Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /
Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel

Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel

Saint-Tropez mon amour - La Ponche

Saint-Tropez mon amour - La Ponche

Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel

Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel

Saint-Tropez mon amour - La Ponche

Saint-Tropez mon amour - La Ponche

Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel

Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel

Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine

Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine

Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine

Saint-Tropez mon amour - La Ponche - Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine

Partager cet article
Repost0
/ / /

Ma plage de Pampelonne à Ramatuelle, je l'aime. Je l'aime à toutes les saisons, ma préférée étant l'hiver, je vais m'y baigner vers 14h quand le soleil est bien chaud, je me prépare un sandwich et un dessert que je dévore dès je sors de l'eau gelée. Le plus dur est de me déshabiller dans le froid et souvent dans le vent. Mais dès que je pénètre dans la mer, c'est fini, je ne sens plus le froid tellement c'est beau, je suis émerveillée par tant de beauté, voilà,  c'est exactement ça, j'entre sans difficulté dans l'eau parce que j'entre dans de la beauté.

En été, je vais nager à 7 heures du matin quand il n'y a personne et que l'eau est toute reposée de la nuit. je fais mes allers retours, puis je rentre à la maison, je n'aime pas voir ma plage être envahie. Au mois d'août, je n'y vais jamais. Même le matin très tôt, je sens le sable fatigué, et puis il y a très souvent une brume de chaleur qui salit tout.

Au mois de juin et de septembre, c'est délicieux, je peux rester à me prélasser sur le sable, le temps s'arrête, c'est aussi le temps des piques-niques le soir, des bains de nuit, j'adore !

 

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Plage de Pampelonne - Ramatuelle - Golfe de Saint-Tropez

Partager cet article
Repost0
/ / /
Jack Nicholson à Saint-Tropez - Sylvie Bourgeois

Jack Nicholson à Saint-Tropez - Sylvie Bourgeois

Jack Nicholson, un été à Saint-Tropez

 

J’ai 41 ans, je suis à Nice lorsque mon téléphone sonne, je décroche et j’entends une petite voix me dire : bonjour Sylvie, on m’a donné vos coordonnées, il paraît que vous pouvez m’aider, vous êtes voyante, c’est ça ? Euh, non, je réponds, dites-moi quand même quel est votre problème. La petite voix m’explique qu’elle souffre car son amant ne quitte pas sa maîtresse officielle alors qu’il lui promet qu’il va le faire, elle est désespérée et ne fait que pleurer. La petite voix est une héritière très riche, divorcée d’un milliardaire né dans une famille dont, me dit-elle, on ne divorce jamais, mais elle, avec sa petite voix, elle a osé partir.

 

Par chance, un ami travaille chez la maîtresse en question. Je peux donc avoir toutes les infos nécessaires sur les nombreux déplacements de l’amant, qu’il dit être strictement professionnels alors que ce sont souvent des week-ends d’amoureux avec sa maîtresse. Évidemment, la petite voix ne sait pas d’où viennent mes précieuses infos qui s’avèrent toujours justes dès qu’elle désire coincer son amant sur ses nombreux mensonges.

 

Au bout d’un mois, la petite voix que je ne connais toujours pas m’invite au George V pour me remercier. À la fin du dîner, elle me confie qu’elle est contente que nous ayons parlé philosophie car elle avait un peu peur que nous ne parlions que d’habits, ce qu’elle fait d’habitude avec ses amies. Ravie, elle m’invite à passer le mois d’août avec elle à Saint-Tropez. Euh, non, un mois c’est trop, je lui réponds, je viendrai deux ou trois jours, non, non, non, elle insiste en tapant des pieds comme une petite fille gâtée, je veux que tu viennes un mois. Je négocie deux semaines, ça me suffit.

 

La maison qu’elle a louée est sublime, les pieds dans l’eau, avec ponton privé d’où je plonge chaque matin après mon footing quotidien, à cette époque, je suis anorexique et je fais trois heures de sport par jour pour sécher mon corps. Dommage, je n’écrivais pas encore sinon je ne serais jamais sortie de ce paradis, tandis que là, dès 8 heures, je file en scooter chez Sénéquier retrouver mes copains jusqu’à l’heure du déjeuner sur une plage ou nous allons souvent en bateau.

 

La petite voix est invitée à toutes les soirées mondaines où je n’ai aucune envie de l’accompagner, les dîners placés y sont trop longs et ennuyeux, ça ne parle que d’habits, d’achats, de restaurants et de nouveaux hôtels formidaaables. Néanmoins, comme je l’adore et que je suis devenue sa poupée, je la laisse m’habiller avec ses très jolis vêtements de grandes marques, mais arrivées dans les sublimes propriétés, j’enlève discrètement nos noms des tables. Après quelques bisous et small talk, je cache la petite voix contente de retrouver ses 10 ans dans les toilettes et hop, de là, nous filons à la voiture. En route, je téléphone au cuisinier afin qu’il nous prépare des frites avec un œuf plongé dans la friteuse, un régal, et qu’il installe notre table sur le ponton. Après le repas, nous plongeons nues dans la nuit, un délice. La petite voix est heureuse que je lui apprenne ma simplicité des bons moments.

 

Un matin, la petite voix ravie qu’Yves Rénier se soit épris de moi, il ne me quitte plus et m’appelle tout le temps, décide de faire un cocktail dînatoire le soir-même en mon honneur, elle trouve ça très gai son coup de foudre alors que je n’ai jamais fait le moindre bisou à Yves avec qui d’ailleurs je suis restée très amie.

 

En début d’après-midi, Jack Nicholson débarque en short à la maison avec sa fiancée Lara Flynn Boyle, Willy Rizzo qui a amarré son Riva devant le ponton et son épouse Dominique. Autour d’un café sur la terrasse, j’explique à Jack que la petite voix a organisé un cocktail mais s’il veut avoir la paix, qu’il se sente à l’aise, il n’est pas obligé d’y participer. You are explaining to me that you would prefer I not be present ? me demande l’homme que le monde entier, j’imagine, aimerait avoir à sa table. Le ton est mis.  

 

Durant la soirée qui, évidemment, n’est pas placée, Jack, très cool, s’installe en short, chemise hawaïenne et casquette à la table des enfants et joue tranquillou avec eux. C’est top, il a fallu un certain temps avant que les invités le reconnaissent.

 

Le lendemain matin, c’est la cacophonie, tous les téléphones se mettent à sonner, même le mien, d’Eddie Barclay à Tony Murray, toute la presqu’île veut inviter Nicholson. Sentant qu’il veut être tranquille avec Lara, je lui propose de prendre ma réservation pour deux au 55, puisque qu’elle est à mon nom, aucun paparazzi ne saura qu’il va déjeuner là-bas, je lui laisse même ma BX avec mon vélo dedans, oui, chaque soir, j’allais pédaler une heure, pour être totalement incognito. Good idea, me dit-il en m’embrassant sur le front. Come with us, I invite you, you’re fun. No, no, je réponds. Pourquoi ? Je ne sais pas. Toute ma vie tient peut-être justement dans mes choix bizarres.

 

Le soir, au moment de partir dîner à l’Auberge de La Mole dont les plats sont trop copieux et trop gras pour une anorexique comme moi, je suis vautrée sur le canapé en pyjama en soie choisie par la petite voix quand Jack me demande pourquoi je ne suis pas prête. I’m tired, I said en baillant, I prefer to stay at home. Pas habitué à ce qu’on lui dise non, Jack me soulève par les épaules : Sylvie, stop always saying no. C’est très mignon de sa part. Hop, je saute dans une paire de mules en sequins de la petite voix afin de transformer mon pyjama de soie en tenue de soirée, hop, je me retrouve assise à ses côtés dans la voiture, hop, avec Lara aussi maigre que moi, au resto, c’est top, en voyant le menu foie gras, on se comprend aussitôt, hop, ni vu, ni connu, on se trouve un gentil chien pour finir nos assiettes, sauf pour le dessert, la mousse au chocolat mélangée à de la crème fraîche, aucune anorexique ne peut résister.

 

Le lendemain matin, en rentrant de mon footing, j’ai couru une heure de plus afin d’éliminer mon excès de mousse au chocolat, je retrouve la maisonnée au petit-déjeuner servi sur la terrasse quand Jack m’annonce que nous sommes invités à déjeuner chez Barclay, avant même que j’ouvre la bouche, don’t say no little girl, me dit-il en croquant dans sa tartine.

 

Dans le Riva, pendant que Dominique et Lara bronzent sur la banquette arrière, je raconte à Willy et Jack mon amour pour Schopenhauer. Soudain, je réalise que je suis en train de traduire l’un pour l’autre nos pensées philosophiques. Don't tell me you don't speak French and Willy no English, je dis à Jack en éclatant de rire. You are the first who noticed it, éclate-t-il de rire à son tour. Depuis le temps que ces deux meilleurs amis se connaissant, et bien, il ne se parlent qu’en faisant des yéé yéé franco-anglais ou des claques sur l’épaule, c’est peut-être ça d’ailleurs le secret d’une amitié qui dure, se parler par télépathie.

 

Chez Barclay, après le déjeuner, Jack m’entraîne dans le jardin pour continuer de converser sur le sens à donner à notre vie, ma question de toujours, pourquoi quelque chose plutôt que rien ? Puis nous allons tous les cinq nous baigner au mouillage devant Pampelonne, à sauter dans la mer depuis le Riva, les habituelles photos que l’on voit tous les étés dans Paris-Match.

 

Le soir, après le dîner à la maison, vautrée en robe longue de soirée sur le canapé du salon, je lance le sujet sur l’amour, le sexe et l’argent. Lara me dit que nous, les Françaises, sommes idiotes car nous donnons gratuitement aux hommes l’escalade de nos prouesses sexuelles, contrairement aux Américaines qui le monnayent, genre tu veux un blow job, ok, déjà, jamais le premier soir, et ensuite combien tu es prêt à donner pour atteindre le nirvana que tu attendras le temps qu’il faudra ? Effarée, je regarde Jack qui me montre le magnifique bracelet en diamant autour du poignet tout maigre de Lara. Ah oui, quand même, putain, je me dis, c’est sûr que je suis différente…

 

Le lendemain, Jack, Lara, Willy au volant de son joli Riva et Dominique repartent à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Sur le ponton, je leur dis de bien faire attention aux rochers qui sont un peu plus loin, que l’on ne voit pas à fleur d’eau, car vu que j’ai faites toutes les manoeuvres du bateau la veille pour accoster et repartir de chez Barclay, je crains que Willy ne soit fatigué. Une heure plus tard, le téléphone sonne, ils se sont plantés exactement au même endroit.

 

Avec Lara, nous nous écrivons quelques mails rigolos, on s’échange nos adresses de restos où l’on peut ne manger qu’une carotte et perdre encore un kilo, elle m’invite chez elle à LA, je n’y suis jamais allée. Pourquoi ? Je ne sais pas. La petite voix me demande de rester plus longtemps à Saint-Tropez, jusqu’à fin septembre, elle a prolongé la location, l’arrière-saison est superbe, elle ajoute que c’est chouette que je fasse du 35 comme elle et que je puisse porter ses habits, elle veut d’ailleurs m’emmener faire du shopping au village, bien sûr, c’est elle qui payera tout. Non, non, je lui réponds, j’ai dit deux semaines, c’est bon, je veux maintenant rentrer dans ma vie et aller m’acheter un jean XXXS chez Gap.

 

 

Nous on s'aime, une chanson de Georges Chelon

Tous les prénoms ont été changés un roman de Sylvie Bourgeois Harel

Partager cet article
Repost0
/ / /

Saint-Tropez, été 1983, ma première fois dans la presqu'île

 

J'ai 20 ans et je viens enfin, pour la première fois de ma vie, de passer deux mois idylliques, seule, avec mes parents à Besançon. Mais ce bonheur ne durera pas. Vincent, un de mes frères qui a 3 ans de plus que moi, et avec qui je viens de passer une année très dure à Cap-d’Ail où je travaillais comme hôtesse à Monaco vient de débarquer. 

Vincent est beau, gentil, intelligent, très intelligent même, mais il ne va pas bien psychologiquement. Personne ne me croit quand je dis qu’il a des problèmes psychiatriques, au contraire, je passe pour la méchante sœur qui veut le faire soigner. Cinq ans plus tard, il sera diagnostiqué schizophrène et sera interné à de multiples reprises.

Comme je ne suis pas en état de le supporter après tout ce que j’ai vécu à Cap-d’Ail, le matin, si je lui disais non, il me mordait le bras pour que je lui donne de l’argent, la nuit, il écoutait trois radios à fond, si des amis venaient dormir, il repeignait leur chambre d’onomatopées de guerrier, je décide de fuir la maison familiale où pourtant j’étais heureuse de profiter de mes parents. 

Je téléphone à l’Office de Tourisme de Deauville, Megève et Saint-Tropez, trois villes que je ne connaissais pas, mais qui me faisaient rêver, pour savoir s’il n’y aurait pas une annonce pour du travail. À Saint-Tropez, on me répond qu’en effet, une pizzeria recherche un serveur confirmé. Je convaincs le propriétaire que je suis un serveur confirmé. 

Le lendemain, je débarque avec quatre heures de retard, mon train ayant écrasé une vache, peut-être une vache qui, comme moi, s’était sentie obligée de quitter sa famille aimante pour avoir la paix, à la gare de Saint-Raphaël où le frère du patron m’engueule. 

À deux heures du matin, le chef de rang de la pizzéria m’accompagne à ma chambre derrière chez Sénéquier, j’étais logée, nourrie, et là, stupeur, il y a deux fois quatre lits superposés, avec sept personnes qui dorment déjà, le huitième lit est pour moi. Non seulement ça pue des pieds, mais il m’est impossible de me coucher dans une telle promiscuité, sans parler du popo qui doit être commun et la douche certainement aussi. 

Je retourne voir le patron qui comptait ses sous, suivie du chef de rang qui porte mes trois valises, à 20 ans, je voyageais toujours avec des tonnes de vêtements comme si ma vie en dépendait, aujourd’hui, j’ai tout simplifié, que je parte pour un mois ou trois jours, je prends toujours la même petite valise remplie de l’essentiel.

— Pouvez-vous m’indiquer un hôtel, il est hors de question que je dorme avec sept personnes qui puent des pieds, dis-je au patron qui me regarde, étonné.
— Nous sommes le 1er août, vous n’en trouverez pas.
— Je vais alors dormir chez vous.

Il me regarde encore plus étonné.

— Vous avez une pizzeria, vous devez bien avoir une maison, non ?
— Non, je vis dans un studio avec ma femme et notre bébé.

Le chef de rang avait dû me trouver mignonne, il me propose sa chambre de chef de rang, son statut de chef lui donnait le privilège de dormir seul. Il reprend mes trois valises et les dépose dans une chambre où, en effet, il n’y a qu’un seul lit mais avec une hauteur sous plafond d’un mètre quarante à tout casser, et toujours pas de popo ni de douches. Je le remercie.

J’attends qu’il soit loin et pars me promener dans Saint-Tropez à la recherche de pains au chocolat tout chauds. C’est une manie, la nuit, je mangeais des biscuits ou des pains au chocolat à la sortie des boîtes de nuit où j’adorais aller danser. Et Saint-Tropez est une boîte de nuit géante, il est trois heures du matin et c’est la fête partout, je suis conquise d’autant qu’en face du Yaca, un monsieur vend des pains au chocolat tout chauds. 

Tout en avalant mon troisième, je lui raconte mes aventures, mon frère fou, sa poule encore plus folle que lui qui, chaque jour, montait sur la branche du néflier pour pondre son œuf qui, inévitablement, s’écrasait sur la terrasse, mes parents que j’aime et que je suis triste d’avoir été obligée de quitter, la pauvre vache éprise, elle aussi, de liberté, les pieds qui puent des serveurs, le popo en commun, quand un garçon à peine plus âgé que moi qui m’écoutait, fasciné, me propose de m’emmener chez lui, ses parents ont un grand appartement à Port-Grimaud. 

J’achète quatre pains au chocolat pour remercier le chef de rang, le gentil garçon prend mes trois valises et hop me voilà enfin couchée, seule, dans un vrai lit avec des toilettes propres et une grande salle bains. 

Le lendemain matin, le gentil garçon retarde son retour à Grenoble et m’emmène faire le tour des plages afin que je trouve du travail pour le mois d’août. Je n’avais pas assez dormi, j’étais épuisée, il était vraiment gentil, il me portait sur son dos. 

À la Bouillabaisse, ils recherchent un cuisinier confirmé pour le snack. Je les convaincs que je suis un cuisinier confirmé. Par chance, je tombe sur la fille d’amis de mes parents qui travaille également là. Elle me propose de m’héberger chez sa fiancée, une riche allemande plus âgée. Le soir, après le dîner, je comprends que je dois dormir dans leur lit. Je prétexte une folle envie de sortir et file aux Caves du Roy où je danse en dormant debout car je suis exténuée de fatigue. 

Pendant trois jours, je mets un fichu sur mes cheveux et je fais des frites et des hamburgers. La nuit, je danse en dormant debout et je mange des pains au chocolat pour tenir le coup. La 4ème nuit, le monsieur me donne le téléphone de son copain qui recherche une serveuse confirmée pour son restaurant Le Planteur situé sur la plage de Pampelonne. Je le convaincs que je suis une serveuse confirmée et je commence à travailler dans ce très joli endroit où je suis logée dans un bungalow pour moi toute seule au bord de la mer où je me baigne matin et soir avec Frantz, le gentil plagiste de mon âge.

C’était une plage d’habitués bien élevés. À 11 heures, je passais entre les matelas prendre les commandes et à 13h, tout le monde était à table. Les deux patrons s'occupaient de la cuisine. L'un était petit et fluet, l'autre était baraqué, tatoué, le crâne rasé, Frantz m’avait dit que c’était un ancien légionnaire ou mercenaire, le genre à ne pas aimer être embêté. 

Un jour, comme d’habitude, j’entre dans la cuisine avec mon carnet de commandes plein, mais ils ont tellement bu la veille qu’ils sont incapables de préparer le repas. Sur la terrasse, les clients commencent à s’impatienter. En tant que serveuse confirmée, je prends les dessus et retourne dans la cuisine en tapant dans mes mains :

— Allez, hop, les mecs, je leur dis en riant, il faut vraiment vous mettre au boulot, sinon je vais avoir une mutinerie, nos vacanciers meurent de faim.

Je devais, sans m’en rendre compte, être un brin autoritaire du haut de mes 45 kilos si bien que le mercenaire-légionnaire-tatoué-baraqué-rasé m’a soulevée du sol.

— Non mais, la princesse, je rêve, tu crois vraiment que tu vas me donner des ordres, écoute bien, je n’ai jamais obéi à personne dans ma vie, et ce n’est pas une jolie poupée comme toi qui vas commencer à me transformer en toutou à sa maman.

Il m’a balancée dans la chambre froide entre les morceaux de viande et les plaquettes de beurre, et l'a refermée en râlant qu’il avait encore soif. Je n’ai eu la vie sauve que grâce au gentil Frantz qui, ne me voyant plus, s’est inquiété. Le petit patron fluet, moins prêt que son copain tatoué à commettre un crime qu'il aurait dû cacher en me cuisinant le lendemain pour ses clients afin de faire disparaître mon corps, lui a avoué où j’étais.

Sylvie Bourgeois photographiée par Vincent Bourgeois à Cap-d'Ail

Sylvie Bourgeois photographiée par Vincent Bourgeois à Cap-d'Ail

Sylvie Bourgeois Cours Jean-Laurent Cochet

Sylvie Bourgeois Cours Jean-Laurent Cochet

Sylvie Bourgeois et le photographe Ku Khan chez Michel Barnes

Sylvie Bourgeois et le photographe Ku Khan chez Michel Barnes

Partager cet article
Repost0
/ / /

Ma nouvelle Paul, écrite sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle, fait partie de mon prochain recueil à paraître début avril 2024.

 

 

 
Sylvie Bourgeois Harel. Avec Pompon et Hussard. Château de La Mole. VAr

Sylvie Bourgeois Harel. Avec Pompon et Hussard. Château de La Mole. VAr

Partager cet article
Repost0
/ / /
Mon papa est curé. Tout le monde le sait, mais personne ne le dit. Je suis dans une école privée que le diocèse a payé. Je le sais. C’est comme ça que sont élevés les enfants des curés. Il paraît qu’on est nombreux à attendre que notre père change de métier. Moi je voudrais qu’il soit pompier. C’est peut-être dangereux comme métier, mais au moins j’aurais un papa. Quand mes copains me demandent comment s’appelle mon père, je dois répondre que je n’en ai pas. C’est dur de dire que je n’ai pas de papa alors que quand même tous les soirs, j’embrasse le curé de la paroisse.
Quand je vais à confesse, j’ai peur de faire une gaffe du genre de demander à mes amis si mon père, il a été gentil avec eux. Je n’ai pas de frère, ni de sœur, mais mon curé de père, il dit qu’on est tous frères sur la terre. Alors moi ça me fout la confusion surtout quand mes potes l’appellent mon père. Dans ces cas-là, je préfère encore me taire. Notre père qui êtes aux cieux, notre père qui êtes dans le pieu de ma mère, faites en sorte que Marie m’aime. Marie, c’est ma copine d’école. C’est une sainte-nitouche que j’ai seul le droit d’embrasser. Elle n’a pas de papa non plus. Quand j’ai demandé à mon père, Père Jean-Pierre, si je pouvais me marier avec Marie, il est devenu blême. Marie comment ? Il m’a demandé. Marie comme sa maman, je lui ai répondu, elle n’a pas de papa. Ma maman a alors demandé à son curé d’amant pourquoi il s’intéressait à cette Marie. Sainte-Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs. Que son nom soit sanctifié et pourquoi elle ne viendrait pas jouer avec le petit ? A demandé ma maman. Mon père a fait les gros yeux. Marie, il a répété, Marie ! Ben oui, qu’elle vienne goûter à la maison, a insisté ma mère. Soudain elle a crié Marie ! Cette Marie ? Puis elle s’est tue et m’a demandé d’aller ranger ma chambre en priant le petit Jésus que tout cela rentre dans l’ordre. Je ne veux pas rentrer dans les ordres, moi, je veux être coureur cycliste. Même que hier soir à la télé, j’ai vu un film dans lequel un curé faisait du vélo et que ça m’a bien fait marrer. Mon père, il n’a pas de vélo, il marche à pied. C’est plus facile je crois pour porter sa croix.
Quelle drôle d’idée il a eu mon très saint-père d’avoir fait vœu de chasteté. Du coup, ma mère vit dans le péché. Je crois que j’aurais préféré encore qu’elle couche avec le Père Noël qui n’existe pas. Cela m’aurait posé moins de problèmes existentiels. Parce que la chrétienté de mon Père éternel, faut pas croire mais elle m’est difficile à gérer. Je dois prier à genoux, adorer le miserere, réciter le bénédicité. Confiteor Pater Ave Maria et tout ça ! Je n’ai pas encore dix ans et Amen pour moi c’est vraiment de l’hébreu.
Dans la boutique où mon copain David achète de la viande casher, il y a écrit boucher de père en fils. J’espère qu’au-dessus de ma tête, il n’y a pas écrit curé de père en fils, sinon je serai mal barré pour épouser Marie. Je ne veux pas lui faire de bébé dans l’illégalité de la religiosité. Mais plutôt dans la position du missionnaire, n’arrête pas de me répéter pour m’embêter David depuis que je lui ai confié mon hérédité.
Ce matin, mon père m’a emmené loin au fond du jardin pour m’expliquer que je ne devais pas aimer Marie car elle était ma sœur. Enfin à moitié ma sœur si je voyais ce qu’il voulait me dire. Je ne comprends rien mon père, vous m’avez toujours dit qu’on devait tous s’aimer les uns les autres puisque nous étions tous frères et sœurs sur la terre. Alors là, mon saint père s’est énervé comme je ne l’avais jamais vu encore s’énerver. Je ne devais pas jouer au plus futé avec lui qu’il me répétait, la situation était déjà suffisamment compliquée entre les deux mamans. Il était un Père, mais aussi un homme et du coup, enfin façon de parler, le père de deux enfants.
Alors pour ne pas pleurer d’avoir été des enfants du péché, j’ai décidé d’emmener Marie jouer à Adam et Eve avec moi au Paradis. Au milieu des pommiers et des serpents, nous fonderons une Sainte Famille. Viens Marie, je lui ai dit en ouvrant la fenêtre de mon appartement. Nous sommes Vendredi saint et nous allons voler vers le Paradis. N’aie pas peur Marie, je t’aime ma Sainte Vierge, nous sommes deux anges innocents et arrière grand-père, père de Dieu, père de papa nous attend au royaume des Saints. Si notre vie à cause de notre amour ne peut se faire ici-bas, alors là-haut nous réussirons, toi dans la chanson et moi dans le vélo.
Viens ma bien aimée, nous allons nous envoler dans la félicité vénérée de la divinité sacrée. Viens nous allons rejoindre les bienheureux dans les cieux. Mais c’est haut, m’a dit Marie. Oui, mais rien n’est trop haut ni trop beau pour te conquérir, je lui ai répondu en lui prenant la main et en l’entraînant dans le vide. Nous nous sommes écrasés dans la cour de la récré aux pieds de mon père et de David qui, bouches bées, nous ont regardé tomber. Mon père a fait le signe de croix. Adieu mon papa que, pour la première fois, j’ai le droit d’appeler papa.
Sylvie Bourgeois Harel - Chateau de la Mole - 2019

Sylvie Bourgeois Harel - Chateau de la Mole - 2019

Partager cet article
Repost0
/ / /

Les Mystères de l'écriture

"Je suis contente de vous présenter mon roman Tous les prénoms ont été changés, mon dixième livre. J’ai mis un certain temps à écrire cette histoire d’amour entre Victor et Madeleine. Avec de nombreuses étapes. C’est la première fois que cela m’arrive. D’habitude, lorsque je commence un livre, je ne fais que ça jusqu’à ce que je le finisse. Mais là, non. Je l’ai commencé le mercredi 5 décembre 2018 à 13 heures. Je m’en souviens. Je déjeunais seule au Migon, un des rares restaurants de la plage de Pampelonne, ouvert durant l’hiver. J’apprécie beaucoup cet endroit où l’on peut déjeuner les pieds dans le sable, à deux mètres de la mer. Le propriétaire m’avait installée à une jolie table dehors. Il faisait beau. J’avais commandé des pâtes au pistou. J’étais heureuse et triste. J’ai ouvert mon ordinateur. J’ai toujours mon ordinateur avec moi. J’adore déjeuner ou dîner, seule, au restaurant avec mon ordinateur. Mon premier roman, Lettres à un Monsieur, je l’ai pratiquement écrit au Café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés, autour d’un chocolat chaud. À Ramatuelle, les personnes me connaissent pour être l’écrivain qui déjeune ou dîne seule avec son ordinateur. Ce qui est paradoxal dans cet endroit de vacances où personne ne veut être seul de peur certainement que l’on croie qu’ils n’ont pas d’amis. Moi, c’est le contraire. J’ai de nombreux amis mais l’écriture m’oblige à une certaine solitude. Savoir être seule dans un endroit bondé est délicieux, je créé mentalement un cercle autour de moi qui délimite mon univers spirituel dans lequel aucun être humain ne peut m’atteindre, ni me déranger. Donc je déjeune seule mes pâtes au pistou et soudain les mots arrivent : « Elle savait. Elle savait qu’en entrant au bar du Grand Hôtel, un homme serait là pour la sauver. Qu’elle l’appellerait l’inconnu. » Et j’écris, j’écris, j’écris, je n’arrête plus d’écrire, mes pâtes au pistou refroidissent. Je veux rentrer à Paris. Je veux m’enfermer dans mon bureau. Je ne veux plus parler, plus téléphoner, je veux me concentrer, j’ai besoin de rester seule avec mes personnages, Madeleine, Victor et l’inconnu. Je réserve un billet de train pour le lendemain matin. J’appelle le gardien du château de La Mole où je travaille depuis juillet 2016 pour Patrice de Colmont et où j'habite lorsque je suis dans le Sud, pour le prévenir qu’il doit m’accompagner à l’aube à la gare. Je lève les yeux. La mer est magnifique. Le ciel est sublime. Toute cette beauté m’appelle. Mais je ne la vois déjà plus. Je ne vois plus que mes mots et ma nécessité d’écrire, de rédiger cette histoire d’amour entre mes personnages qui s’aiment et qui souffrent de trop s’aimer, Victor, de jalousie, et Madeleine, d’incompréhension. Un peu plus loin, un ami déjeune avec ses enfants. En partant, j’apprends qu’il a réglé mon addition. C’est élégant. C’est important d’avoir des amis élégants. L’élégance a le pouvoir de cacher la tristesse, le malheur, la peine, le chagrin, la lâcheté aussi.
 
Pendant cinq semaines, je n’ai fait que ça, écrire, écrire, écrire. Puis la lumière du Sud m’a de nouveau attirée. Et j’ai laissé mes mots, je les ai abandonnés, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Je ne les ai retrouvés que le 6 mars 2019 lorsque je suis rentrée précipitamment à Paris mais, cette-fois, pour ne plus les quitter jusqu’à la fin de mon roman. Il n’y a que mon mari qui peut accepter de vivre avec moi, qui peut comprendre que l’écriture happe tout, le temps, les bons moments, les plaisirs, les repas, les amis, les amours, l’écriture happe tout, il n’y a plus que ça qui compte. Personne ne peut accepter de vivre avec un écrivain.
 
Mais je n’étais pas heureuse. Je n’étais pas contente de mon roman. Je n’étais pas satisfaite de la fin. J’avais une colère en moi. Ce n’est pas bon d’écrire sous le coup de la colère. J’avais fait mourir Victor d’un accident de voiture. C’est faible de se débarrasser d’un personnage en le faisant mourir. C’est facile. Alors j’ai laissé mon roman pendant un an et demi. Il me fallait tout ce temps pour nettoyer ma colère et la déception qui polluaient ma pensée. C’est seulement en novembre 2020 que j’ai repris mon roman, j’ai commencé par retirer cent-trente pages inutiles, des pages de colère et de déception, complètement inutiles. Je n’ai laissé que l’amour et la douceur, et l’humour aussi, oui, beaucoup d’humour et beaucoup d’amour, et pendant deux mois je l’ai totalement réécrit.
 
Et maintenant je suis contente de mon roman, c’est certainement mon meilleur livre."


Sylvie Bourgeois
 

Sylvie Bourgeois Harel - Photographe Daniel du Club 55

Sylvie Bourgeois Harel - Photographe Daniel du Club 55

Extrait page 157 :

(...) Madeleine récupéra cinq ânes, deux juments à la retraite et sept chèvres qui sympathisèrent immédiatement avec son petit chat. Elle recréa le même potager qu’à Gorbio avec des poules et des lapins. En souvenir de leur première rencontre, Victor lui offrit un lusitanien blanc, sosie de Baba Yaga. Elle apprit à le dresser afin qu’il sache danser à ses côtés, c’était sa nouvelle passion. Et ne pouvant résister à l’idée d’avoir un chien, un chiot leonberg vint compléter sa bande de copains, les seuls qu’elle avait le droit de fréquenter sans créer de drame, la jalousie s’étant subrepticement installée assez rapidement dans leur couple. Un matin, ils vivaient ensemble depuis seulement cinq mois, Madeleine n’avait pas décroché son téléphone. Victor s’était alors mis en tête qu’elle ne répondait pas car elle était avec un autre homme. Mais qui ? Il était incapable de le nommer ou de le décrire, mais il en était persuadé, Madeleine avait reçu quelqu’un dans leur lit. Ce quelqu’un englobait toutes les blessures de Victor, toutes ses souffrances, toutes ses trahisons. Et là, à cet instant précis, il détenait enfin la preuve qu’il avait raté sa vie. Tous les indices étaient là. Les draps avaient été changés. Et elle n’avait pas répondu au téléphone.

 

— Alors, qu’as-tu à répondre à ça ? Hein, qu’as-tu à dire ? hurla-t-il en rentrant le soir.

— Rien. La femme de ménage a changé les draps sans me demander mon avis, je ne m’y suis pas opposée, j’adore dormir dans des draps tout propres qui viennent d’être repassés. Et je ne t’ai pas répondu car j’étais en ligne avec Emma qui était en larmes, bouleversée par le décès brutal de sa cousine, c’était impossible d’abréger notre conversation. Je suis désolée, mon amour, que tu aies aussi mal vécu par le passé et que ta souffrance cherche à nous détruire en imaginant le pire, viens dans mes bras, laisse nos peaux se dire qu’elles ont besoin l’une de l’autre.

 

Madeleine s’approcha de Victor pour tenter de le calmer, mais il la repoussa violemment, criant qu’elle était une sorcière, qu’elle le manipulait, que les mots qui sortaient de sa bouche étaient du poison. La tête rentrée dans les épaules, le regard en biais vers le sol, méconnaissable, il effectuait de grands gestes avec ses bras comme s’il chassait un fantôme.

 

— Regarde-moi, répéta calmement Madeleine. Regarde-moi dans les yeux. Sors de ta crainte dans laquelle tu te persuades que je t’ai trompé, cette crainte t’obsède et, en même temps, tu la recherches car tu la connais, tu sais la maîtriser, tu sais la maîtriser dans la colère, les cris, la fuite, tandis que l’amour, tu le découvres, tu m’as dit que c’était la première fois de ta vie que tu étais amoureux, tu as peur parce que tu ne te reconnais plus, ton monde de certitudes s’écroule, tu as peur car je monopolise tes pensées. Je ne fais que répéter tes mots. Tu m’as dit que tu pensais à moi toute la journée et que tu hurlais le matin dans ta voiture lorsque tu allais de la maison à ton bureau parce que nous serions séparés quelques heures. Si cela peut te rassurer, c’est la même chose pour moi. Je pense à toi en permanence. Tu as raison de me traiter de sorcière. Oui, je t’ai ensorcelé. Je t’ai ensorcelé d’amour. L’amour, c’est avoir peur de perdre l’autre, tu as peur car tu es devenu dépendant de mon regard et tu crains qu’il ne soit plus dirigé sur toi.

Madeleine réussit à lui saisir un bras.

— Réfléchis mon amour, pourquoi te tromperais-je ? Tu penses que tu n’es pas à la hauteur pour me garder ? Que j’ai besoin d’un autre homme ? Écris notre histoire, tu verras, il n’y a de place pour personne. Tu me fais l’amour trois fois par nuit, tu me téléphones dès que tu as cinq minutes, j’ai quitté Menton et la lumière du Sud pour venir vivre avec toi à Châteaugay où je ne connais personne. Après la mort de mon mari, tu as mis six ans pour me reconquérir. Six ans ! Si je t’ai dit non à toi qui es mon premier amour, comment peux-tu imaginer que je vais dire oui en trois minutes à un inconnu ? Et tu sais très bien que depuis le décès de Paul, j’ai toujours refusé d’avoir un homme dans mon lit.

 

À l’évocation du prénom de Paul, Victor sursauta.

 

— En plus, je ne suis pas une femme d’aventures, continua Madeleine, je n’en ai jamais eues, je n’aime que les hommes fous de moi et il n’y en a pas tant que ça. Et tu sais que j’aime faire l’amour avec toi, c’est mon bien le plus précieux, je ne vais pas le gâcher.

 

À bout d’arguments pour rassurer Victor, Madeleine ajouta :

 

— Et tu sais aussi combien c’est compliqué pour moi d’avoir du plaisir. Tu te souviens le nombre de nuits que tu as passé à caresser mon sexe en me demandant de me détendre, détends-toi, détends-toi, tu répétais inlassablement. Pourtant, j’étais confiante avec toi, mais je n’y arrivais pas. Alors comment peux-tu imaginer que je vais confier la gestion de ma jouissance à n’importe qui ?

 

Victor renifla aussi bruyamment qu’un enfant puni.

 

— Reviens dans le concret, Victor, continua Madeleine d’une voix douce et autoritaire pour le sortir de sa léthargie dans laquelle il semblait emprisonné. Dis-moi ce que tu ressens. Respire. Prends le temps de respirer. Regarde-moi dans les yeux. Ils sont ta nouvelle maison. Ton repère. Ton univers. Voilà, mon amour ! Essaye de décrire les sensations qui t’envahissent. Tu te sens abandonné ? Menacé ? Asphyxié ? Tu as une boule dans le ventre ? Les jambes en coton ?

 

Victor restant buté, Madeleine changea de stratégie.

 

— Tu es mon dieu. Mon héros. Mon homme. J’aime tout en toi. Je te trouve beau. Tu me plais. Je ne pensais pas d’ailleurs que j’aurais pu autant aimer un homme pour sa beauté. Regarde comme tes mains sont belles, tes oreilles, tes cuisses, tes fesses aussi. Tout est joliment dessiné chez toi, même tes orteils.

 

Voyant que Victor demeurait muet, Madeleine finit par exploser :

 

— Et puis, je n’ai pas que ça à faire de mes journées de rester sur un lit, les jambes écartées à attendre qu’un homme vienne me sauter, tu me fatigues, vraiment, tu n’es pas drôle, conclut-elle en se dirigeant, épuisée, vers la salle de bains.

 

Pas convaincu, Victor, pour la première fois, abandonna le lit conjugal et partit dormir dans une autre chambre, en répétant comme un vieux chien qui veut avoir le dernier aboiement que Madeleine le manipulait. Le lendemain matin, après avoir passé une nuit blanche à être désespérément malheureuse du comportement incompréhensif de Victor, Madeleine trouva un mot sur la table de la salle à manger : Il vaut mieux que tu partes, mes blessures sont irréparables. Persuadée que Victor parlait de ses blessures anciennes, et presque contente qu’il ait conscience que ses mauvaises fréquentations passées l’avaient pollué au point de l’empêcher d’être serein et confiant dans l’évolution de son état amoureux jusqu’à provoquer la crise de jalousie de la veille, Madeleine, soulagée, déchira le mot en souriant. Mais très rapidement, elle comprit que Victor souffrait, non pas des erreurs de son passé, mais de situations qu’il s’inventait dans lesquelles Madeleine le trompait. Prisonnier de ses propres délires de persécution et fantasmes d’humiliation, Victor n’arrivait jamais à exprimer ses doutes, ni à formuler ses craintes de façon frontale ou directe, non, c’était toujours des suppositions vagues ou des questions tordues dans le but de tendre des pièges à Madeleine pour qu’elle se contredise. Incapable de trouver des preuves concrètes, puisque Madeleine ne le trompait pas, Victor devenait de plus en plus suspicieux, persuadé d’avoir affaire à une femme vraiment maligne et dangereuse puisqu’il ne pouvait ni l’accuser, ni lui reprocher quoi que ce soit, et encore moins la prendre sur le fait.

 

À partir de là, le moindre indice devint prétexte à une crise, une herbe dans les draps, de la terre sur le parquet, une odeur différente, et Victor, qui cogitait en permanence à réinterpréter les faits et gestes de Madeleine sous le prisme de sa parano, se mettait à ruminer, puis à hurler que Madeleine le prenait pour un con.

 

— La terre, se justifiait patiemment Madeleine, émue par l’impétuosité quasiment bestiale de Victor de ne l’avoir qu’à lui, c’est celle que je ramène quand je marche pieds nus dans le pré pour me soigner et me reconnecter à l’univers, l’herbe, c’est parce que je me roule dedans avec mon chien, et l’odeur que tu ne connais pas, c’est celle des biquettes qui viennent de naître.

 

C’est ainsi que Victor, qui ne pouvait jamais calmer sa colère rapidement, prit l’habitude après chaque crise qui avait lieu, en général toutes les deux semaines, de finir sa nuit dans une autre chambre où Madeleine, paniquée et attristée, mais ne pouvant plus se passer du corps de son amoureux, le rejoignait quelques heures plus tard. Dès que Victor la sentait se glisser sous les draps, il la prenait dans ses bras et la couvrait de baisers. Madeleine n’avait jamais su si c’était pour la remercier d’être tolérante et compréhensive ou pour la remercier d’être le parfait objet ou symptôme sur lequel il pouvait projeter toutes ses angoisses afin de ne plus se sentir affaibli d’être devenu aussi rapidement dépendant de l’amour qu’il éprouvait pour Madeleine.

 

*

 

Une nuit où ils faisaient l’amour, Madeleine demanda à Victor de l’embrasser dans le cou. À peine entendit-il cette requête, qu’il lui tourna le dos et se mit en boule sur le côté opposé.

 

— Qu’est-ce qu’il t’arrive ? questionna-t-elle en essayant de le remettre dans le bon sens.

 

Victor avait tellement raidi son corps en s’accrochant à son oreiller qu’il était devenu trop lourd pour que Madeleine puisse le bouger. À force de batailler, de le chatouiller, de le caresser, Victor avait fini par bredouiller que la nuit dernière, il s’était réveillé en nage car il avait fait un cauchemar.

 

— Raconte.

— Peux pas, renifla-t-il.

— Mais si, tu peux.

— Un homme te mordait dans le cou, finit-il par avouer en sanglotant.

 

Le lendemain, décidée à tenter différentes méthodes pour exorciser Victor de ses démons, Madeleine acheta un crucifix et des bougies qu’elle déposa sur un secrétaire, dans le salon. Dès que Victor les remarqua, il sourit béatement.

 

— Quelle bonne idée, dit-il. On les allumera tous les soirs.

 

Encouragée par ce premier succès, Madeleine prit l’habitude, quand Victor avait une crise de jalousie durant la nuit, de lui réciter des prières à l’oreille jusqu’à ce qu’il s’apaise. Pendant trois mois, les bougies et les prières eurent leur effet bénéfique, puis se sentant manipulé, Victor les refusa catégoriquement. Lorsque Madeleine commençait Notre Père ou Je vous salue Marie, il partait dormir dans sa chambre de puni. (...)

Lecture par la comédienne Manoëlle Gaillard - En attendant ques beaux jours reviennent - Editions les Escales - Pocket -Piper (Allemagne)

Brèves enfances - Éditions au Diable Vauvert

En attendant que les beaux jours reviennent - Éditions Les ESCALES - POCKET - PIPER (Allemagne)

Lecture par le comédien François Berland - Brèves enfances - Éditions au Diable Vauvert

Lecture par le comédien Alain Guillo - Éditions Au DIABLE VAUVERT - Brèves enfances

Lecture par le comédien François Berland - Brèves enfances - Éditions au Diable Vauvert

Tous les prénoms ont été changés

Tous les prénoms ont été changés

Tous les prénoms ont été changés - 4ème de couv

Tous les prénoms ont été changés - 4ème de couv

Sylvie Bourgeois Harel - plage de Pampelonne - Ramatuelle - snack du Club 55

Sylvie Bourgeois Harel - plage de Pampelonne - Ramatuelle - snack du Club 55

Sylvie Bourgeois Harel au château de La Mole - Var - Massif des Maures

Sylvie Bourgeois Harel au château de La Mole - Var - Massif des Maures

Sylvie Bourgeois Harel au château de La Mole - Var -Massif des Maures

Sylvie Bourgeois Harel au château de La Mole - Var -Massif des Maures

Partager cet article
Repost0
/ / /
L'écrivain Sylvie Bourgeois signe son nouveau roman à Ramatuelle le jeudi 17 juin 2021

Les Mystères de l'écriture

Je suis contente de vous présenter mon roman Tous les prénoms ont été changés, mon dixième livre. J’ai mis un certain temps à écrire cette histoire d’amour entre Victor et Madeleine. Avec de nombreuses étapes. C’est la première fois que cela m’arrive. D’habitude, lorsque je commence un livre, je ne fais que ça jusqu’à ce que je le finisse. Mais là, non. Je l’ai commencé le mercredi 5 décembre 2018 à 13 heures. Je m’en souviens. Je déjeunais seule au Migon, un des rares restaurants de la plage de Pampelonne, ouvert durant l’hiver. J’apprécie beaucoup cet endroit où l’on peut déjeuner les pieds dans le sable, à deux mètres de la mer. Le propriétaire m’avait installée à une jolie table dehors. Il faisait beau. J’avais commandé des pâtes au pistou. J’étais heureuse et triste. J’ai ouvert mon ordinateur. J’ai toujours mon ordinateur avec moi. J’adore déjeuner ou dîner, seule, au restaurant avec mon ordinateur. Mon premier roman, Lettres à un Monsieur, je l’ai pratiquement écrit au Café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés, autour d’un chocolat chaud. À Ramatuelle, les personnes me connaissent pour être l’écrivain qui déjeune ou dîne seule avec son ordinateur. Ce qui est paradoxal dans cet endroit de vacances où personne ne veut être seul de peur certainement que l’on croie qu’ils n’ont pas d’amis. Moi, c’est le contraire. J’ai de nombreux amis mais l’écriture m’oblige à une certaine solitude. Savoir être seule dans un endroit bondé est délicieux, je créé mentalement un cercle autour de moi qui délimite mon univers spirituel dans lequel aucun être humain ne peut m’atteindre, ni me déranger. Donc je déjeune seule mes pâtes au pistou et soudain les mots arrivent : « Elle savait. Elle savait qu’en entrant au bar du Grand Hôtel, un homme serait là pour la sauver. Qu’elle l’appellerait l’inconnu. » Et j’écris, j’écris, j’écris, je n’arrête plus d’écrire, mes pâtes au pistou refroidissent. Je veux rentrer à Paris. Je veux m’enfermer dans mon bureau. Je ne veux plus parler, plus téléphoner, je veux me concentrer, j’ai besoin de rester seule avec mes personnages, Madeleine, Victor et l’inconnu. Je réserve un billet de train pour le lendemain matin. J’appelle le gardien du château de La Mole où je travaille depuis juillet 2016 pour Patrice de Colmont et où j'habite lorsque je suis dans le Sud, pour le prévenir qu’il doit m’accompagner à l’aube à la gare. Je lève les yeux. La mer est magnifique. Le ciel est sublime. Toute cette beauté m’appelle. Mais je ne la vois déjà plus. Je ne vois plus que mes mots et ma nécessité d’écrire, de rédiger cette histoire d’amour entre mes personnages qui s’aiment et qui souffrent de trop s’aimer, Victor, de jalousie, et Madeleine, d’incompréhension. Un peu plus loin, un ami déjeune avec ses enfants. En partant, j’apprends qu’il a réglé mon addition. C’est élégant. C’est important d’avoir des amis élégants. L’élégance a le pouvoir de cacher la tristesse, le malheur, la peine, le chagrin, la lâcheté aussi.
 
Pendant cinq semaines, je n’ai fait que ça, écrire, écrire, écrire. Puis la lumière du Sud m’a de nouveau attirée. Et j’ai laissé mes mots, je les ai abandonnés, ce que je n’avais jamais fait auparavant. Je ne les ai retrouvés que le 6 mars 2019 lorsque je suis rentrée précipitamment à Paris mais, cette-fois, pour ne plus les quitter jusqu’à la fin de mon roman. Il n’y a que mon mari qui peut accepter de vivre avec moi, qui peut comprendre que l’écriture happe tout, le temps, les bons moments, les plaisirs, les repas, les amis, les amours, l’écriture happe tout, il n’y a plus que ça qui compte. Personne ne peut accepter de vivre avec un écrivain.
 
Mais je n’étais pas heureuse. Je n’étais pas contente de mon roman. Je n’étais pas satisfaite de la fin. J’avais une colère en moi. Ce n’est pas bon d’écrire sous le coup de la colère. J’avais fait mourir Victor d’un accident de voiture. C’est faible de se débarrasser d’un personnage en le faisant mourir. C’est facile. Alors j’ai laissé mon roman pendant un an et demi. Il me fallait tout ce temps pour nettoyer ma colère et la déception qui polluaient ma pensée. C’est seulement en novembre 2020 que j’ai repris mon roman, j’ai commencé par retirer cent-trente pages inutiles, des pages de colère et de déception, complètement inutiles. Je n’ai laissé que l’amour et la douceur, et l’humour aussi, oui, beaucoup d’humour et beaucoup d’amour, et pendant deux mois je l’ai totalement réécrit.
 
Et maintenant je suis contente de mon roman, c’est certainement mon meilleur livre.


Sylvie Bourgeois
 

 

 

Partager cet article
Repost0
/ / /
Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Paul Watson - Château de La Mole

Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Paul Watson - Château de La Mole

Depuis que j'ai créé la chaîne YouTube Marcelline l'aubergine pour parler de la nature (j'abhorre le mot écologie qui est devenu un dogme pour faire peur aux citoyens et les assaillir de taxes abusives puisque aucune mesure véritable pour réduire la pollution industrielle au niveau mondial n'a été réellement prise), j'ai appris que l'homme a besoin du ver de terre pour vivre mais que le ver de terre n'a pas besoin de l'homme, que le requin est moins meurtrier que le moustique qui, dans les années 90, tuait une personne toutes les trente secondes, qu'un végétalien qui roule en voiture pollue moins qu'un carnivore qui circule à vélo, que les cochons mangent plus de poissons que les requins car 40% des poissons pêchés servent à nourrir les animaux d'élevage, que 80 millions de requins sont tués chaque année, qu'une baleine défèque trois tonnes de déchets par jour, lesquels déchets nourrissent le plancton, que 300000 baleines ayant été décimées au vingtième siècle, 50% du plancton a disparu, qu'il faut entre 550 à 700 litres d'eau pour produire un kilo de viande de boeuf, 1277 litres d'eau pour produire un kilo de blé, 287 litres pour un kilo de pommes de terre contre 574 litres pour un kilo de pommes de terre congelées, qu'une chasse d'eau consomme 12 litres, une douche 60 litres, qu'il faut 4900 litres par jour pour habiller, nourrir, se faire déplacer un Français, alors qu'à son domicile celui-ci ne dépense que 4% d'eau douce de la planète contre 90% qui ont utilisées pour l'agriculture et l'industrie, que la fabrication d'une voiture nécessite 400000 litres d'eau, d'une micro-puce 32 litres et d'un ordinateur 20.000 litres, que les semences OGM sont un crime contre l'humanité, que 75% du patrimoine mondial des semences anciennes et reproductibles avaient disparu, que le chat est le seul animal domestique qui peut revenir à la vie sauvage, qu'une ville doit avoir un rat par habitant pour rester saine dans son rapport gaspillage-nettoyage, que le rat s'autorégule en fonction de l'alimentation qui est à sa portée, si la nourriture se faire rare, la femelle va se refuser au mâle afin qu'il ne puisse pas la féconder, en revanche, s'ils vivent dans l'abondance, ils vont se développer en masse, que les arbres communiquent entre eux au moyen d'odeurs et de signaux électriques, que leur réseau racinaire leur permet d'échanger des informations sur les nuisibles, qu'ils peuvent ainsi mettre en place des stratégies de défense collective contre des insectes agresseurs ou une sécheresse, que les chimpanzés du Gabon utilisent cinq types de bâton ayant chacun sa fonction d'outil pour attaquer les ruches et s'emparer du miel, un pilon, un élargisseur, un perforateur, un collecteur et une cuillère, qu'ils savent anticiper et planifier les différentes étapes d'attaque, que le chevreuil peut sauter 1m50 à l'arrêt sans prendre d'élan, que les chauves-souris mangent jusqu'à 3000 moustiques par nuit, et qu'une abeille produit un gramme de miel dans toute sa vie.

Sylvie Bourgeois

Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Pierre Rabhi - Lablachère. Ardèche

Patrice de Colmont - Sylvie Bourgeois Harel - Pierre Rabhi - Lablachère. Ardèche

Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Paul Watson - Yana Watson - Le Club 55

Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Paul Watson - Yana Watson - Le Club 55

Paul Watson - Yana Watson - Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Le Club 55

Paul Watson - Yana Watson - Sylvie Bourgeois Harel - Patrice de Colmont - Le Club 55

Partager cet article
Repost0
/ / /
Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine - Le Club 55

Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine - Le Club 55

Sylvie Bourgeois Harel et Marcelline l'aubergine dans Pharmavie - Interview par France Subervie

Sylvie Bourgeois Harel et Marcelline l'aubergine dans Pharmavie - Interview par France Subervie

Sylvie Bourgeois Harel et Marcelline l'aubergine dans Pharmavie - Interview par France Subervie

Sylvie Bourgeois Harel et Marcelline l'aubergine dans Pharmavie - Interview par France Subervie

Un article de France Subervie pour Pharmavie, mars 2019, mensuel destiné aux pharmacies.

Sylvie Bourgeois Harel et Marcelline l'aubergine dans Pharmavie - Interview par France Subervie

Sylvie Bourgeois Harel et Marcelline l'aubergine dans Pharmavie - Interview par France Subervie

Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine - Pastis - La Ferme des Bouis - Ramatuelle

Sylvie Bourgeois Harel - Marcelline l'aubergine - Pastis - La Ferme des Bouis - Ramatuelle

Marcelline l'aubergine et Sylvie Bourgeois Harel au château de La Mole - Var

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Sylvie Bourgeois fait son blog
  • : Sylvie Bourgeois Harel, écrivain, novelliste, scénariste, romancière Extrait de mes romans, nouvelles, articles sur la nature, la mer, mes amis, mes coups de cœur
  • Contact

Profil

  • Sylvie Bourgeois Harel
  • écrivain, scénariste, novelliste
  • écrivain, scénariste, novelliste

Texte Libre

Recherche

Archives

Pages

Liens