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Entre ambiguïtés et contradictions, pourquoi j'écris ?

 

Ma nouvelle Prologue sera dans mon prochain recueil de nouvelles à paraître début avril 2024.

 

Sylvie Bourgeois Harel - Plage de Pampelonne - Ramatuelle

Sylvie Bourgeois Harel - Plage de Pampelonne - Ramatuelle

Sylvie Bourgeois Harel - Plage de Pampelonne - Ramatuelle

Sylvie Bourgeois Harel - Plage de Pampelonne - Ramatuelle

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Un nouveau prix littéraire vient d’être créé afin de récompenser la meilleure biographie de l’année, le Prix Pampelonne Ramatuelle, qui a été attribué, sous l’impulsion de son président du jury David Foenkinos, à Tonino Benacquista pour son roman Porca miseria, paru chez Gallimard.

 

Une séance de dédicaces est prévue ce samedi 11 juin, de 15h à 18h, au chai du domaine viticole Fondugues Pradugues, chez Laurent Nouvion et Stephen Roberts qui cultivent leurs vignes en biodynamie. Seront également présents les auteurs Yseult Williams pour On l’appelait Maïco, Cécile Maistre Chabrol pour Torremolinos et Alyssa Wenz pour L’homme sans fil.

 

Au cours de l’après-midi, l’humoriste comédien Stéphane de Groodt, l’acteur metteur en scène de théâtre Nicolas Briançon et le journaliste Alexis Trégarot liront des extraits des livres sélectionnés.

 

Je m’amuse à croire que le fantôme de Guy de Maupassant n’est pas étranger au fait que de nombreux prix littéraires ont fleuri cette année dans le Golfe. La valse des récompenses a commencé le 21 mai avec le Prix Hôtel La Ponche décerné à Nathalie Azoulai pour son roman La fille parfaite paru chez POL. Le 27 août aura lieu le Prix de la Méduse, créé par l’entrepreneur de mode David Frèche (boutiques Loft), tandis que le Prix de l’Hôtel de Paris clôturera la saison en octobre.

 

Je m’amuse également de mes quelques similitudes avec Maupassant, comme lui, j’écris dans mes romans « youyou » lorsque je parle des petites embarcations légères qui font la navette entre les bateaux et le rivage, je trouve ce mot mignon comme pompette, ils relativisent et sont poétiques, comme lui, avant que je ne devienne écrivain, j’ai régulièrement séjourné à l’hôtel Sube situé sur le port face à la statue du Bailli de Suffren, l’ancien propriétaire me donnait sa chambre (celle de Maupassant, pas la sienne), comme lui, je suis arrivée pour la première fois en voilier à Saint-Tropez, Guy, c’était le 12 avril 1988 sur son voilier bel-Ami, moi, j’avais 14 ans, c’était sur le voilier de mes parents, l’Achille, le prénom de mon grand-père Bourgeois qui n’a jamais vu la mer. J’avais été émerveillée par la beauté des lieux. Et très en colère que mon frère aîné, qui faisait office de capitaine et de skipper, m’ordonne de laver les voiles sur le pont pendant qu’il était parti prendre l’apéritif chez Sénéquier, argumentant que pour devenir une bonne équipière, il fallait savoir tout faire.

 

C’est d’ailleurs l’anecdote qu’a retenue le Musée du cinéma et de la Gendarmerie de Saint-Tropez pour rédiger le paragraphe à mon sujet, en tant que scénariste, dans leur livre relatant l’histoire du cinéma de la célèbre presqu’île, lorsque j’ai co-écrit le film Les Randonneurs à Saint-Tropez avec feu Éric Assous et mon mari Philippe Harel qui l’a réalisé.

 

Étant toujours sous le choc amoureux de ma première rencontre avec ce joli village, j’ai poursuivi ma collection de Sophie démarrée chez Flammarion avec Sophie à Cannes et Sophie au Flore, en écrivant Sophie à Saint-Tropez, une fable écologique dans laquelle mon héroïne qui se meurt d’un chagrin d’amour aide un drôle d’architecte ruiné et alcoolique, mais terriblement doué, à remonter la pente. En le sauvant, elle retrouve le goût de vivre.

 

Et pour rester sur le thème de l’alcoolisme et de l’amour, je terminerai par ma phrase préférée de mon cher Charles Bukowski, grand alcoolique et grand écrivain (je devrais peut-être me mettre à boire ?), qui résume si bien nos choix, nos peurs, nos croyances : Le problème est que nous cherchons quelqu'un pour vieillir ensemble, alors que le secret est de trouver quelqu'un avec qui rester enfant.

 

Prix Pampelonne Ramatuelle attribué à l'écrivain Tonino Benacquista
Prix Pampelonne Ramatuelle attribué à l'écrivain Tonino Benacquista
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Ma nouvelle Paul, écrite sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle, fait partie de mon prochain recueil à paraître début avril 2024.

 

 

 
Sylvie Bourgeois Harel. Avec Pompon et Hussard. Château de La Mole. VAr

Sylvie Bourgeois Harel. Avec Pompon et Hussard. Château de La Mole. VAr

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Quand j’avais 1 an, ma maman pour plaire aux parents de mon papa, elle a fait couper mon zizi. C’est ma mamie maternelle qui me l’a dit. C’était ça ou ils ne leur donnaient plus d’argent pour leurs études. Mon papa et ma maman étaient à la faculté quand je suis né, mon prépuce a payé leur scolarité. Quand ma mamie a appris que le rabbin m’avait coupé le zizi, ni une ni deux, elle m’a fait baptiser par le curé d’autant plus que le petit Jésus, c’est son meilleur ami, avec je crois Michel Drucker qu’elle ne rate jamais de regarder à la télévision. Elle m’a amené en cachette à l’église parce qu’il paraît qu’entre les Juifs et les Chrétiens, c’est parfois très compliqué. Ma maman a essayé plein de fois de me l’expliquer, mais je n’ai toujours pas compris. Pour moi, il y a l’amour et la haine, les copains et les cons, les bonnes notes et les punitions. Mais pour les chrétiens, il y a le messie qui est venu les sauver, tandis que les juifs, ils l’attendent toujours. Les sauver de quoi ? Ma foi, je ne sais pas, mais je sais que ça fiche la confusion parce que Noël, on ne le fête pas pareil.

 

Pourtant quand je suis né, il paraît que ma maman, elle a tenu tête à mon papa en lui disant qu’il fallait qu’il laisse mon zizi tranquille et que je prendrai tout seul la décision de ma religion quand je serai suffisamment grand. Mais à cause de son manque d’argent, elle a fini par accepter de me faire couper. Faut dire, qu’elle était très jeune pour prendre la responsabilité d’un bébé né hors de toute religiosité.

 

Ma mamie m’a dit qu’après je n’avais pas arrêté de saigner et pendant même plusieurs jours. Le rabbin, je ne sais pas ce qu’il m’a fait, mais, il me l’a mal fait car j’ai 10 ans et je n’ai toujours pas de zizi. Enfin, si j’ai un zizi, mais un tout petit. À la plage, mon maillot de bain, il ne fait pas de bosse. Alors que celui de mon copain David, oui. Pourtant David a le même âge que moi, mais il a de la chance d'être juif en entier tandis que moi je ne le suis qu’à moitié. C’est comme pour mon zizi, je n’en ai qu’une moitié. Je serai peut-être toute ma vie partagé. David, lui son bout de peau, c’était clair et net qu’il fallait le lui couper. Schlak ! Moi, on a hésité et maintenant, je suis tout plat comme une fille. 

 

Les filles, je m’y intéresse. Évidemment. Brigitte, elle voulait toujours que je l’embrasse. Alors on l’a fait une fois, à la plage. Quand je me suis frotté contre elle, elle a ri en me disant qu’avec David, elle sentait son gros machin et qu’avec moi, c’était comme du gazon. Ou un truc comme ça. Ça m’a drôlement vexé et je suis allé pleurer vers ma mamie. C’est là qu’elle m’a raconté le rabbin qui m’a trop coupé. Avec leur religion, mon pauvre petit, ils t’ont bien esquinté, qu’elle n’arrêtait pas de répéter ma mamie adorée. J’étais bien embêté d’autant plus que mon papa a divorcé de ma maman quand j’avais 5 ans et que je ne vois plus jamais mes grands-parents du côté du rabbin. Je trouve que c’est un beau gâchis de zizi car mes cousins chrétiens, eux et bien, ils n’ont pas rien dans leur caleçon de bain. Leurs bosses de garçons, elles se voient bien. Ils veulent toujours qu’on fasse la compétition de celui qui pissera le plus loin, mais moi, j’ai trop honte de ne pas avoir la même religion qu’eux, alors j’ai dit à ma maman que je ne voulais plus jamais les voir. Elle n’a pas compris et elle m’a grondé d’être si méchant. Je ne suis pas méchant, je souffre tellement de ne pas être pareil que les autres petits garçons que je n'aime plus personne.

 

Il y a un mois, j’ai glissé ma main dans la culotte de mon petit frère. Il a deux ans de moins que moi et sa zézette, elle est déjà plus grande que la mienne. Je lui ai dit qu’entre frères, nos quéquettes avaient bien le droit de jouer ensemble, et que comme la mienne était cassée à cause de la religion de papa qui n’était pas la même que celle de maman, il fallait qu’il m’aide à la réparer. Mais que ça devait rester notre secret.

 

Alors avec tout le sérieux des enfants, il a pris ma bistouquette et l’a touché pour voir si je n’avais pas un bouton ou une infection. Il a continué de l’ausculter bien sagement en se concentrant. L’entendre respirer très fort avec la bouche ouverte, c’est con, mais ça m’a foutu des frissons partout dans le dos. Des frissons où je sentais le plaisir caresser aussi le derrière de ma tête. Quand c’est devenu trop chaud, j’ai fermé les yeux et je lui ai demandé de frotter très fort mon zizi dans sa main. Il a fait ça tellement bien que je me suis mis à rêver que j’avais plein de petits frères qui criaient partout mon nom sur la plage. Quand le liquide est sorti, mon petit frère a été surpris et moi, j’ai été ébloui. Je lui ai dit merci docteur de m’avoir si bien soigné et que s’il savait se taire, on allait pouvoir bien se marrer tous les deux.

 

Depuis je ne pense plus qu’à ça et chaque jour, je trouve un moment où je lui demande de faire le médecin pour me sauver. Mon messie, c’est lui. Mon petit frère, il vaut toutes les Brigitte de la terre.

 

Maintenant quand je vais à la plage, je ne suis plus jamais triste d’avoir un petit zizi. Si jamais une fille, elle veut m’embrasser, et bien, pour me venger de mon infirmité, je la pousse dans le sable en lui disant qu’elle est trop moche pour moi. Et que même si on jouait au docteur, je n’en voudrais pas comme infirmière. Et quand elle se met à pleurer, je lui dis que c’est bien fait. Oui, c’est bien fait, je lui dis. Et je ris. Plus jamais une fille n’aura le droit de toucher à mon zizi. Voilà. J’aimerais tellement les enfants que je n’en aurais jamais. Voilà mon secret.

Sylvie Bourgeois Harel - Brèves enfances - Recueil de nouvelles - éditions au Diable Vauvert

Sylvie Bourgeois Harel - Brèves enfances - Recueil de nouvelles - éditions au Diable Vauvert

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(...) C’est le début de l’automne, le mardi 4 octobre exactement. Madeleine a 19 ans. Elle est en deuxième année aux Beaux-Arts de Nice. Ses professeurs croient en cette jeune fille silencieuse et excessive. Il est 15 heures. Tandis qu’elle jette des éclats de peinture violette sur du papier pour dessiner des bougainvilliers, son professeur l’interrompt, on la demande au téléphone. Au bout du fil, leur voisine, la mère d’Emma, lui explique qu’elle doit rentrer au plus vite, sa mère a fait une tentative de suicide en avalant des médicaments. Elle est à l’hôpital entre la vie et la mort. Madeleine se précipite à la gare où une grève surprise l’empêche de prendre un train pour Menton. Sans réfléchir, elle descend l’avenue Jean-Médecin, s’arrête à un feu rouge et fait du stop. Elle est vêtue d’un pull angora blanc que sa mère lui a tricoté, d’une jupe qu’elle s’est cousue en cuir vieilli marron, de collants opaques, et d’une paire de boots plates façon santiags mais pas trop pointues.

 

Une Rolls s’arrête. Avec la proximité de Monaco, ce genre de berline est courant. Madeleine ne se méfie pas. Le conducteur d’une quarantaine d’années se dit italien. Il parle beaucoup. Vite. Avec un accent prononcé qui n’est pas forcément italien. Il pose des tas de questions à Madeleine. S’intéresse à ses études. Lui aussi, il aime le dessin. Mais il n’est pas doué. Il prend la direction de la Grande Corniche afin d’éviter les embouteillages habituels parait-il, à cet endroit. Soudain, il prétexte un raccourci et bifurque sur un chemin étroit qui mène à une forêt. Il roule vite. La route principale s’éloigne. Le destin de Madeleine bascule. Elle a compris. Mais c’est trop tard. L’homme condamne les portes de la voiture et s’enfonce dans un sous-bois. Il ne parle plus. Il se tait. Il est concentré. Le cœur de Madeleine crie au secours, à l’aide. Mais personne ne l’entend. Il résonne dans le vide. Elle pense à sa mère qui a désiré mourir. Elle cherche comment fuir de cette carcasse qui sent déjà le drame. Mais il n’y a pas d’issue. Elle serre les jambes. Elle se dit qu’elle doit lui parler.

 

— Vous faites quoi ?

— On va faire une petite promenade, toi et moi.

— Non, non, je n’ai pas le temps, ma mère est à l’hôpital, je devrais déjà être auprès d’elle s’il n’y avait pas eu cette grève des trains.

— Pense plutôt à toi, ma jolie, profite, tu es belle.

 

L’homme se gare sous un arbre, loin des maisons et des regards. Il éteint son moteur et se jette sur Madeleine en lui maintenant le menton d’une main et les poignets de l’autre. Elle est prise au piège. Elle revoit la cave de son enfance. C’est la même odeur. La même odeur de peur. La même odeur de prédateur. La même odeur de souffle haletant. Madeleine ne respire plus. Sa colonne vertébrale se glace. Ses épaules se momifient. Son ventre se bloque. Le temps s’arrête. Sa jeunesse aussi. Elle ne sera donc jamais heureuse. La mort, peut-être ? Son intimité hurle. Elle cherche des yeux un objet pour se défendre. Rien. Elle ne peut pas arracher le volant. Elle n’a que ses boots plates avec le bout pas très pointu pour ne pas faire trop santiag. Et dans sa besace kaki d’étudiante, des pinceaux et des tableaux. Des couleurs et de la douceur. Rien pour parer à l’horreur. L’homme lui serre le cou pour la maîtriser et l’empêcher de respirer, puis d’un geste rapide descend le siège passager et s’écrase sur elle en lui dévorant les lèvres. Il lui marmonne qu’elle est belle et qu’il va lui acheter des beaux habits si elle est gentille et se laisse faire. Madeleine lui répond d’une voix étouffée qu’elle n’en veut pas, qu’elle se les coud elle-même, qu’elle déteste les boutiques. Elle essaye de se dégager pour lutter et se battre. Mais plus elle bouge, plus l’homme frotte son sexe durci contre elle. Et cette impossibilité de crier. Cette impossibilité de hurler, d’appeler au secours. Cette certitude que c’est foutu. Qu’il n’y a pas d’issue. Se dire que la souffrance est un éternel recommencement. Que tout va recommencer. Qu’elle a déjà connu cette sensation. D’être asphyxiée. Dépossédée. Annihilée. Que la vie est un poids. Un fardeau.

 

En un fracas, le conducteur sort de sa poche un couteau. Un cran d’arrêt. Shlack ! La lame qui menace. La lame sous la gorge. La lame contre laquelle il est impossible de lutter. La lame qui lui dicte sa destinée. Il n’est plus question de bouger, ni de gigoter, ni de se débattre. Il n’est plus question de rien. Elle n’est qu’une fille sans importance. Il est inutile d’offrir à cet homme mes larmes, se dit Madeleine en pensant à sa mère, elle aussi, entre la vie et la mort.

 

Les deux bras maintenus et rejetés en couronne au-dessus de sa tête, Madeleine est un sacrifice dédié à une divinité qui n’existera jamais. L’homme lui relève sa jupe en cuir vieilli marron et, avec la lame, déchire son collant opaque et sa culotte en coton. Et entre en elle. Madeleine s’anesthésie pour s’extraire de la douleur. De nouveau. Pour disparaître de son corps. Pour s’envoler. Ma souffrance n’expiera aucun péché, se répète-t-elle. Ma douleur ne servira aucune cause, excepté celle de servir d’obole à un individu sans vertu. Encore. Encore et toujours, je resterai cette petite fille sans importance.

 

Elle pense à monsieur Montmort. Elle regrette de ne pas lui avoir tout dit. Elle aurait dû insister. Et écrire sur son journal intime. Au lieu de cela, elle s’était fermée. Enfermée. S’était fermée au plaisir. Au sourire. À la joie. À l’insouciance. À l’adolescence. Plutôt que d’accepter de mourir, elle aurait dû écrire. L’écrire. Le décrire. Sans peur. Ni terreur. Ni effroi. Il lui avait promis qu’en se taisant, elle achèterait sa protection. Elle n’avait fait que stagner, pétrifiée dans le lit du désarroi, ouverte à ceux qui voulaient en profiter.

 

Madeleine est à présent recroquevillée dans l’herbe humide. Ses carnets de dessin, jetés à ses côtés. Sa besace kaki d’étudiante, renversée. Elle regarde ses crayons et ses pinceaux. Toute cette douceur souillée. Toutes ces peintures humiliées. Toutes ces couleurs bafouées. L’homme l’a poussée hors de la voiture en lui assénant qu’elle était trop conne, si elle avait été plus gentille, il lui aurait offert un beau tailleur.

 

Après avoir jeté en boule son collant déchiré et sa culotte ensanglantée au fond de sa besace, Madeleine marche jusqu’à une route pour prendre un bus. Son pull angora blanc transpire les effluves de sueur de son agresseur. Lorsqu’elle arrive chez elle, il fait nuit. Son père est absent. Elle téléphone à la voisine. (...)

(extrait)

Tous les prénoms ont été changés. Roman de Sylvie Bourgeois Harel
Tous les prénoms ont été changés. Roman de Sylvie Bourgeois Harel
Tous les prénoms ont été changés. Roman de Sylvie Bourgeois Harel
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Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Ramatuelle - Plage de Pampelonne

Sylvie Bourgeois Harel - Club 55 - Ramatuelle - Plage de Pampelonne

Lettres à un monsieur

Roman - Editions Blanche - 2003 - Sylvie Bourgeois

lettres-monsieur.jpg

EXTRAIT :

Je suis voluptueusement abandonnée sur mon lit à faire l’amour avec mes mots qui sont les seuls amis à qui je peux confier mon intimité. Enfermée sur ces pages de papier pour t’exprimer mes rêves de sexualité, mon esprit imprégné de ta sensualité voudrait lécher les verbes tels que sucer, pénétrer, haleter, savourer, cambrer, écarter, soupirer, mouiller, succomber.

Mon sexe s’ouvre pour y faire entrer des mots tels que ravissement, émotion, enchantement, chaleur, emballement, gaieté, abandon détermination, révélation.

Mon émoi à ton égard cherche dans mes pensées les mots pour te fantasmer et ne pas risquer d’être frustrée par ta manière de me désirer. C’est une autre façon de te faire l’amour.

Je t’ai rêvé me pénétrer. Tu étais dans mon cerveau excité et passionné à le caresser. Cette extraordinaire et rare sollicitation me provoquait une inconnue et douce sensation de plénitude. Glissant dans cette masse nerveuse qui, sur ton passage, s’embellissait, se dynamisait, se réveillait, tu voulais tout sentir, tout toucher, tout connaître de ce monde inconnu qui s’offrait à toi avec une volupté confondante.

Ta curiosité a réussi à ouvrir certaines portes que je croyais avoir fermées à jamais d’où se sont délicieusement échappés les mots sérénité, calme, assurance, quiétude, paix, félicité.

Excité par mes gémissements de plaisir qui résonnaient telle une symphonie, tu as joui dans ma tête, arrosant avec délectation ce noyau fertile qui t’attendait pour se développer, se dévoiler et se révéler.

Puis tu es redevenu homme, homme sur moi, épuisé par cette victoire non conventionnelle. Mes seins se sont alors extraordinairement gonflés pour mieux t’accueillir, t’honorer, te soulager.

Léger comme une plume, mon corps s’enivrait de toi pour que chaque grain de ma peau te soit le plus délicieux des massages.

Assis sur ton visage, mon sexe s’est pressé fortement à ta bouche afin de filtrer pour toi l’air que tu respires.

Je t’ai sucé avec tendresse, délicatesse, exigence, concentration, douceur, protection. Chaque recoin de ta verge était sollicité. Ma salive qui bavait tant et si bien, a formé une vague géante de plaisir et a noyé ton sexe dans un tourbillon d’ivresse. Tes genoux fléchissaient. Ton corps tremblait. Ta bouche me réclamait. Je te suçais avec une fougue nouvelle, témoin de mon tempérament révélé.

Ma passion à te désirer a pénétré ton sexe et les mots sur lesquels je me suis masturbée pour les préparer à être le sensuel reflet de mes pensées sont entrés dans ton esprit créant de fabuleux frissons jusqu’alors inconnus.

Ces mots tels que confiance, sentiment, sincérité, amour, intuition, allégresse lui ont insufflé de vivre heureux. Une boule de feu d’une énergie incommensurable a envahi ta tête et a brûlé à jamais tes insatisfactions, tes frustrations, tes craintes. La puissance de ce plaisir rêvant de te faire crier de bonheur a anéanti tous les usurpateurs qui t’enferment.

Ces jouissances nouvelles, fulgurantes, libératrices prennent leur source dans un espace merveilleux qui s’appelle liberté, douceur, désir, plaisir, respect, vérité.

 

Sylvie Bourgeois - Philippe Harel - Prix Marie-Claire - Hôtel Montalembert

Sylvie Bourgeois - Philippe Harel - Prix Marie-Claire - Hôtel Montalembert

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  • : Sylvie Bourgeois fait son blog
  • : Sylvie Bourgeois Harel, écrivain, novelliste, scénariste, romancière Extrait de mes romans, nouvelles, articles sur la nature, la mer, mes amis, mes coups de cœur
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