste, loin et inconfortable. Je lui demande quand même quelles sont les modalités d’inscription. Nous en parlerons demain si vous voulez bien, me répond-elle, affable. J’insiste. Je ne pose pas souvent de questions, mais quand j’en pose, j’ai horreur que l’on ne me réponde pas. Elle finit par marmonner entre ses dents 3000€. 

 

— 3000€ pour nous trois ? je demande incrédule.

— Non, chacune.

— Putain, ça coûte cher la paix dans le monde, je m’étonne.

— Mais à ce prix-là, s’empresse-t-elle d’ajouter, je vous choisirai votre mantra personnalisé.

— Quand même, 3000€ le mantra, pour juste un Om personnalisé, ce n’est pas cadeau… 

— C’est le prix de l’un de vos sacs à main, tente-telle.

 

Mal installées et vautrées au fond de son canapé tout mou, avec nos pieds qui n’arrivaient pas à toucher le plancher, nos sacs Prada, nos bottes Sergio Rossi, nos cashmeres et nos manteaux en peau retournée, il est vrai que nous ressemblions quand même à trois bourgeoises échappées de Saint-Germain-des-Prés, venues s’encanailler dans le 15me arrondissement, et qui pouvaient s’acheter du sens à donner à leur vie aussi facilement qu’une énième robe en soie.

 

Le lendemain, persuadée d’avoir flairé un bon et juteux filon dans le 6ème arrondissement, après nous avoir grandement incité à convaincre notre entourage de rejoindre également la Fondation, en effet, plus nous serions nombreux à méditer ensemble, plus la positivité des relations humaines de notre quartier s’en ressentirait, pendant que je servais un délicat thé bio Earl Grey de chez Pascal Hamour, la Rolls des thés que l’on ne trouve que dans les palaces, agrémenté de délicieux biscuits Poilane, je tenais à asseoir mon statut de Germanopratine de qualité, la dame nous distribua des fiches d’inscription avec dessus la photo de David Lynch qui nous garantissait que nos 3000€ étaient la seule porte d’entrée valable pour découvrir enfin notre bonheur spirituel.

 

J’aurais dû me méfier, excepté Elephant Man qui m’avait émue à sa sortie, mais que je n’ai jamais revu depuis, je me suis toujours endormie devant les films de Lynch qui me donnaient l’effet d’attrapes-gogo faisant l’apologie de la violence, dégoulinants d’effets cinématographiques histoire de masquer leur manque de sens. 

                  

Bien évidemment, la dame est repartie sans ses 9000€ et j’ai continué de méditer ainsi que ma maman me l’avait toujours appris, en marchant seule dans la forêt ou en nageant dans la mer, en écoutant le silence de la nature, en me concentrant sur les battements de mon cœur, sur ma respiration, chassant les pensées pour ne faire entrer dans mon âme que l’émerveillement de toute la beauté qui m’entoure. 

 

Et pas plus tard qu’hier, un lama français, Bernard Ortega, qui apprécie mes écrits sur Facebook, m’a envoyé son livre Méditer pourquoi ? dans lequel je retrouve la sagesse et le bon sens de ma mère qui ne faisait pas toute une philosophie de son savoir, mais cherchait à me le transmettre avec bienveillance, amour et respect.

Sylvie Bourgeois Harel

David Lynch - Sylvie Bourgeois Harel

David Lynch - Sylvie Bourgeois Harel

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